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Mercredi 27 juin, Pauline Marois faisait à Québec son premier discours en tant que nouveau chef du PQ. Au delà des généralités et des clichés, on n'en sait toujours que très peu à propos de l'orientation que celle-ci entend donner au PQ. Sauf que les signes pointant vers une accentuation du virage à droite de ce parti s'accentuent. Dès le lendemain de son "couronnement", on apprenait en même temps que le PQ pourrait attendre un, deux, et même trois mandats, avant d'enclencher un processus d'accession à la souveraineté.
D'ores et déjà, certains commentateurs de la scène politique commencent à se demander pourquoi Pauline Marois, avec toute l'expérience qu'elle possède, se limite ainsi dans les généralités. De fait, et de ce point de vue, son attitude demeure dans une large part similaire à ce que son prédécesseur nous avait habitué : beaucoup de mots sans qu'on puisse vraiment savoir où le PQ veut s'en aller.
En même temps, diverses allusions et commentaires, glanées ici et là, ne peuvent que laisser songeur quant au fin fond de ce que madame Marois prépare.
Dès les premiers jours suivant son annonce officielle, comme quoi elle se présentait à la chefferie du PQ, on apprenait ainsi qu'elle n'était plus forcément opposé à une hausse des frais de scolarité au niveau universitaire. Mais qu'est ce que cela veut-il dire ? Chose certaine, les libéraux ne se gênent pas pour utiliser à fond cette fameuse phrase de Pauline Marois pour essayer de se donner le beau rôle et d'isoler les associations étudiantes qui continuent toujours à s'opposer à un tel dégel. De la part d'un parti qui disait, il y a à peine quelques mois encore, qu'il s'opposait à un tel dégel, il y a de quoi se poser des question.
Et puis, il y a encore quelques jours, madame Marois laissait cette fois entendre, à l'occasion d'une entrevue sur les ondes radio de la Première chaîne de Radio Canada, et alors qu'elle était questionné sur ce que pourrait vouloir dire la prochaine révision, au sein du PQ, du modèle de social-démocratie, que cela pourrait éventuellement aller jusqu'à remettre en cause ... l'universalité du programme d'assurance-maladie. Wow ! Si c'est ça, alors il faudrait peut-être se demander qu'elle sera alors la différence entre ce que le PQ dit et ce que les libéraux et l'ADQ peuvent dire...
Cela est d'autant plus vrai que l'admission par Pauline Marois, comme quoi il faudra peut-être attendre un, deux ou trois mandats du PQ, a toute les allures d'une éventuelle mise au rancart de son option fondamentale.
Quand Pauline Marois, appuyée en ce sens par le député François Gendron, déclare que la souveraineté devra nécessairement se faire avec le peuple, et non contre lui, ils ont parfaitement raison. Le problème avec le discours de Pauline Marois -- qui soit dit en passant n'est pas sans rappeler ce que disait déjà bien avant elle les ex-chefs Lucien Bouchard ainsi que Bernard Landry à propos de leurs fameuse théorie sur les "conditions gagnantes" -- réside dans le fait qu'elle n'explicite jamais pendant ce temps comment elle entend donner un nouveau souffle au mouvement pour la souveraineté du Québec.
À force de répéter sans cesse que cela ne pourra pas se faire avant un bon bout de temps, sans vraiment dire quoique se soit de plus, au niveau très concret, autrement que de dire qu'un futur gouvernement péquiste agirait comme un bon gouvernement (ce qui comporte là encore une bonne dose de déjà vu), le PQ finit dans les faits par encourager le sentiment de pessimisme face à cette option. Non seulement se tire-t-il ainsi dans le pied mais il finit également par desservir l'ensemble de la cause souverainiste. Pour un parti qui prétend toujours être le SEUL véhicule pouvant faire avancer la cause, c'est toute une contradiction en soi.
À tous ces faits, il faut ajouter que Tony Blair -- celui-là même qui vient de quitter la scène politique britannique -- serait, toujours selon les mots de madame Marois, parmi les modèles du nouveau chef. Il ne faudrait pas non plus oublier que François Legault et Joseph Facal -- deux personnalités publiques connues pour leurs positions de droite -- sont maintenant les principaux conseillers de Pauline Marois.
On pourrait aussi ajouter le fait que Pauline Marois voudrait faire de la famille un élément central de l'action future de son parti. Le fait de vouloir pousser ainsi un dossier aussi important que la famille n'est pas, encore une fois, une mauvaise chose en soi. Le fait d'abandonner en même temps certains autres dossiers, tout en restant silencieux sur d'autres et en insistant autant sur ce dossier plus spécifique a cependant de quoi nous interpeller.
Cela est d'autant plus vrai que sur le plan économique, la situation du Québec demeure très précaire. On ne peut d'autre part que questionner les motifs pouvant pousser madame Marois à opposer -- comme elle l'a fait -- création de la richesse et possibilité de la redistribuer. Contrairement à ce que prétend madame Marois, le problème est bien moins le manque de richesses -- tous les indicateurs économiques démontrent qu'on produit beaucoup plus de richesses qu'avant -- que le gaspillage social que nos gouvernements font de cette même richesse.
La question de savoir également le genre de richesse que nous voulons favoriser et encourager, devrait tout autant nous préoccuper.
Mis bout à bout, tout cela devrait commencer à faire pas mal de sujets de préoccupations pour quiconque espérait peut-être que Pauline Marois pourrait ramener le PQ comme dans ses plus belles années. Cela laisse en même temps entrevoir que les luttes et les conflits au sein du PQ n'ont tout probablement pas fini de faire des vagues.
Chose certaine, plus les chefs changent au PQ et plus on garde une impression de déjà vu. La tendance lourde, en faveur d'un glissement de plus en plus à droite de ce parti, est toujours là. C'est évident.
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