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Par André Parizeau
Chef du PCQ

Après des semaines de quasi silence, la nouvelle chef du PQ, Pauline Marois, semble vouloir être un peu plus présente sur la scène politique.  Depuis quelques jours, elles et les autres députés du PQ multiplient les déclarations, mais ce soudain et apparent regain de vie n'est pas forcément signe que les choses vont mieux dans ce parti.  Cela est d'autant plus vrai que certaines des déclarations de Pauline Marois sont carrément très problématiques  ...

Flanqués de plusieurs de ses principaux lieutenants, Pauline Marois a déposé cette semaine, à Québec, deux projets de loi.  Cela se faisait dans le cadre de la reprise des travaux à l'Assemblée nationale.  Au delà du fait que ces deux projets n'ont que très peu de chances d'être adopté dans le cadre de la présente session, à cause de la position du PQ comme 2e opposition, de même que du caractère très controversé de plusieurs des propositions soumises, ces projets de loi ont également le défaut d'être à l'image de ceux et de celles qui dirigent le PQ : mi-chair, mi-poisson dans le meilleur des cas, quand cela n'est pas carrément mauvais.

Le premier bloc de propositions, déposées par le PQ, parle de modifier la Charte québécoise des droits et libertés ainsi que la Charte de la langue française; il est aussi question de créer un nouveau statut de citoyenneté québécoise. En fait, ce premier projet de loi englobe toute une série de propositions.  C'est comme une sorte de projet de loi omnibus.

L'autre bloc prévoit, pour sa part, d'instaurer une nouvelle Commission, formée de 32 personnes (16 députés et 16 autres personnes qui serait nommées par l'Assemblée nationale), et qui serait chargée d'écrire rien de moins qu'une nouvelle constitution québécoise.

Qui plus est, et profitant de la sortie du nouveau discours du trône, à Ottawa, ainsi que du débat que cela a engendré à Québec, la nouvelle chef du PQ a aussi fini par donner quelques explications quant à ses propres positions par rapport à certaines des choses qui se passent au niveau fédéral.  Et puis, des députés du PQ, issus de la grande région de Montréal, faisaient aussi une sortie pour réclamer plus d'argent dans les soins à domicile pour les personnes âgées.

Certaines des mesures proposées ne sont pas toutes mauvaises.  Mais tout cela reste bien timoré dans ses aspects les plus positifs et, surtout, bien en dessous d'un certain nombre de suggestions qui avaient déjà faites sur la scène publique par différentes personnes et organismes, rapport à ces mêmes questions, et que le PQ, au strict minimum, aurait pu reprendre.  À cela, il faut aussi ajouter le fait que certaines des propositions, notamment pour ce qui est du volet ciblant les immigrants, mériteraient tout simplement d'être envoyées à la poubelle. Quoique certains pourront dire, tout cela ne peut que confirmer cette impression d'un parti, toujours en dérive et qui semble de plus en plus se restreindre à patauger dans la marre de ses adversaires, plutôt que de chercher à se développer comme une réelle alternative.
 

À propos de la proposition du PQ sur la Charte québécoise des droits et libertés

Commençons avec la proposition du PQ pour amender la Charte québécoise des droits et libertés de manière à mieux refléter les récents débats autour de la Commission Bouchard-Taylor portant sur la nécessité ou non de préserver la laïcité de nos institutions ainsi que pour renforcer le principe de l'égalité entre les hommes et les femmes.   Avec cette proposition du PQ, le paragraphe suivant serait ajoutée à la Charte québécoise :

« Dans l’interprétation et l’application de la présente Charte, il doit être tenu compte du patrimoine historique et des valeurs fondamentales de la nation québécoise, notamment de l’importance d’assurer la prédominance de la langue française, de protéger et promouvoir la culture québécoise, de garantir l’égalité entre les femmes et les hommes et de préserver la laïcité des institutions publiques. »

Le principal problème avec une telle formulation est qu'elle demeure vraiment beaucoup trop générale.  Considérant le fait que le premier ministre Jean Charest s'était déjà prononcé en faveur d'amender la Charte de manière à aller dans le même sens que les recommandations du Conseil du statut de la femme sur ces questions, on aurait donc pu s'attendre à ce que le PQ aille au moins aussi loin dans sa formulation que ce que proposait le Conseil et qu'il soit au moins aussi précis.  On ne sait pas encore la nature exacte de ce que les libéraux proposeront, eux-mêmes, comme formulation. Mais, là, et de toute évidence, le PQ a clairement manqué une belle occasion ...

Le PQ aurait tout aussi bien pu reprendre à son compte ce que propose le Mouvement laïc québécois; on aurait également pu se pencher sur la proposition de la CSN pour créer, en surplus, une Charte de la laïcité.  Sans doute, cela ne faisait pas partie des recommandations que les principaux conseillers de Pauline Marois, au premier chef duquel se trouve Joseph Facal, avaient fait ...
 

