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André Parizeau Interrogés récemment sur les ondes de la radio de Radio-Canada, pour donner son avis par rapport à l'avenir de la nouvelle formation politique Québec solidaire, André Pratte du journal La Presse ne croit pas à la possibilité que celle-ci puisse éventuellement percer sur la scène politique. C'est son point de vue. Pour André Pratte, les Québécois et les Québécoises seraient en effet beaucoup trop frileux face au programme "trop radical" de Québec solidaire pour que celui-ci puisse un jour émerger comme alternative sérieuse. Qu'un représentant de La Presse pense de la sorte n'est pas, à proprement parler, surprenant. La ligne officielle du journal La Presse étant elle-même très associée au parti libéral, le contraire aurait plutôt étonnant. Faudrait-il cependant rappeler à monsieur Pratte que c'est nulle autre que la revue L'Actualité qui reconnaissait récemment que près d'un tiers des Québécois et des Québécois n'avaient plus confiance dans le capitalisme ? Serait-ce que monsieur Pratte considèrerait le fait que 32%, c'est négligeable ? André Pratte croit que la revendication de Québec solidaire en faveur de la création d'une société d'État, Pharma Québec, pour investir dans le domaine de la recherche, de la production et la commercialisation de médicaments, de manière à contrer le monopole des grandes industries pharmaceutiques, est un exemple patent du caractère "frivole" des engagements électoraux de cette formation. Celui-ci peut bien dire ce qu'il veut, pour en bout de piste, se porter à la défense de ces grandes multinationales, mais la réalité est quelque peu différente de ce qu'il prétend. Si des pays comme l'Afrique du Sud, ainsi que plusieurs autres pays du tiers monde, ont pu jusqu'ici faire ce qu'André Pratte prétend être "irréaliste", alors pourquoi ne pourrait-on pas le faire nous-même ici, au Québec ? Et pourquoi, serait-il si frivole, de la part d'une formation politique comme Québec solidaire d'inclure une telle revendication dans ses engagements électoraux ? En agissant comme le propose Québec solidaire, on pourrait réduire la facture imposée par ces grandes multinationales au niveau des coûts des médicaments et on pourrait en même temps réutiliser les sommes ainsi économisées pour assurer un meilleur accès aux soins de notre service public de santé. Cela n'aiderait évidemment pas ceux qui, en sourdine, aimeraient bien accentuer la privatisation de tout ce secteur. Peut-être est-ce finalement ce qui fatigue le plus André Pratte par rapport à cette idée de mettre sur pied une nouvelle société d'État dans le domaine des médicaments ? ... Certes les sondages actuels laissent entendre que Québec solidaire aurait perdu certains appuis au cours des derniers mois, par rapport à ce que d'autres sondages affichaient au moment de la création de Québec solidaire, au début de 2006. Ces mêmes sondages démontrent en même temps qu'il existe toujours un grand nombre d'indécis et de gens qui se disent déçus de la politique, telle que pratiquée par tous les autres grands partis, représentés à l'Assemblée nationale. Bien des choses peuvent encore changer. Les sondages sont toujours sujets à toutes sortes d'interprétations et on devrait donc toujours fait attention à ce qu'ils veulent dire ou .. ne pas dire. Il est en même temps évident que les limites imposées par le système électoral actuel, lequel exclut toute forme de proportionnelle, ne favorisent pas un plus petit parti comme Québec solidaire. Quoique monsieur Pratte puisse dire et prétendre, Québec solidaire a au moins le mérite de chercher à sortir des sentiers battus de la politique traditionnelle et du discours de droite, tout en mettant l'accent sur les intérêts du monde ordinaire. Cela justifie en soi qu'on y accorde tout notre appui. 20 décembre 2006 La Voix du Peuple - Mis à jour : le 1er janvier 2007. |