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Source : le journal L'Humanité L’essai chinois d’une arme antisatellite est une réponse à la nouvelle doctrine de militarisation de l’espace de Bush adoptée l’été dernier. L’essai par la Chine d’une arme antisatellite annoncé vendredi par Washington, mais que Pékin n’a pas confirmé (ni démenti), fait ressurgir le spectre de « la guerre des étoiles » et ravive les craintes d’une nouvelle course aux armements dont Washington cet été avait discrètement franchi une étape. En décidant la destruction d’un de ses vieux satellites par un de ses missiles, Pékin envoie un message net à la puissance américaine. C’est « une conséquence assez prévisible des activités dans l’espace des États-Unis » depuis vingt ans, estime ainsi Siemon Wezeman, spécialiste néerlandais en armements au SIPRI (Institut international de recherche sur la paix) de Stockholm. La Chine connaît en effet depuis longtemps l’existence de nombreux satellites américains d’espionnage électronique, de surveillance radar, d’observation infrarouge qui la survolent en permanence. Ce missile balistique de moyenne portée percutant un satellite à 800 km signifierait que les Chinois disposent désormais de moyens capables de neutraliser les satellites espions mais aussi les systèmes antimissiles commandés à partir de l’espace que les Américains ont l’intention de déployer en Asie. C’est aussi une réponse à la nouvelle politique spatiale adoptée en août dernier par le président Bush. « La liberté d’action dans l’espace est aussi importante pour les États-Unis que la puissance aérienne et maritime », réaffirmait la directive approuvée par Bush et par laquelle Washington « rejette toute limitation de son droit fondamental à opérer dans l’espace ». Hors de question, donc, d’accepter d’éventuels traités de contrôle des armements qui auraient vocation à s’appliquer en orbite malgré les incitations chinoises et russes. Offrant la protection de ses capacités spatiales à ses « amis et alliés », Washington se réserve le droit d’expulser de l’espace, manu militari si nécessaire, ses « adversaires ». La guerre des étoiles n’est plus une utopie : « Le secrétariat à la Défense devra développer ses capacités pour assurer la liberté d’action dans l’espace et, si besoin, refuser cette liberté à ses adversaires », proclame encore la directive. En ligne de mire de cette stratégie : la Chine. Une menace que Donald Rumsfeld avait auparavant évoquée, appelant à mieux protéger les intérêts américains pour éviter un possible « Pearl Harbour de l’espace ». Forts de leur suprématie, les États-Unis ont jusque-là refusé de conclure un véritable traité international de démilitarisation de l’espace. Le tir chinois fera-t-il revenir la Maison-Blanche sur sa décision, comme le laissent entendre un certain nombre d’experts ? En décembre dernier, l’état-major chinois soulignait dans un livre blanc qu’il entendait se donner les moyens de protéger la souveraineté de la République populaire et « aussi sa sécurité dans l’espace ». Des moyens qui nécessitent des investissements énormes et seraient de nature à piéger la Chine dans une nouvelle course aux armements, comme ce fut le cas pour l’URSS. Sans qu’à aucun moment la sécurité collective de la planète y trouve son compte.
La Voix du Peuple - Mis à jour : le 24 janvier 2007. |