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C’est par une belle journée ensoleillée du mois d'août qu'avait lieu, hier samedi le 11 août, une manifestation au centre-ville de St-Jérôme. Le contexte de tensions, existant entre des compagnies de  St-Jérôme et leurs employés, renforçait la valeur du rassemblement autour des droits des travailleurs. Appelée par le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR), cette manifestation était destinée à revendiquer les droits des prolétaires et à dénoncer l'exploitation exercée sur eux par les employeurs, tout en contestant le système capitaliste lui-même.

Plusieurs membres du PCQ y étaient également et marchaient avec leurs propres drapeaux, avec le logo du PCQ.  Nous étions là pour appuyer le message central de la manifestation, comme quoi il est juste de se révolter contre l'exploitation capitaliste.  Malgré que nous ayons de nombreuses critiques à faire au PCR et à son attitude très sectaire et gauchiste, ils nous semblaient importants d'être là.  D'autant que des manifestations comme cela, cela ne se produit pas très souvent dans les Laurentides.

Nous nous sommes donc tous réunis au parc Mélançon pour amorcer la marche. Déjà, on pouvait voir des patrouilles de polices en quantités industrielles sillonner les rues pour guetter les communistes alors que rien ne s'était encore mis en branle. Trois agents de la police, tous baraqués, se sont présentés pour déclarer que "la manifestation aura bien lieu, mais qu'il sera interdit de circuler dans la rue. Seulement sur le trottoir. Des constats d'infractions seront donnés aux contrevenants". Cette mise en garde a vite été répondue par des cris de protestations. La foule se composait d'une quarantaine de manifestants; longer le trottoir en une longue ligne était inconcevable. La rue est le lieu des revendications populaires, quand même, pas le trottoir !

Malgré tout, le cortège se mit en branle et s'empara finalement des rues de St-Jérôme en criant à l'unisson des slogans rédigés par le PCR tels que:" Qui sème la misère récole la colère / L'exploitation c'est assez, on a raison de se révolter / Le peuple uni, armé, jamais ne sera écrasé /". Bien des manifestants portaient aussi le drapeau rouge. Quelques citoyens venaient poser des questions et prendre des tracts. Des voitures de police suivaient l'attroupement sans cependant intervenir.  Ils disaient vouloir protéger la sécurité publique (de qui nous nous le demandons), mais de minutes en minutes, d'autres se rajoutèrent à l'escorte.

Tout se déroulait selon les règles de l'art jusqu'à ce que l'attroupement fît escale devant la compagnie Mueller pour dénoncer l'oppression bourgeoise sur les travailleurs y peinant jours après jours. Sans crier gare, une horde de voitures de patrouilles bloquèrent la route devant les manifestants. On pouvait compter près d'une vingtaine d'automobiles de quatre corps de polices municipaux (St-Jérôme, Piedmont, Mirabel et St Hyppolite) ainsi que de la SQ. Une armée d'innombrables agents, main sur ceinture, avancèrent vers les manifestants qui, alors, ne faisaient que professer leurs poings dans un stationnement désert.

D'un seul coup, la situation prit une tournure chaotique. Comme s'ils avaient affaires à une émeute plutôt qu'à une manifestation, les policiers sortirent matraques et leur poivre de Cayenne, bloquèrent les issues, interdisant à quiconque d’en sortir et ce sous le silence des multiples lois qui régissent la société; les jets de poivre et les coups fusaient.  Plusieurs policiers se mirent à plusieurs pour encercler un des manifestants.  C'était un cas classique d’abus de pouvoir.  On utilisait la répression la plus honteuse, non pas pour combattre le crime organisé -- – chose que ne sont pas les communistes -- mais tout simplement pour réprimer une manifestation qui s'était déroulé jusqu'à là de manière tout à fait pacifique.  Des gens se firent traîner dans la poussière et la pierre, d'autres s'enfuirent, d'autres se firent arrêter.

Les policiers confisquèrent par la suite tous les mégaphones, les micros ainsi que tous les drapeaux et les bannières.  La police, de toute évidence, n’accepte pas d’être remise en question; elle n’accepte pas que son autorité soit remise en cause.  Sous le socialisme, il n’y aurait pas de corps de police organisé et mandaté afin d'exercer une telle répression sur la société civile.  Mais nous sommes encore dans un État bourgeois où l’élite s’amuse à organiser la répression, par son cerbère qu’est la police, sur les moins bien nantis, les prolétaires, les revendicateurs de droits et les communistes.

Plus d'une vingtaine de citoyens de St-Jérôme ont assisté à la scène et ont protesté contre la brutalité gratuite de ces "hommes de loi". Un camarade s'est même fait accuser d'intimidation parce qu'il prenait des photos avec son cellulaire (alors qu'il était encerclé de trois immenses gorilles pompant leurs muscles); il a finalement été embarqué sous prétexte qu'il est illégal de sacrer (!!!) ...

Les policiers exigeaient en effet que toutes les caméras et les appareils enregistreurs soient fermés ...  Sans doute pensaient-ils ainsi à mieux se protéger au cas où il y aurait une plainte de logée au service de la déontologie... Ils voulaient sans doute s'assurer, en agissant de la sorte, que les manifestants n’auraient pas de preuves de ce qu’ils disent.  Nous le disons, nous du Parti Communiste du Québec, et nous dénonçons les abus  policiers qu’il y a eut ce 11 août.  Il faut aussi penser que ces mêmes "gens de lois" ne les connaissent même pas leur propre loi : ils étaient incapables de citer une seule loi, un seul article de loi, pour justifier leurs interventions, alors que des manifestants les interpellaient pour savoir au nom de quoi ils ne pouvaient manifester pacifiquement.  ‘’Brutalité, Répressions et Matraquage’’ est le dicton de la police.

Bref, voilà bien une preuve flagrante de répression policière telles que l'on a vu dans les pires chapitres sous le règne de Maurice Duplessis, ainsi que dans les pays du tiers monde ; cependant, nous ne sommes pas au tiers monde, et cela se produit pourtant ici, au 21e siècle. Voilà le soulignement de la véritable allégeance des agents de police au service de la bourgeoisie et des ministres. Le portrait, que nous garderons longtemps en souvenir, d'un assaut policier gratuit sur une mobilisation populaire au porche d'une usine oppressive lève le voile sur les priorités de la justice capitaliste.

"To serve and to protect", disent les policiers. Pour servir qui et pour protéger quoi ? Le 11 août 2007 a donné réponse à ces questions.  D’ailleurs, les seuls changements sociaux que veulent et souhaitent les corps policiers, ce sont davantage de budgets pour exercer leur répression, et ce sont aussi pour pouvoir se payer de nouveaux jouets avec lesquels exercer cette même répression.  Après tout, comment raisonner autrement alors qu’ils sont entraînés à user de la force de leur corps et non de celle de leur raison critique.  S’il y avait un brin d’autocritique dans la police, elle réévaluerait l’entraînement qu’elle reçoit, la façon et le temps qu’elle est autorisée à l’utiliser et se rendrait compte, par exemple, que c’est ridicule d’envoyer 6 auto patrouilles dans un quartier cossu, alors que le niveau de criminalité y est bien moindre, et qu’une seule voiture dans un quartier défavorisé et empreint d’une criminalité en hausse.

PCQ section des Laurentides
12 août 2007



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