À propos des propositions du PQ sur le français comme langue de travail

Les propositions du PQ sur le français comme langue de travail sont probablement les plus intéressantes.  Grosso modo, le PQ propose d'obliger toutes les entreprises, d'au moins 25 employés ou plus (au lieu de 50 employés ou plus, comme le stipule actuellement la loi), d'avoir désormais un certificat de francisation.  Par ailleurs, toute entreprise d'au moins 50 employés ne pourrait plus obtenir de contrats octroyés par le gouvernement, ses ministères, ses organismes et ses sociétés d’État, si elle ne possède pas au préalable ce fameux certificat.  Tel est en tous le cas ce que propose le PQ.  De telles propositions, si elles devaient ultimement être adoptées, pousseraient certainement les entreprises à accorder plus d'importance à cette question et mériteraient conséquemment qu'on les appuie.  Encore aujourd'hui, et malgré la loi 101, un trop grand nombre de compagnies continuent toujours à oeuvrer principalement, ou presque exclusivement en anglais.

Soulignons en effet qu'environ la moitié des francophones qui travaillent dans les deux langues, dans le secteur privé, communiqueraient toujours, et principalement, en anglais lors des échanges avec leurs supérieurs, collègues et subordonnés anglophones, sur les lieux de travail.  Ce chiffre provient de la centrale syndicale FTQ.

Quoique positives, les propositions du PQ auraient néanmoins pu inclure plusieurs autres mesures, toutes aussi importantes et qui sont en même temps revendiquées depuis déjà longtemps par les syndicats.  On parle entre autres, ici, de renforcer la place des comités paritaires (employeurs / syndicats) de francisation.  De tels comités n'existent encore que dans trop peu d'entreprises malgré que cela fasse déjà 30 ans que la loi 101 existe; ils auraient donc besoin d'un petit coup de pouce.  Le PQ aurait également pu reprendre à son compte une proposition, déjà sur la place publique, pour permettre à l'Office de la langue française de resserrer les normes et les tests en matière de francisation dans les entreprises.  Il n'y a pas si longtemps, encore, à l'occasion d'une conférence organisée par la FTQ, portant justement sur l'état de la francisation dans les lieux de travail, l'ex-ministre péquiste, Louise Beaudoin, en avait elle-même fait la suggestion.  Mais ce n'est pas le cas.
 

À propos du projet de citoyenneté

L'idée de mettre en place un nouveau statut de citoyenneté québécoise, dans un contexte où l'on fait toujours partie de la fédération canadienne, apparaît d'autre part comme étant non seulement une mesure pour le moins nébuleuse, quant à ses intentions, mais aussi comme étant également hautement critiquable quant à l'approche prise.

Dans le cadre d'une démarche déjà enclenchée et visant la souveraineté du Québec, l'idée de vouloir créer un nouveau statut de citoyenneté pour le Québec pourrait certes se concevoir.  Mais, aujourd'hui ?...  C'est pas mal plus difficile à comprendre.  Les modalité d'un tel statut, telles que proposées par le PQ, sont tout autant très questionnables.

Pourquoi faudrait-il en effet restreindre les droits des futurs électeurs et électrices, c'est à dire les futurs immigrants -- ainsi que de leur éventuelle implications sur le plan politique -- en fonction de leur degré de connaissance de la langue française ?  On a beau vouloir protéger notre langue et favoriser l'intégration des immigrants, une telle mesure apparaît clairement comme étant abusive.  D'autant que cela pourrait ultimement ouvrir ensuite la porte à d'autres excès.  Sur la base du gros bon sens et du simple respect des règles démocratiques de base, cela ne fait pas vraiment de sens.  D'autant qu'on laisserait ceux et celles qui habitent déjà le Québec et qui ne connaîtraient toujours pas eux-mêmes le français, obtenir sans autre difficulté ce fameux statut de citoyen québécois ...

Le simple fait que le PQ ait même pensé à proposer une telle chose ne peut que questionner encore plus sur la compréhension de ce parti quant au concept d'inclusivité ainsi que de leur vision de ce que devrait être l'intégration des nouveaux immigrants.  Le fait de mixer une telle proposition avec celles concernant la langue, ainsi que celle concernant la Charte des droits et libertés, a finalement comme résultat de plutôt gâcher toute la sauce.

