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Par André Parizeau (*)
 

Le couperet vient de tomber et l'annonce n'est pas vraiment une surprise pour personne.  Aucune accusation ne sera finalement portée contre le policier qui a tiré sur Fredy Villanueva dans un parc de l'arrondissement Montréal-Nord au mois d'août dernier, puisqu'aucune infraction criminelle n'aurait été commise, tout au moins selon le Bureau des poursuites criminelles et pénales.  Et vlan !  Il ne s'agirait en fait que d'un autre et simple cas de légitime défense de la part du policier, toujours selon ce Bureau.  C'est une véritable gifle à l'intelligence de tous les Québécois et les Québécoises.

Dans le cadre d'un long exposé servant essentiellement à noyer le poisson, le Bureau des poursuites criminelles et pénales conclut essentiellement sur les trois points suivant :

  1. Il n'y aurait eu aucune infraction criminelle de la part des policiers impliqués;

  2. Il était correct de la part des policiers d'intervenir de la manière dont ils l'ont fait car les jeunes, qui furent interceptés étaient dans l'illégalité en jouant au dé;

  3. Aucun des jeunes n'était armé mais ils représentaient néanmoins une menace sérieuse à l'intégrité et la vie des policiers; conséquemment, l'un de ceux-ci était tout à fait dans son droit de tirer à quatre reprises contre ces jeunes; c'était un clair cas de légitime défense de la part du policier.

Comme pour nous convaincre encore plus, un des procureurs n'a pas hésité à nous sortir ce qui aurait été une retranscription d'un commentaire d'un autre jeune présent sur les lieux ; ce dernier aurait lui-même, et toujours selon ce procureur, confirmé entre deux ou trois "Yo" et plusieurs "man" comment le policier n'avait réellement pas eu le choix. Wow !  Il fallait voir, du reste, ce procureur mettre les intonations voulues chaque fois qu'il prononçait un "Yo" ou un "man"...

Tout cela démontre uniquement à quel point tout le soit disant système de contrôle entourant les gestes des policiers ne marche juste pas, comment tout cela relève en fait d'une véritable mascarade, comment la police se prend véritablement comme étant au dessus de tout et comment, quoiqu'il arrive, ses membres se croient aussi "protégés", et comment ils ne se trompent pas en pensant ainsi  ...

Cela démontre en même temps à quel point une refonte en profondeur de tout l'appareil policier s'impose.  C'est ce que nous, au PCQ, réclamons depuis déjà un certain temps.  En annonçant le soir même que son gouvernement enclenchera sous peu une enquête publique sur toute cette affaire, le ministre Jacques Dupuis cherche de toute évidence à essayer de calmer les esprits.  D'autant que pareille décision n'est pas forcément quelque chose de trop bon pour un parti comme les libéraux, en plein temps d'élections.  Surtout quand il ne reste plus que quelques jours avant le jour du vote. Mais que fera donc ce gouvernement, une fois l'enquête finie, si jamais elle a effectivement lieu ? Est-ce que cela sera à nouveau "business as usual" après ?

Ce dernier épisode de la société soit disant démocratique dans laquelle nous vivons, où tout le monde seraient égaux devant la loi, mais où il y en a manifestement qui ne le sont pas, tout cela en prend une fois encore pour son rhume.  C'est une indication de plus de comment une véritable refonte de l'appareil policier, de même que de l'ensemble de notre système judiciaire, impliquera forcément, à terme, qu'on regarde aussi une refonte en profondeur de toute notre société.


 

(*)  André Parizeau était jusqu'à récemment le chef du PCQ.  Lors du XVIe congrès du PCQ, qui se tenait du 17 au 19 octobre 2008, un nouveau chef du parti fut élu en remplacement de ce dernier; André Parizeau avait déjà annoncé plusieurs mois avant qu'il ne demanderait pas un renouvellement de son mandat lors de ce congrès, préférant laisser la place à la relève.  Celui-ci demeure cependant porte-parole principal du Parti.  Le nouveau chef est maintenant Francis Gagnon Bergmann.



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