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Par André Parizeau ,
porte-parole du PCQ

La présentation par le ministre Jean Charest de son nouveau cabinet des ministres ne comporte pas de gros changements, sinon que l'omniprésence de ministres issus du milieux des affaires est toujours là.  Étrangement, à peu près personne n'en parle.  Pourtant, onze (11) des 24 ministres (si on n'exclut le whip en chef et le président du caucus libéraux qui participeront désormais au Conseil des ministres, mais ne sont pas en tant que tel ministres) sont d'ex-hommes d'affaires. D'ex PDG, vice-présidents, vice-présidentes, directeur général, etc, etc.

Le départ de madame Jérôme-Forget et l'arrivée d'un autre homme d'affaires, en la personne de Clément Gignac (celui qui vient juste de se faire élire dans Marguerite Bourgeois et qui fut immédiatement catapulté au Cabinet des ministres) ne change pas vraiment la donne.  En fait, cela ne fait que consolider encore plus une situation qui était déjà flagrante.

Certains faisaient partie, avant de faire le saut en politique, du côté des libéraux, des hautes sphères au sein de certaines des plus grosses corporations et institutions oeuvrant au Québec; d'autres oeuvraient peut-être à un niveau plus modeste.  Tous et toutes peuvent néanmoins être associés à ce qui est convenu d'appeler depuis un certain temps le Québec inc.  C'est la moitié de tout le Conseil des ministres !

Quant à la majorité des autres, ce sont des gens qui ont rapidement pu gravir les échelons de l'échelle sociale grâce à une implication très tôt dans les instances du Parti libéral ... (ou du parti conservateur, comme ce fut le cas avec Jean Charest).

En contre partie, vous ne trouverez pas un ou une seule syndicaliste, non plus qu'un seul travailleur ou travailleuse, sachant ce que c'est que de peiner, juste pour arriver à joindre les deux bouts à la fin du mois.  Mais faut-il s'en surprendre ?

Sur une note un peu plus positive, le premier ministre maintient la parité hommes femmes, ce qui n'était pas forcément évident puisque le caucus libéral contient deux fois plus d'hommes que de femmes.  Ou presque.  Il est à noter que Québec solidaire était le seul parti en lice à avoir, pour les élections du 8 décembre, au moins autant de femmes que d'hommes candidats; en fait, Quebec solidaire avait même un peu plus de candidates femmes que d'hommes.  Mais c'est bien à peu près la seule note vraiment positive au sujet de ce nouveau Conseil des ministres.
 

Deux mots à propos de la nomination de Pierre Corbeil

Parmi les événements plutôt incongrus et qui sont associés à la nomination de ce nouveau Conseil des ministres, il faut noter le fait le nouveau ministre des affaires autochtones, Pierre Corbeil, non seulement n'est pas lui-même autochtone, mais qu'il est en fait celui qui a battu le seul  autochtone qui avait jusqu'à là  réussi à se faire élire au sein de  l'Assemblée  nationale et qu'il est en plus un fervent adversaire de leurs causes ...  Il fait en même temps partie de notre liste de ceux et de celles qui sont associés au Québec inc.

Le chef de l'Assemblée des Premières Nations, Ghislain Picard, estime de son côté que Pierre Corbeil a « largement démontré son incapacité totale à comprendre et à traiter adéquatement les questions liées aux Premières Nations ». « On peut s'interroger sur le signal que nous envoie Jean Charest et sur sa motivation », ajoute-t-il. Par conséquent, l'Assemblée des Premières Nations « continuera de tenir le premier ministre du Québec responsable des relations avec les Premières Nations ».