Encore une fois, si le PQ avait juste pris la peine de se baser un peu plus sur certaines des propositions déjà soumises sur la place publique, dans le cadre des audiences de la Commission Bouchard-Taylor, cela aurait sûrement été mieux.  Cela aurait surtout évité de glisser de la sorte dans une sorte de discours anti-immigrant, qui n'est pas sans rappeler ce que disait Mario Dumont lui-même, lors des dernières élections, et qui est finalement assez loin de ce qui préoccupe une bonne partie des gens et qui porte surtout bien plus sur la question de savoir s'il faut oui ou non il faudrait renforcer le caractère laïc de notre propre société, au Québec.

En agissant de la sorte, le PQ en vient finalement -- et cela est tout autant inquiétant -- à s'enligner comme s'il voulait devenir encore plus "adéquiste" que l'ADQ ...  Serait-ce le cas ?
 

À propos de ce que propose le PQ en matière d'intégration des immigrants

Et comme si cela n'était pas assez, les propositions du PQ incluent aussi que "les personnes immigrantes concluent un contrat d’intégration avec la société québécoise". Ce contrat, d’une durée de trois ans, inclurait, entre autres choses, l’obligation de faire l’apprentissage de la langue française. Pourquoi une telle presse et pourquoi un telle échéance de trois an ? ... Mystère et bouche cousue.

En contrepartie, le gouvernement s’engagerait à fournir de son côté  toute "l’aide et l’accompagnement nécessaires pour l’apprentissage du français et l’intégration au milieu du travail".  À la lecture d'un tel paragraphe, on ne peut que sourire car c'est le PQ lui-même qui, le premier, commença à couper dans les programmes d'intégration des immigrants.  Déficit zéro oblige.  C'était alors du temps où le PQ était lui-même au pouvoir.

C'est bien beau que le PQ recommence à nouveau, aujourd'hui, de parler de l'importance des programmes d'intégration des immigrants.  Peut-être devrait-il aussi songer à éventuellement faire son propre mea culpa dans ce dossier ... Mais peut-être est-ce en même temps trop demander au PQ ? ...  Chose certaine, cela le place plutôt dans une drôle de position pour vouloir ensuite faire la leçon aux autres.
 

À propos du projet d'écrire une nouvelle Constitution pour le Québec

L'autre proposition, déposée par madame Marois à la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, et portant celle-là sur le projet d'écrire une nouvelle constitution pour le Québec, est tout aussi problématique.  Tout au moins dans sa forme actuelle.

L'idée que le Québec ait sa propre constitution, n'est pas en soi mauvaise.  Un jour ou l'autre, lorsque le Québec sera indépendant, il devra forcément avoir sa propre constitution.  Le fait de suggérer qu'on commence à se pencher sur la question, dès maintenant, peut être une bonne idée.  Le PCQ, tout comme Québec solidaire, proposent eux-mêmes, depuis déjà un certain temps, la même chose.  Sauf qu'on demande en même temps que cela se fasse via une Assemblée constituante, dont les membres seraient élus directement par la population.  On est donc bien loin de la proposition du PQ qui, dans les faits, revient à laisser tout le dossier entre les mains des politiciens à Québec, ainsi qu'à ceux et à celles qu'ils auront nommés ou choisis pour ce travail.

Quand on sait que l'Assemblée nationale est actuellement dominée par des politiciens de droite, qui n'ont que faire du bien commun en même temps que du projet de souveraineté du Québec, on se demande bien comment la proposition du PQ pourra vraiment nous faire avancer dans la lutte pour la justice et le progrès social.  Au mieux, cela apparaît comme une tentative un peu grossière pour essayer, une fois encore, de ravir à l'ADQ un autre élément de son programme.  Un peu comme les libéraux le faisait déjà par rapport à d'autres sujets.  Sauf qu'il serait plutôt surprenant que cela aille bien loin par rapport à cette question de constitution et ce serait tout aussi bien.

Non seulement cette proposition, comme toutes les autres, n'a en effet que très peu de chances d'être adoptée, avec tous les autres à-côtés proposés par le PQ, mais si jamais, et par un quasi miracle, cela devait se faire, alors cela aurait toutes les chances de se retourner contre l'ensemble de ceux et de celles qui veulent d'abord que le Québec soit et demeure solidaire et qu'il continue à progresser socialement.  Une telle constitution ne pourrait être autre chose, dans l'état des rapports de forces sur la scène politique, qu'un duplicata des programmes des libéraux et/ou de l'ADQ et la population n'aurait alors que bien peu de prise sur un tel texte.
 

À propos des commentaires de Pauline Marois contre le récent discours du trône à Ottawa

Les récents commentaires de Pauline Marois par rapport au récent discours du trône, à Ottawa, sont tout aussi questionnables.  L'essentiel de ceux-ci se limitent à dénoncer le gouvernement Harper pour avoir encore en tête d'empiéter encore plus dans les domaines de compétence du Québec.

