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Par André Parizeau (*)
Le dossier de la fermeture de l'Abitibi Bowater est revenu à l'avant-plan de la campagne électorale ... le temps d'une journée ou deux. Autant l'ADQ que le PQ ont finalement décidé de prendre officiellement parti pour les travailleurs dans cette affaire. Dans le cas du PQ, cela se passait le 15 novembre dernier; dans le cas de l'ADQ, c'était ... 3 jours avant. C'est au moins cela de gagné pour ces travailleurs et travailleuses car ils ont besoin de tout les appuis qu'ils peuvent. Sauf que la pauvreté des plate-forme de ces deux partis demeure toujours aussi flagrante pour tout ce qui touche au problème des fermetures d'usine et des licenciements massifs. Cela vaut surtout pour l'ADQ, mais aussi pour le PQ ...
Pour l'ADQ, la contradiction est assez flagrante. Le problème avec l'ADQ, c'est que tout en voulant essayer de se bâtir un capital de sympathie, son programme est en même temps aux antipodes par rapport à ce que les travailleurs et les travailleuses ont besoin. L'ADQ est en effet contre un renforcement du rôle de l'État dans l'économie; en lieu et place, et toujours selon l'ADQ, il faudrait plutôt que l'État s'efface encore plus de manière à laisser tout le terrain à l'entreprise privée ... Faut-il ensuite se surprendre que le chef de l'ADQ, Mario Dumont, se soit essentiellement limité à dire qu'il "comprenait les travailleurs", sans plus se commettre dans ce dossier.
Du côté du PQ, c'est un peu plus compliqué. Le PQ a déjà eu, comme position officielle, un "préjugé favorable aux travailleurs" et un programme beaucoup plus près des préoccupations de ceux-ci. Sauf que depuis plusieurs années, la tendance est exactement le contraire; le PQ veut s'éloigner de plus en plus de ce qui pouvait être avant sa "marque de commerce" et être vu par les électeurs et les électrices comme étant plus "centriste" et moins collé aux syndicats. D'où également les critiques de plus en plus audibles des syndicats vis à vis de ce parti, dont les positions sont de plus en plus jugés comme ne tenant pas suffisamment compte des préoccupations des travailleurs et des travailleuses.
Pour revenir au dossier de l'Abitibi Bowater à Donnacona, Pauline Marois aurait donné raison au syndicat qui réclame que la partie de l’usine actuellement non chauffée le soit à nouveau, afin que les bouilloires, les systèmes électriques et autres ne se détériorent pas en attendant un nouvel acquéreur. Présentement, seule la nouvelle partie de l’usine est chauffée. Si son parti remporte la victoire, de dire Mme Marois, le PQ mettra tout en oeuvre pour le démarchage d’entreprise et pour approvisionner l’usine en copeaux de bois. Tant mieux.
Il reste que la plate-forme actuelle du PQ demeure, pour l'essentiel, complètement silencieuse par rapport à ce que le PQ fera, advenant toujours qu'il prenne le pouvoir, pour mettre un terme ou, tout au moins, essayer de contenir cette tendance qu'ont les grosses multinationales à jouer avec leurs travailleurs et leurs travailleuses comme s'il ne s'agissait que de vulgaires pions qu'on peut jeter quand on veut quand cela ne fait plus notre affaire.
Lorsque madame Marois a présenté les éléments de sa plate-forme, pour ce qui touche aux question d'économie et de protection des emplois, celle-ci a surtout parlé de trois mesures.
La première de ces mesures concernent une bonification des programmes de formation de la main d'oeuvre, pour ceux et celles qui perdent leur emplois. La mesure n'est pas en soi mauvaise, mais n'aiderait en rien à empêcher que ce qui s'est passé à Donnacona, ou chez Aleris, plus tôt cet été (c'était là encore un scandale majeur), ne se reproduise.
Deux autres mesures préconisées par le PQ pourraient être jugée comme pouvant aider à la protection des emplois.
Il s'agit dans un premier cas de donner le mandat à la Caisse de dépôt et de placement du Québec de mettre en place un nouveau fonds d’investissement pour les entreprises québécoises, notamment les PME. Dans un deuxième cas, il s'agirait également de relever le plafond maximal de participation des fonds de capital de risque, tels que le Fonds de solidarité de la FTQ ou le Fondaction de la CSN, à condition que les entreprises concernées aient moins de 1 milliard de dollars de capitalisation.
Une fois encore, ces deux mesures -- qui seraient temporaires, de l'avis du PQ; on pourrait en même temps se demander pourquoi -- ne sont pas mauvaises en soi. Toutes deux vont dans le sens de ce que le PCQ souligne depuis déjà des années et qu'il adoptait lui-même comme mesures souhaitables lors de son plus récent congrès, qui se tenait le mois dernier; il en va de même pour la bonification des programmes de formation de la main d'oeuvre en cas de mises à pied. Là n'est pas le problème, comme nous le disions plus tôt, il y a déjà quelques semaines, alors que toutes ces propositions du PQ étaient alors rendues publiques.
Le vrai problème réside dans le fait que de telles mesures ne régleraient strictement rien à des situations comme celles que les travailleurs et les travailleuses d'Abitibi Bowater à Donnacona vivent présentement. À savoir lorsque de puissantes multinationales, comme cette compagnie, décident de faire ce qu'elles veulent.
Toutes les autres mesures annoncées par madame Pauline Marois, le 6 novembre, n'avaient rien à voir avec la question des fermetures des usines et d'entreprises et portaient plutôt sur l'implantation de nouveaux crédits d'impôts.
Seul Québec solidaire parle de plus serrer la vis aux multinationales, en exigeant par exemple qu'elles soient obligées de rembourser tous les prêts et subventions en toutes sortes qu'elles auraient pu recevoir avant de fermer leurs portes. Québec solidaire a aussi des propositions pour aider les travailleurs et les travailleuses qui voudraient se porter acquéreur de leur entreprise.
(*) : André Parizeau
est candidat de Québec solidaire dans Acadie dans le cadre de cette
élection; lors du dernier congrès du PCQ, il était également élu
porte-parole de ce dernier et, à ce titre, siège donc sur le Comité exécutif
du PCQ.
Sujets reliés et adresses utiles :
"Jean Charest nous a vendu"- les travailleurs et les travailleuses d'Abitibi Bowater à
Donnacona (extrait vidéo d'un reportage de la télévision de
Radio-Canada). Cela remet les pendules à l'heure par rapport
aux beaux discours de Jean Charest et sa soi-disant préoccupation face aux
travailleurs et aux travailleuses et leurs emplois.
Le candidat de Québec
solidaire dans Portneuf, André Lavoie, dénonce à son tour la décision
des libéraux dans le dossier de l'Abitibi-Bowater
de Donnacona et conclut son communiqué en insistant sur l'importance
d'intensifier la lutte pour obtenir "des emplois durables dans un Québec équitable et
souverain"
Abitibi Bowater avait
l'obligation, selon un document du gouvernement obtenu par la loi sur
l'accès
à l'information, de maintenir ses opérations, à Donnacona, au moins
jusqu'en 2011. Mais le
gouvernement de Jean Charest aurait accepté (une fois encore) de laisser une
grosse compagnie comme Abitibi Bowater faire ce qu'elle veut.
Qui plus est, cette compagnie avait reçu, au fil des années, 32 millions
de dollars d'argent du trésor public pour
consolider les opérations de cette usine ...
Le nouveau slogan des libéraux : outrageant et hypocrite. Le porte-parole du PCQ réagit