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Robert Kennedy, lui aussi victime
d’un complot ?


De nouvelles preuves graphiques montrent que les groupes de la CIA, les mafias italo-américaines et cubaines qui font le sale travail de Washington, sont associés non seulement à l’assassinat du président John F. Kennedy mais aussi à celui de son frère Robert.



PAR GABRIEL MOLINA
Granma Internacional - 1er janvier 2007

LA BBC de Londres et le quotidien The Guardian ont rendu publics des films et des photographies où apparaissent trois officiers supérieurs de la CIA à l’hôtel Ambassador de Los Angeles, où fut assassiné, en 1968, Robert Kennedy, alors candidat à la présidence.

L’ex-procureur général venait de conquérir la candidature du Parti démocrate, quelques mois avant les élections qui, selon les pronostics, le conduiraient à la présidence des États-Unis.

Les officiers supérieurs occupèrent des postes de responsabilité dans le cadre des gigantesques opérations secrètes contre Cuba dans les années 60, menées depuis l’antenne de la CIA JM Wave de Miami, la plus importante à cette époque. Les sinistres personnages identifiés sont Gordon Campbell, qui pour cette croisade était chef des opérations maritimes; George Joannides, chef de la guerre psychologique, et David Sánchez Morales, chef des opérations spéciales.

Le rapport rendu public est le résultat de trois années de recherches conduites par le cinéaste Shane O’Sullivan, selon lesquelles ces officiers supérieurs reçurent mission de mener, en 1963, la guerre secrète contre le gouvernement de Fidel Castro, dont l’un des objectifs était de l’assassiner.

Les preuves remettent à la une de l’actualité le groupe CIA-mafia- gangsters d’origine cubaine qui, selon l’enquête menée par le comité du Congrès des États-Unis, pourrait aussi avoir trempé dans l’assassinat de Dallas.

Le rapport de Shane O’Sullivan, diffusé le 20 novembre dernier aux Informations de la BBC en nocturne, révèle que les officiers et quatre compères encore non identifiés se trouvaient à l’hôtel Ambassador un peu avant et après l’attentat. Présence suspecte s’il en est, puisque «la CIA n’a pas juridiction à l’intérieur des États-Unis et quelques-uns des officiers étaient en poste dans le Sud-Est asiatique et n’avaient donc aucune raison de se trouver à Los Angeles».

Lorsqu’il fut assassiné, Robert Kennedy venait de gagner les primaires en Californie avec un programme contre la guerre du Vietnam et il avait toutes les chances de l’emporter sur Richard Nixon aux présidentielles. Le prétendu auteur du crime, le Palestinien Sirhan Sirhan, fut arrêté, arme à la main, dans la cuisine où fut perpétré le crime. Au cours du procès, des psychiatres présentés par la défense déclarèrent que Sirhan, âgé de 24 ans, était à ce moment-là en transes  et aurait pu se trouver sous hypnose. Un cahier de notes trouvé au pouvoir de Sirhan comportait la phrase «RFK doit mourir» qui aurait  tout aussi bien pu être écrite dans ces conditions.

Le Dr Herbert Spiegel, un spécialiste mondial de l’hypnose de l’Université de Columbia, estime que Sirhan aurait pu être ainsi préparé pour servir de fausse piste et détourner l’attention des enquêteurs de l’assassin réel.

Pendant les interrogatoires, Sirhan déclara se rappeler qu’une jeune femme l’avait conduit en un lieu très obscur, où il fut agressé par une bande. Il ajoutait ne pas se rappeler avoir tiré sur Kennedy.

En décembre 1998, son avocat, Lawrence Teeter, réclama un nouveau procès pour Sirhan qui permit de rassembler quelques preuves intéressantes. En tout premier lieu, l’autopsie, que e procureur n’avait pas utilisée pendant le premier procès, établit que la balle fatale a été tirée de derrière le sénateur, à une distance de la cible évaluée à quelques centimètres (huit au maximum). Or, Sirhan se trouvait juste en face de Kennedy et l’arme qu’il tenait dans la main se trouvait à  au moins 50 cm et au plus 1,60 mètre de la victime. Des recherches ultérieures ont montré qu’il y avait dans l’encadrement de la porte plus d’impacts de balle que de tirs effectués par l’arme de Sirhan, ce qui porte à penser qu’il y eut plus d’un tireur. L’encadrement a été détruit, tout comme une deuxième arme saisie par la police de Los Angeles. On aurait procédé à la destruction sur ordre judiciaire, dont la défense n’a jamais eu vent.

En outre, un gardien de sécurité qui n’avait pas la moindre sympathie pour Kennedy reconnut qu’il se trouvait debout, en contact direct avec le dos du sénateur, qu’il se baissa quand les tirs retentirent et qu’il sortit son revolver. Un témoin ignoré par la police, dit l’avocat, déclara avoir vu le gardien tirer. Jamais son arme n’a été examinée, bien que selon l’autopsie «les perforations dans le corps dessinent un angle vers le haut, comme si les balles avaient été tirées d’en bas». À cet instant, le photographe Jaime Scott Envert fut immédiatement  approché et arrêté sous la menace de pistolets. Son appareil photo et ses clichés furent saisis.