Le fait d'accorder autant d'importance à cette question n'est pas à proprement parlé surprenant de la part du PQ.  Les difficultés avec lesquelles Pauline Marois tente d'expliquer devant les médias  pourquoi le PQ se refuse à faire la moindre concession sur cette question alors qu'il ne s'enfargeait pas autant dans les fleurs du tapis quand son prédécesseur, André Boisclair, décida l'an dernier d'appuyer la motion des Conservateurs sur la nation québécoise, font sourire.  Encore aujourd'hui, Pauline Marois continue toujours à dire que que le fait d'appuyer une telle motion était alors la bonne chose à faire, sauf que ses explications ne sont pas pour autant plus  convaincantes ...

C'est comme si le PQ chercherait toujours et encore à jouer sur plusieurs tableaux à la fois, y compris sur le terrain de la question nationale.  C'est comme s'il voulait tout à la fois flirter avec l'option autonomiste (encore une fois associée à l'ADQ, bien que les libéraux se disent à leur tour de plus en plus autonomistes...) tout en continuant à se dire pour la souveraineté totale et complète du Québec.

L'extrême pauvreté des commentaires de la chef du PQ sur tous les autres sujets traités par ce discours du trône laisse d'autre part, et une fois encore, songeur.  Pas un mot ou presque sur la question de la présence du Canada en Afghanistan (et si oui ou non il faudrait le plus rapidement possible rapatrier tous ces soldats).  Pas un mot ou presque par rapport à ce projet de loi visant à resserrer, de manière drastique, le code criminel dans les cas de crimes violents et qui va carrément à l'encontre de ce qui fait consensus en la matière, ici même, au Québec.  Pauline Marois a beau affirmer d'autre part que les Conservateurs devraient faire beaucoup plus pour protéger les emplois dans l'industrie manufacturière mais elle reste en même temps assez vague sur ce que son propre parti entend faire et proposer lui-même, sur cette question plus particulière.
 

Pour revenir chez nous, par rapport à la multiplication des projets de PPP ...

La quasi absence de réaction du PQ face à la multiplication des indications, en provenance des libéraux provinciaux, comme quoi ceux-ci veulent accélérer le rythme de la privatisation de nos programmes et de nos services publics, ne peut d'autre part s'expliquer autrement que par le fait que le PQ soit lui-même de plus en plus sympathique à une telle privatisation.

D'ores et déjà, et ce dès le début de l'été, Pauline Marois avait déjà envoyé quelques signaux à cet effet.  À défaut de clarifier rapidement ses propres positions, il faudra effectivement conclure que le PQ est finalement sur la même longueur d'onde que les libéraux, ainsi que de l'ADQ (puisque ce dernier est aussi pour une telle privatisation de nos services).
 

Un dernier mot par rapport aux questions d'environnement

On pourrait finir cet exposé en disant un dernier mot par rapport aux questions d'environnement.  Avez-vous essayé de comprendre la position du PQ dans le dossier de Rabaska ?  Sont-ils pour ou sont-ils contre ?  Difficile à dire.  Lorsque confronté à la question, et non sans avoir plus d'une fois tenté d'éviter la question, à l'occasion d'un point de presse qui se tenait à l'Assemblée nationale, Pauline Marois finissait par se dire contre, mais seulement du bout des lèvres.  C'est comme si, cela lui faisait mal au coeur de se dire contre, mais qu'elle n'avait comme pas le choix.

Le floue de sa position n'a finalement d'égal que la gratuité des attaques que Pauline Marois décocha, lors de ce même point de presse, contre le mouvement écologique en prétendant que celui-ci s'entredéchirait sur la place publique par rapport à ce dossier, soit disant parce que ce mouvement n'aurait pas pris assez de temps avant de prendre position.  Ceux et celles qui voudrait visionner l'ensemble de ce point de presse donné par Pauline Marois, peuvent le faire en cliquant dans le premier hyperlien suggéré dans le coin gauche de cette page, au niveau des autres sujet reliés.

La position initiale du PQ, dans le dossier de Rabaska, consistait à conditionner son appui à une étude plus exhaustive des besoins énergétiques du Québec.  Mais comme il n'y aura pas d'une telle étude, cela ne laisse plus vraiment de marge de manœuvre au PQ.  Tout cela n'est pas sans faire penser à la propre position de l'ADQ qui était, au départ, d'être pour le projet, mais qui dénonce aujourd'hui le bulldozage des procédures sans vraiment dire s'ils sont maintenant rendus contre ce projet ou non.

Voilà bien autant d'exemples de ce qui semble une tendance de plus en plus lourde, au sein du PQ, à vouloir toujours un peu plus "s'adéquiser".  À moins que ce ne soit pour plus se "libéraliser" ...

 

 


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