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et pousser d'autant ce parti plus à droite de l'échiquier politique
Par André Parizeau
Chef du PCQ
Le dernier Conseil national du PQ, qui se tenait à la mi-mars, confirme la tendance des dernières années pour alléger encore plus le programme de ce parti, de manière à recamper celui-ci de manière encore plus clairement à droite de l'échiquier politique. Tout cela confirme en même temps, et ce de manière tout aussi évidente, l'isolement grandissant de l'aile gauche du parti, au sein de ses instances. Quatre événements, ou décisions prises lors de ce Conseil, méritent d'être plus particulièrement soulignées à cet égard.
Dans un premier temps, il faut noter la décision quasi unanime des déléguéEs pour entériner la recommandation de la chef, Pauline Marois, visant à enterrer l'engagement formel du parti pour tenir un référendum à l'intérieur du 1er mandat d'un éventuel nouveau gouvernement péquiste. La position de repli de l'aile gauche du PQ, représentée par le SPQ libre, laquelle position consistait plutôt à prévoir la tenue d'un référendum si au moins 10% des électeurs et des électrices en faisaient la demande, fut rejetée sans même qu'il y ait véritablement un débat. Cela, en soi, parle déjà de lui-même.
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Sur la photo : la chef du PQ, Pauline Marois, suivie en arrière par le président du SPQ Libre, Marc Laviolette. |
En parallèle, -- et il faut quand même le souligner -- les déléguéEs ont également voté en faveur de la remise au rancart du projet de "conversation nationale", un autre projet auquel la direction du PQ s'était assez clairement associé, juste avant la tenue du Conseil. Le résultat peut faire sourire. Des suites de tous ces votes, le PQ n'a plus vraiment de stratégie officielle pour continuer à faire la promotion de son projet de souveraineté du Québec. Cela n'était pas vraiment une surprise puisque qu'à peu près tout le monde, sur la scène politique, avait plutôt raillé la formule de "conversation nationale". Ce fameux projet de "conversation" n'allait nulle part de tout manière.
La chef du PQ a beau dire, depuis ces votes, que tout cela est maintenant bien mieux puisque le parti ne sera désormais plus prisonnier d'aucune stratégie particulière; il reste que la direction du PQ n'a surtout plus aucune obligation particulière face à la question nationale, soit disant son article No 1, sinon que d'en parler. Ce qui, tout le monde en conviendra, demeure flou au possible.
Tout cela soulève en même temps une autre question . Comment se fait-il en effet qu'un Conseil national du PQ puisse ainsi modifier un élément aussi central du programme du parti, alors que le précédent engagement du parti à tenir un référendum à l'intérieur d'un premier mandat de cette formation, avait auparavant été voté par un congrès du parti ... Cela se passait alors en 2005.
Ce fameux congrès de 2005 avait marqué une sorte de résurgence de l'aile plus radicale et plus à gauche du parti; cela s'était entre autre manifesté par la reconnaissance officielle, par le PQ, du concept de clubs politiques. Cela avait alors permis au SPQ Libre de faire son entrée officielle par la grande porte. L'adoption de l'engagement à tenir un référendum dès l'obtention d'un premier mandat, de même que l'adoption de toute une série d'engagements à saveur plus sociale et clairement campés à gauche, avaient également marqué ce congrès. De toute évidence, les vents semblent à nouveau avoir changés ...
Le fait que ce même Conseil national ait finalement accepté la possibilité qu'on puisse dégeler les frais de scolarité au niveau universitaire, contredisant ainsi une vieille position du parti, en dit en même temps assez long sur cette fameuse tendance à vouloir faire table rase de tout ce qui serait encore vu comme trop "radical" ou trop à gauche dans ce fameux programme. En agissant ainsi, le Conseil national confirmait ainsi une prise de position qu'avait déjà prise, dès l'été 2007, la chef Pauline Marois.
Le fait que cette nouvelle ouverture au dégel soit assujettie à la tenue d'un Sommet ne change rien quant au fond de cet autre revirement plutôt spectaculaire. Il en va de même de la position prise par le Conseil pour réduire le fardeau fiscal des entreprises privées.
La cerise sur le sundae revient, cela dit, à Pauline Marois qui dénonçait, dans son discours d'ouverture du Conseil, les libéraux pour vouloir chercher (avec leur nouveau budget) à "dilapider l'héritage du déficit zéro". Il faut vraiment le faire ...
Quand on songe à tous les problèmes d'accessibilité et de sous financement que vivent actuellement nos systèmes de santé et d'éducation, notamment à cause de toute cette politique du déficit zéro -- un concept introduit à l'origine par le PQ, faut-il le rappeler --, cela prend tout de même pas mal de front.
Pauline Marois peut bien pavoiser. Pour elle, ainsi que pour tout son entourage, ce Conseil national constitue, à n'en pas douter, une très grande victoire par rapport à tous ce qu'ils réclamaient depuis déjà un certain temps. Pour tous ceux et celles qui espéraient, également depuis longtemps, que le parti puisse continuer dans sa grande opération de recentrage plus à droite, c'est aussi une bonne nouvelle.
Bien des commentateurs de la scène politique n'hésitent pas à dire que ce Conseil fut un des plus "uni" que le PQ ait jamais eu dans son histoire. On aurait mieux fait de parler de "monolithisme" de droite.
Pour tous ceux et celles qui espéraient, à l'opposé, que le Parti puisse profiter de l'arrivée de Pauline Marois pour pouvoir accentuer la pression en faveur d'un recentrage plus à gauche, la fête doit plutôt avoir un goût amer. Car c'est tout le contraire qui est en train de se produire, en définitive.
Chose certaine, si j'étais à leur place, et avec ce que ce Conseil national vient de décider, je ne pourrais faire autrement que de me poser (ou de me reposer) certaines questions quant à la place de la gauche dans ce parti de plus en plus à droite ... Cela est d'autant plus vrai que Québec solidaire, pendant ce temps, prend exactement la tangente inverse à celle du PQ. Dans les faits, les positions de Québec solidaire sont bien plus proches de celles d'un groupe comme le SPQ Libre que peuvent maintenant l'être celles du PQ.
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