Le plus important des officiers identifiés par des témoins sur les photos et les films est Morales, un ivrogne invétéré qui aurait dit un jour à ses intimes: «Oui, j’étais à Dallas quand on a eu ce fils de pute et à Los Angeles quand on a eu le petit bâtard.»

Selon Tom Clines, un chef de la JM Wave, Morales est une sorte de légende qui figure dans presque toutes les opérations secrètes de la CIA. Il est toujours lié aux acteurs principaux de ce groupe chargé du sale travail, en particulier à Ted Shackley, qui fut le sous-directeur pour les opérations spéciales de la CIA de George Bush Père lorsque celui-ci en était le directeur, et David Atlee Phillips, chef des opérations contre Fidel Castro et Salvador Allende. Le sinistre groupe s’était constitué dès 1954 pour renverser le gouvernement de Jacobo Arbenz au Guatemala. Morales se trouvait à Cuba avec Phillips entre 1958 et 1960, pour soutenir Batista et combattre Fidel Castro. Il participa aussi au coup d’Etat du Chili de 1973. À Santiago, il aida Pinochet  dans sa campagne pour renverser le président, puis dans la féroce répression.

Outre le fait qu’il assuma le commandement de la station JM Wave qui organisa l’invasion de la Baie des Cochons, selon l’officier de la CIA Tom Clines, Morales participa avec Félix Rodriguez à la persécution et à l’assassinat du Che Guevara et à l’opération Condor, où il se chargea de liquider des personnalités importantes.

Le chercheur Gaeton Fonzi a révélé que Morales pourrait bien être l’homme d’aspect latino qui a été vu aux côtés de Lee Harvey Oswald chez Silvia Odio, à New Orleans, selon le témoignage de l’ex-agent de la CIA Paul Bethel, qui travaillait pour Phillips. Fonzi et d’autres chercheurs impliquent aussi dans l’assassinat du président Carl E. Jenkins, Chichi Quintero, William Pawley, Roy Hargraves, Edwin Collins, Herminio Diaz, Tony Cuesta, Eugenio Martinez, Virgilio Gonzalez et Felipe Vidal Santiago, Luis Posada Carriles et Orlando Bosch.

O’Sullivan put identifier Morales  à partir d’une photo de ce personnage, prise à Cuba en 1959.

Un des officiers CIA de JM Wave, Bradley D. Avers, a identifié sur le film Sanchez Morales, Campbell et Joannides. Dans une lettre écrite en 1994, il a affirmé que les trois hommes et bon nombre du personnel de la JM Wave ont eu «une connaissance opérationnelle intime des circonstances qui ont entouré l’assassinat du président Kennedy». Il citait en outre les noms de Theodore Shackley, Félix Rodriguez, Thomas Clines, Grayston Lynch, Rip Robertson, Edward Roderick et Tony Sforza.  

Morales qui craignait que sa vie ne fût menacée par ses collègues, mourut d’une crise cardiaque suspecte quelques jours avant d’avoir à témoigner devant la Commission sélecte de la Chambre des représentants qui enquêtait sur l’assassinat du président. Devaient aussi figurer ultérieurement sur la liste des morts dans des circonstances mystérieuses: le capo mafieux Sam Giancana, John Rosselli, Rip Robertson et l’homme d’affaires et agent William Pawley, avant ou après avoir déposé devant la Commission.

Paul Schrade, qui marchait derrière Robert F. Kennedy lorsqu’il fut assassiné, estime que ces preuves toutes fraîches méritent examen.

 «Je m’étonne que ces personnages aient participé à une fête organisée par Robert. Pourquoi étaient-ils là, qu’y faisaient-ils ?», s’est demandé Shrade le 20 novembre, en présence de Max, un fils de Robert Kennedy, dans l’immeuble de l’ancien hôtel Ambassador. Pour le 81e anniversaire du candidat assassiné, les deux hommes  visitaient le site qui se trouvait en travaux pour cause d’exécution d’un projet: transformer l’ancien hôtel en école secondaire.

Un certain nombre de documents clés de la CIA n’ont pas encore été déclassés alors que selon l’enquête des congressistes de 1978, ils démontreraient la véracité de la théorie du complot qui a privé de la vie le président Kennedy. Les nouvelles preuves tendent à indiquer, quarante-trois ans plus tard, que les mêmes suspects auraient trempé dans l’assassinat de Robert. Auquel cas il s’agirait d’un véritable coup d’État, dont les auteurs bénéficient encore de protection.

En dépit, ou peut être à cause, précisément, de la myopie chronique qui est celle du président Bush lorsqu’il est question de terrorisme.

 

La Voix du Peuple - Mis à jour : le 1er janvier 2007.