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Le
tout dernier Conseil national du PQ, tenu cette fin de semaine, vient
de mettre en relief, une fois de plus, les différences majeures pouvant
exister entre ce parti et Québec solidaire. Tous deux sont
souverainistes, mais pour le reste, le discours est plutôt très différent.
Pendant que Québec solidaire met en effet la priorité, dans son plan de relance économique, sur la défense du monde ordinaire, ainsi que sur la réappropriation de notre économie pour s'assurer que celle-ci suive une orientation qui aille dans le sens du bien commun, au PQ, c'est une autre histoire.
La principale proposition à
saveur économique, qui semble être ressortie des discussions survenues lors
de ce conseil, consisterait à réduire les taxes sur la masse salariale que
les différents employeurs sont obligés de payer et qui contribuent chaque
année pour une somme avoisinant les 6 milliards de dollars. Cette taxe
est actuellement fixée à 3.25%.
Aider encore plus la grosse entreprise plutôt que de se concentrer à aider le monde ordinaire
En d'autres termes, au lieu de chercher à mieux protéger les travailleurs et les travailleuses, de même que les moins nantis, le PQ semble surtout s'orienter vers une bonification des programmes visant directement le monde des affaires, s'enlignant donc, et conséquemment, sur une ligne plutôt très similaire à celle de Jean Charest et même ... de Stephen Harper.
Il fallait aussi voir Pauline Marois, au moment de son discours d'ouverture, lors de ce même Conseil, ramollir sa position initiale vis à vis de Jean Charest ainsi que de la possibilité que l'ensemble des différents tarifs (contrôlés par l'État québécois, à l'exception cependant des frais de garderies) soient revus à la hausse. En lieu et place de maintenir une position ferme et clairement contre une telle approche, elle s'était plutôt contenté de critiquer le premier ministre pour ne pas avoir promis qu'il y aurait en même temps des mesures fiscales (ou autres) pour "amoindrir" ces même hausses... Même les journalistes n'avaient pas manqué de noter cet espèce de glissement (lequel fut cependant, au moins partiellement corrigé lors de son discours de clôture ... Tiens, tiens).
La chef du PQ a beau dire être plus préoccupée que jamais par l'importance de réaliser l'indépendance du Québec, cela soulève en même temps la question suivante : un indépendance pour faire quoi ?...
Selon Pauline Marois, si on veut pouvoir mieux se protéger contre les crises économiques comme celle que nous vivons, alors nous devons nous débarrasser de la tutelle du fédéral. Là-dessus, nous sommes d'accord.
Là où cela devient plutôt
contradictoire, c'est de voir le PQ revenir à la charge avec l'idée de la
souveraineté pour finalement promouvoir, en même temps, la poursuite des
mêmes politiques prônées aussi bien à Ottawa, qu'à Québec, par les
différents partis fédéralistes... Comme devait le dire la chroniqueuse
Chantal Hébert, lors de l'émission de télévision "Les Coulisses du
Pouvoir", ce matin même, cela fait plutôt bancal comme méthode pour
relancer l'idée de la souveraineté. Chantal Hébert a beau être connue
pour ses positions plutôt fédéralistes, sur ce point, elle a raison.
Ce n'était guère mieux, l'automne dernier, à l'occasion des dernières élections...
Lors des dernières élections, cet automne, le programme à teneur plus économique du PQ faisait tout aussi dur.
La première des mesures présentées par Pauline Marois pour essayer de relancer l'économie et mieux protéger les travailleurs et les travailleuses concernaient une bonification des programmes de formation de la main d'oeuvre, pour ceux et celles qui perdent leur emplois. La mesure n'est pas en soi mauvaise, mais n'aiderait en rien à empêcher que ce qui s'était passé, par exemple, à Donnacona, ou chez Aleris, plus tôt cet été (c'était là encore un scandale majeur), ne se reproduise.
Deux autres mesures alors préconisées par le PQ pourraient être jugée comme pouvant aider à la protection des emplois.
Il s'agit dans un premier cas de donner le mandat à la Caisse de dépôt et de placement du Québec de mettre en place un nouveau fonds d’investissement pour les entreprises québécoises, notamment les PME. Dans un deuxième cas, il s'agirait également de relever le plafond maximal de participation des fonds de capital de risque, tels que le Fonds de solidarité de la FTQ ou le Fondaction de la CSN, à condition que les entreprises concernées aient moins de 1 milliard de dollars de capitalisation.
Une fois encore, ces deux mesures, qui se voulaient temporaires, de l'opinion même du PQ -- on pourrait en même temps se demander pourquoi -- ne sont pas mauvaises en soi. Toutes deux vont dans le sens de ce que le PCQ souligne depuis déjà des années et qu'il adoptait lui-même comme mesures souhaitables lors de son plus récent congrès, qui se tenait il y a quelques mois; il en va de même pour la bonification des programmes de formation de la main d'oeuvre en cas de mises à pied. Là n'est pas le problème.
Le vrai problème réside dans le fait que de telles mesures ne régleraient strictement rien à des situations comme celles que les travailleurs et les travailleuses d'Abitibi Bowater à Donnacona vivent présentement. À savoir lorsque de puissantes multinationales, comme cette compagnie, décident de faire ce qu'elles veulent.
Toutes les autres mesures annoncées par madame Pauline Marois, lors de cette campagne, n'avaient rien à voir avec la question des fermetures des usines et d'entreprises et portaient plutôt sur l'implantation de nouveaux crédits d'impôts.
Le problème avec tout cela, et ce n'est pas un problème qui date seulement d'hier, c'est que tout cela n'a rien pour nous aider à sortir du cul de sac politique dans lequel les vieux partis cherchent encore à nous enfermer. Heureusement qu'il y a au moins aujourd'hui Québec solidaire... Autrement, on ferait vraiment dur.
On peut en même temps se demander comment les syndicalistes qui continuent encore à croire au PQ, comme ceux et celles qui oeuvrent au sein du SPQ Libre, vivent toutes ces contradictions, entre ce pour quoi ils et elles se battent, et la manière dont le PQ finit d'autre part par traiter leurs propres revendications.
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