Deux mots également à propos de Lawrence Bergman et de Kathleen Weil

Autre détail.  La liste des 12 ministres mentionnée plus haut, et provenant du monde des affaires, ne tient pas compte de ceux et ce celles qui, tout en n'ayant peut-être pas directement été associés à des postes de décideurs au sein d'entreprises et du milieu des affaires, pouvaient néanmoins y être assez étroitement reliés en tant qu'avocats ou notaires, ou encore en tant que personnes qui se spécialisaient dans les levées de fonds et les activités caritatives, plusieurs d'entre eux provenant de toutes façons de milieux très bourgeois.  Dans cette autre catégorie, on pourrait entre autres citer : Lawrence Bergman (il devient le nouveau président du caucus; il siègera aussi au Conseil des ministres même s'il n'est pas en tant que tel ministre) et Kathleen Weil.  Tous deux viennent de circonscriptions de l'Ouest de Montréal, archi-libérales.

S'il fallait en plus les ajouter, cela augmenterait d'autant le pourcentage de gens, issus de cette élite, et qui gardent toujours une place de choix en son sein.  Cela ferait alors monter le chiffre à 14 (sur un total 26, si on ajoute alors le whip ainsi que le président du caucus libéral).

Dans certains médias, on présente madame Weil comme étant plus associée à "l'aile gauche" du parti libéral (mais existe-t-il seulement une aile gauche dans ce parti ?...); cela est surtout dû au fait que sa famille fut jadis sympathique au docteur Norman Bethune (un communiste), sauf que cela ne cadre pas tellement avec certaines des actions de madame Weil jusqu'ici.  Celle-ci est une avocate de formation qui a notamment oeuvré pour le compte d'Alliance-Québec, un organisme qui s'est surtout fait connaître pour son opposition farouche à la loi 101.  Fait à noter, madame Weil est aussi l'une des rares ministres, au sein du nouveau cabinet de Jean Charest, à avoir tenu à faire son serment de ministre à la fois en français et ... aussi en anglais.  Un geste qui avait surtout l'air d'une provocation.  D'autant qu'elle agira désormais comme ministre de la Justice.

Quant à Lawrence Bergman, il s'est surtout fait connaître, de son côté, et dans les années passées, pour ses opérations de levées de fonds pour Israël, au sein de la communauté juive.  Il a déjà quatre mandats comme député libéral à son actif, pour la circonscription de D'Arcy McGee; il est très certainement celui qui peut s'enorgueillir d'avoir toujours eu parmi les plus hautes majorités, à chaque élection.  Encore le 8 décembre dernier, il obtenait tout près de 90% de toutes les voix dans son comté.  Son meilleur score fut obtenu en 2003 avec 91.29% des voix exprimées.

C'est en même temps un de ceux qui fut à l'origine de toute la tempête contre l'ex-député péquiste Yves Michaud, suite aux propos que ce dernier avait tenu, il y a de cela déjà un certain temps, par rapport à la communauté juive et qui avait ultimement engendré une condamnation par l'Assemblée nationale, alors que celui-ci s'apprêtait justement à opérer un retour vers la politique active ...

Avant Lawrence Bergman, c'était nul autre que Robert Libman, une autre personne étroitement lié à Alliance-Québec, qui était député de D'arcy McGee.  Ce dernier fut également pendant une courte période de temps chef du Parti Égallité; ce parti , qui n'existe plus, considérait alors que que le Parti libéral du Québec n'avait pas une position assez forte contre la loi 101.  Robert Libman perdit définitivement son poste de député en 1994, et c'est Lawrence Bergman qui prit alors la relève ...

Lawrence Bergman n'est pas à proprement parler un nouveau venu au sein du cabinet des ministres de Jean Charest. De 2003 à 2007, il fut en effet ministre du Revenu.
 

Des ministères qui sont en même temps importants

On notera de surcroît que plusieurs des ministères importants dans le nouveau cabinet de Jean Charest relèvent toujours de ces mêmes individus issus du monde des affaires; on peut notamment citer le cas du ministère du développement régional, le ministère des Finances, celui du Revenu, le ministère du travail, le ministère de l'Éducation, le ministère de l'Emploi et de la solidarité sociale (mais que connaissent-ils donc de la solidarité sociale ?),  et le ministère des Infrastructures; voici tous les détails à propos de ces ministres, tous issus du milieu des affaires  :

o       Pierre Arcand : il est maintenant ministre des Affaires internationales en même temps qu’un ancien PDG du groupe Corus.

