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Par André Parizeau
Chef du PCQ
Ceux et celles qui espéraient que l'arrivée de Pauline Marois allait tout changer au sein du PQ, doivent commencer à trouver le temps long et à se demander surtout ce qui peut bien se passer pour expliquer l'étrange silence qui entoure, encore aujourd'hui, les sorties de ce parti sur une foule de questions.
Les événements se bousculent sur la scène politique québécoise mais le PQ n'est toujours pas vraiment présent. Si c'est ainsi que ce parti espère reprendre la 1ère place ou, au strict minimum, une 2e place, en avant de l'ADQ, il semble plutôt mal parti. Comme le disait Yvon Deschamps, à la blague, dans un de ces derniers monologue, le PQ a beau s'appeler le Parti Québécois mais on peut se demander où il est parti...
Allez faire un tour sur son site Internet. Vous pouvez également suivre l'actualité au bulletin de nouvelles, le soir, mais vous aurez de la misère à connaître la position exacte du PQ sur la plupart des grands sujets de l'heure. C'est vraiment frappant. Pour un parti qui fut longtemps au pouvoir, cela fait en même temps très dur.
Quelle est en effet la position officielle du PQ par rapport à la proposition de la CSN pour créer une charte de la laïcité au Québec ? On ne sait pas. Que pense-t-il également de la recommandation du Conseil du statut de la femme pour renforcer le principe de l'égalité des sexes dans la Charte québécoise des droits et libertés ? Idem. On pourrait aussi se demander ce que pense maintenant le PQ de la demande en faveur de la gratuité scolaire complète, y compris au niveau universitaire; trouve-t-il cela aujourd'hui dépassé, comme la nouvelle chef du PQ l'avait a un moment donné laissé entendre; la question est d'autant plus pertinente que Pauline Marois avait, plutôt cet été, ouvert la porte à reconsidérer la position traditionnelle du PQ dans le dossier du gel des frais universitaires.
Et que pense-t-il également à propos du nouveau plan quinquennal des libéraux en matière d'infrastructures ? Ou de la présence militaire canadienne en Afghanistan ? Pense-t-il comme le fait le Bloc qu'il serait correct d'attendre 2009 avant d'opérer le retrait ? Serait-il même ouvert à une poursuite de cette présence ? Sont-ils plus pour un retrait immédiat ? On ne sait pas.
Oh, mais j'allais aussi oublier la question des cours de religion dans les écoles. Un autre dossier que l'Assemblée nationale devra forcément aborder d'ici l'automne prochain.
Est-ce le PQ qui a sonné l'alarme face aux rumeurs d'intrusion accrues du fédéral au niveau de l'industrie des valeurs mobilières ? Eh non ! Il faut croire que même sur ce terrain, jadis une de ses chasses gardées, le PQ semble comme paralysé.
La liste pourrait continuer à s'allonger. Que pense également le PQ, sous la gouverne de son nouveau chef, de la fameuse question des PPP ? Et qu'entend-il faire, d'autre part, dans le dossier de Rabaska ? On pourrait aussi soulever le dossier de la protection de la forêt boréale, celui de la privatisation du réseau de la santé, de la hausse du salaire minimum, de la réforme du mode de scrutin, etc. Est-il d'autre part d'accord avec la suggestion faite par différentes personnalités du domaine public, y compris de l'ancien chef, Bernard Landry, d'hausser de manière significative les tarifs d'électricité ? Et que pensent-ils de ceux qui vont jusqu'à proposer la privatisation de l'Hydro Québec ? Et que proposent-t-ils enfin par rapport à tout le dossier des soins aux personnes âgées ?
L'un des deux seules sorties, véritablement dignes de ce nom, faite par le PQ au cours des dernières semaines, portait sur l'importance de prendre des mesures pour aider l'industrie québécoise de la forêt. L'autre portait sur le dossier des algues bleues. Et même là, cela restait d'une pauvreté extrême. Grosso modo, et dans le dossier de la crise affectant l'industrie de la forêt, le PQ demande au gouvernement de Jean Charest de réduire les redevances sur les droits de coupe pour la production de la pâte à papier. Une revendication dont la FTQ, ainsi que le Bloc Québécois, se font également le relais. Dans les faits, cela revient à continuer à donner encore plus de cadeaux à cette industrie, sans même associer cette aide à quelques conditions que se soient. C'est une stratégie qui fut maintes et maintes fois utilisées dans le passé, aussi bien par les libéraux que par le PQ et ce n'est pas ce qui nous empêche aujourd'hui de vivre une des pires crises de l'industrie vécues jusqu'à présent. C'est pas fort, pour ne pas dire plus.
Au strict minimum, le PQ aurait pu conditionner cette nouvelle demande d'aide à des garanties d'emplois, ainsi qu'à des mesures concrètes pour mieux protéger la forêt; il aurait pu aussi assujettir ses propositions à des promesses pour développer plus de projets misant sur la transformation sur place de cette ressource. Il aurait également pu regarder un peu plus ce que Greenpeace et plusieurs autres organismes populaires écologiques proposent déjà. Même pas. Dans le dossier de l'eau et de la protection de nos lacs et rivières, le même constat s'impose: c'est très timoré.
Faut-il en conclure que les contradictions continuent à ce point d'être fortes au sein de ce parti que cela les empêcherait de prendre un minimum de positions sur toutes ces questions ? Serait-ce plutôt que la dérive à droite de ce parti serait toujours aussi présente mais que la nouvelle direction aurait en même temps de la misère à "packager" leurs nouvelles positions ? Ou peut-être est-ce un mélange des deux.
Plus le temps passe, et plus il devient difficile, même avec Pauline Marois comme chef, de distinguer le PQ de ce que font les autres partis, présents à l'Assemblée nationale. Sinon que le PQ est toujours à la 3e place, que l'ADQ semble entre temps consolider ses positions et que les libéraux, eux, se font beaucoup plus actifs pour essayer de remonter dans les sondages.
Pour Québec solidaire, qui espère toujours percer sur la scène politique et qui, il faut l'espérer, réussira effectivement à le faire, c'est en même temps un signal. Pour mobiliser et percer, Québec solidaire devra elle-même être beaucoup alerte pour réagir à l'actualité politique ainsi qu'à ce que les autres partis politiques disent et font, ou ne font carrément pas.
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