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Irak : la bataille de Bagdad

Source : La République

L’annonce faite la semaine dernière de l’envoi de troupes supplémentaires en Irak par le président Bush va augmenter encore plus la violence dans ce pays. Selon un rapport des Nations unies, plus de 34 000 civils ont été tués en 2006. La journée de mardi a tristement illustré le décompte macabre de l’ONU, où pas moins de 100 personnes ont été tuées et des centaines blessés devant une université de la capitale irakienne, Bagdad.

Que veut encore prouver le président Bush face à l’accroissement de la violence en Irak, face à son opinion publique réticente, face à l’hostilité de la majorité démocrate au Congrès et contre l’avis des principaux chefs militaires ? Que les erreurs commises en Irak (et ailleurs) — ses propres erreurs — sont réparables avec un renfort de 21 500 soldats ?

Le président américain est aux abois. La boîte de Pandore imprudemment ouverte en avril 2003 déverse ses calamités dans tout le Moyen-Orient. Rien que la perspective d’un «califat chiite» en Irak sous tutelle de l’Iran fait souffler un vent de panique dans les monarchies sunnites du Golfe. Toute la péninsule arabique risque la déstabilisation avec ses conséquences incalculables pour l’économie mondiale, notamment pour le pétrole...

En réalité, aujourd’hui, le seul souci de George W. Bush, moins pour lui que pour le Parti républicain... et les intérêts pétroliers. Le retrait progressif des troupes américaines, retrait prôné par la commission Baker-Hamilton et par les Démocrates, viendra certainement en son temps. Mais pas avant une dernière démonstration de force, autant destinée à rassurer les alliés arabes qu’à dresser des limites à Téhéran. Ce sera la bataille de Bagdad ou plutôt la «grande» bataille de Bagdad, ville de cinq millions d’habitants terrorisés où sévissent les escadrons de la mort sunnites et chiites, où l’armée irakienne ne sait à quelle milice confessionnelle obéir, où le gouvernement du «traître» Nouri-al-Malik s’incline très bas devant les ayatollahs, où la corruption fait la loi… Ce Premier ministre aux ordres du clan Bush mais aussi des Irakiens, qui a donné jusqu’ici tous les signes d’être lui-même partie prenante de cette guerre entre milices. Il ne propose aucun objectif clair. Il ne résout rien. Quant au plan de George Bush, il vise à accroître la présence américaine afin de pacifier Bagdad, mais il s’appuie dans le même temps sur un gouvernement irakien dont tout le monde se méfie…C’est dans la capitale surtout que seront déployés les «Marines» envoyés en renfort.

Et peut-être la phase la plus meurtrière de cette guerre pour les troupes américaines ne fait que commencer avec le risque de se heurter à toutes les factions chiites stipendiées par l’Iran, sans oublier le terrorisme sunnite et djihadiste. Comme on le voit, la  «nouvelle stratégie» irakienne de George Bush n’en est pas une. Elle n’est que la poursuite d’une politique qui a conduit l’Irak au désastre et toute la région au bord de l’abîme, abstraction faite de ses convictions et de la mission qu’il s’est lui même assignée, le président Bush avait-il un autre choix dans la situation actuelle qu’il a grandement contribué à créer ?

Le choix n’était certes qu’entre le mauvais et le pire. Pratiquement seul contre tous, Bush a choisi le pire ?

Coïncidence de l’histoire, il y a cinquante ans, débutait la bataille d’Alger.Les parachutistes français croyaient mettre fin à l’insurrection du FLN et pacifier l’Algérie en nettoyant la ville. On connaît la suite. Bush aurait dû méditer sur cette désastreuse bataille.

La Voix du Peuple - Mis à jour : le 24 janvier 2007.