o       Raymond Bachand: est depuis peu le nouveau ministre des Finances; était auparavant le ministre chargé du développement économique; il est en même temps un ancien PDG du groupe Secor et ancien vice-président de Métro-Richelieu, ainsi que de Culinar; fut également le PDG du Fond de solidarité de la FTQ, entre 1997 et 2001.  Il est celui qui a affirmé après la fermeture d’Aleris au Cap de la Madeleine qu’il ne pouvait rien faire; il est également celui qui a affirmé après la fermeture d’Abitibi-Bowater que les libéraux avaient aussi fait leur « job » dans ce dossier.  C'est un des poids lourd dans le gouvernement de Jean Charest.

o       Pierre Corbeil : ancien ministre responsable de la Faune et des Ressources naturelles, il devient aujourd'hui ministre des Affaires autochtones; était auparavant co-propriétaire du clinique dentaire et fut également président de la Chambre de commerce de Val d'Or ; il fut également pendant plusieurs années président de l'équipe de hockey junior de cette ville.

o       Michelle Courchesne : était demeure la ministre de l’éducation; elle est en même temps une ancienne vice-présidente exécutive de la firme Cognicase.  Elle dirige le 2e ministère ayant le plus gros budget, l'autre étant celui de la santé.

o       Robert Dutil : nouveau ministre du Revenu; ancien vice-président de la firme Microtec ainsi que du groupe Canam; il fait partie de ceux qui, au sein du milieu des affaires appuyaient jusqu’à récemment l’ADQ; est depuis revenu au sein du bercail libéral.

o   Clément Gignac : il est celui qui s'est récemment fait élire, en remplacement de madame Jérôme Forget, dans le château fort de Marguerite Bourgeois, dans l'Ouest de la ville de Montréal;  c'est le nouveau ministre du développement économique; il est issu de la direction de la Banque Nationale du Canada (la fameuse banque qui fut lourdement impliquée dans le scandale des papiers commerciaux), Clément Gignac était depuis novembre dernier à l'emploi du gouvernement fédéral, en tant que conseiller senior rattachée au ministre fédéral chargé de surveiller les institutions financières.  Tout un pedigré.

o   Sam Hamad : était et demeure ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale; est un ancien vice-président principal du groupe Roche, ainsi qu’un ancien président de la Chambre de commerce du Québec métropolitain.

o       Norman McMillan : anciennement président du caucus des députés libéraux (de 2003 à 2005) et whip en chef (de 2007 à 2008), accède finalement au conseil des ministres à titre de ministre délégué aux Transports; il avait sa propre firme oeuvrant dans le domaine de l’hôtellerie, avant de se lancer en politique sous l’étiquette libérale.

o       Nicole Ménard : elle accède au conseil des ministres à titre de nouvelle ministre du Tourisme; elle était auparavant une vice-présidente de la Banque de Montréal.

o        Lise Thériault: elle était ministre de l’immigration et des communauté culturelles dans le cabinet de Jean Charest de 2005 à 2007; devient maintenant ministre déléguée aux Services Sociaux; était avant d’entrer en politique, éditrice du Journal des gens d’affaires de même qu’une membre de la direction de la Chambre de commerce pour l’Est de Montréal.

o       Tony Tomassi : il devient ministre de la Famille; il est un ancien directeur général du groupe Genco, ainsi qu’un ex-membre de la direction du Montreal Board of Trade.

***

Note additionnelle: David Whissel était également, jusqu'en septembre 2009, ministre du travail; avant de devenir député, il fut successivement directeur général de Whissel Inc pour devenir ensuite le président et propriétaire de Béton 344.  David Whissel est celui qui confirmait aussi, au début avril, qu'il croisait, à l'occasion, Tony Accurso, un des plus importants entrepreneurs en construction du Québec.  Tony Accurso avait déjà défrayé les manchettes pour avoir aussi entretenu jusqu'à récemment des relations avec l'actuel président de la FTQ, Michel Arsenault.  Il fut finalement obligé de démissionner à cause d'une affaire de conflits d'intérêts.

 

 



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