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Avec son projet de citoyenneté québécoise, le PQ persiste mais se cale un peu plus du même coup. Au point où on pourrait se demander ce qu'il cherche ainsi en agissant de la sorte. Tout cela n'a en même temps rien pour faciliter les débats sur toute la question des accommodements raisonnables.
La plupart des médias attirent l'attention sur le fait que ce projet serait carrément en violation à la fois de la Charte canadienne mais aussi québécoise des droits et liberté, notamment en ce qui a trait à la clause concernant la connaissance du français comme nouvelle condition pour se présenter lors d'élections tenues au Québec.
Mais cela n'est en fait qu'une partie des problèmes associés au projet péquiste. Ainsi, et tel que stipulé à l'article 49.2 du projet, d'autres conditions seraient également nécessaires pour devenir un citoyen du Québec, comme par exemple, le fait que vous devrez désormais démontrer "une connaissance appropriée du Québec", ce qui est plutôt flou comme critère et pourrait donc se prêter à diverses interprétations. On ajoute également d'autre critères, comme le fait d'être domicilié au Québec, en surplus d'être citoyen canadien, d'avoir effectivement résidé au Québec durant au moins 6 mois, et en particulier dans les trois derniers mois, et d'être également citoyen canadien depuis au moins 3 mois.
Toute l'attention est actuellement porté sur le fait qu'un tel projet restreindrait potentiellement la possibilité de se présenter lors d'élections mais, en fait, cela va bien au delà de juste cela et pourrait aussi toucher beaucoup plus de gens. L'article 49.6 stipule en effet qu'une telle citoyenneté deviendrait un critère additionnel dans la possibilité pour un individu d'appuyer financièrement un parti politique. Actuellement, il suffit d'avoir la capacité d'électeur ou d'électrice pour avoir le droit de faire une contribution financière. Mais avec le projet du PQ, cela deviendrait un peu plus compliqué ... et surtout sujet à potentiellement toute sorte de jugements de valeur, considérant entre autres choses ce qui est mentionné plus haut.
À moins d'être déclaré citoyen ou citoyenne du Québec, vous perdriez également le droit de vous adresser à l'Assemblée nationale via l'utilisation de pétitions.
Les représentants du PQ peuvent bien essayer de se justifier en disant que la loi 101, sur la langue avait, elle aussi, suscité bien des oppositions à ses débuts, mais la situation est totalement différente. Au moment de l'adoption de la loi 101, il y avait un problème très sérieux au niveau de la protection de la langue française au Québec. La loi 101 créait alors certaines contraintes aux immigrants, de même qu'en milieux de travail et aussi au niveau des règles d'affichage commercial mais cela s'imposait en même temps et l'état du français au Québec suggère toujours le maintien de ces règles; non seulement cette loi devrait-elle en effet être maintenue mais elle pourrait même être renforcée. Seul quelques extrémistes ultra-chauvins et particulièrement réactionnaires oseraient encore dire le contraire sur la scène publique.
Par contre, et pour revenir à la question de la participation à la vie politique, on se demande bien en quoi la situation d'aujourd'hui justifierait le projet du PQ. Même le PQ a de la misère à donner une explication claire à ce sujet.
On aura beau vouloir effectivement continuer à protéger le français, on voit mal comment le fait de restreindre les possibilités d'appuyer un parti politique ou un autre, ou le fait de restreindre le droit des gens à faire des pétitions, pourrait nous aider à accomplir un tel objectif. Même chose avec l'idée de vouloir restreindre la possibilité de se présenter comme candidat ou candidate lors d'une élection. D'autant que les gens qui se présentent à une élection parlent déjà le français pour la grande majorité, sinon la totalité d'entre eux...
Le PQ peut bien également s'appuyer sur le tout récent sondage qui vient d'être publié à propos de son projet. Sauf que ce sondage est en même temps biaisé. Les questions ont toutes été faites pour favoriser et induire une réponse positive, dans le style : "Êtes-vous d'accord pour que les immigrants apprennent le français ?".
Il peut bien également ajouter que les critères prévus pour obtenir une telle citoyenneté ne serait pas fondamentalement différents de ce que le Canada fait déjà dans le cadre de son propre processus d'obtention de la citoyenneté canadienne. Mais le PQ ne peut en même temps nier que son projet pourrait éventuellement restreindre les droits constitutionnels de certaines personnes, même après qu'elles aient obtenu leur citoyenneté canadienne, ce qui créerait alors des différences entre gens qui sont pourtant supposés être égaux ...
Le pire avec tout cela, c'est que c'est finalement en train de faire de plus en plus dévier tous les débats autour de la Commission Bouchard-Taylor, à propos des accommodements raisonnables, notamment en ce qui a trait aux suggestions au niveau de l'importance de maintenir la laïcité de nos institutions publiques et de ne pas mettre en péril certains de nos grands acquis sociaux.
Cela éclipse d'un coup un paquet de suggestions qui étaient pourtant très intéressantes et qui étaient ressorties durant les débats, au cours des dernières semaines, mais qui, à cause de ces plus récents développements, ont plutôt tendance à retomber dans l'oubli. C'est comme si on revenait soudainement en arrière, comme durant la dernière campagne électorale, alors que Mario Dumont et l'ADQ pilonnait leur discours anti-immigrant.
Parlant de l'ADQ, on ne devrait pas se surprendre du caractère plus modéré des réactions de ce parti par rapport aux propositions du PQ (si on les compare, par exemple, à celles de Jean Charest). Du côté des libéraux, cela se comprend : intérêts partisans obligent. Du côté de l'ADQ, cela s'explique aussi. C'est que le PQ pile de plus en plus dans les plate bandes de l'ADQ avec de telles propositions. L'ADQ serait donc bien mal placé pour monter dans les rideaux.
Cette très claire bévue de la part du PQ fait également en sorte de tasser complètement les propositions concernant l'utilisation du français au travail (lesquelles faisaient aussi partie du projet de loi) et qui, dans leur cas, méritaient qu'on les appuie. C'est d'autant plus dommage que ces mêmes propositions, à propos de l'utilisation du français au travail, ne restreignait d'aucune manière les droits de quelque citoyen que ce soit. Tout ce qu'elles faisaient étaient de créer de nouvelles obligations aux corporations, de manière à faciliter à tous et à toutes la possibilité effective de travailler en français. Une chose qui est encore largement niée à une bonne partie de la population (même si le français est supposé être la langue officielle au Québec), ce qui est en soi une véritable aberration.
On pourrait tout autant critiquer le caractère disproportionné de la couverture médiatique donné une fois encore aux représentants d'Hérouxville ainsi qu'à leurs recommandations complètement loufoques -- cela se passait le 24 octobre --, alors que de nombreux autres intervenants, qui participent toujours aux audiences de la Commission Bouchard-Taylor, continuent pour leur part à tenir un discours complètement différents ... mais ne reçoivent finalement que très peu de couverture.
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