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Le plus récent sondage, publié par Léger & Léger contredit toutes les théories à propos d'un virage à droite de l'opinion publique québécoise. Soixante dix pour cent (70%) des gens interviewés se sont déclarés contre les baisses d'impôts et préfèreraient qu'on investisse plutôt cet argent dans les programmes sociaux, ce qui va directement à l'encontre du discours traditionnel de la droite politique.

Même chez ceux et celles qui disent appuyer l'ADQ, le rejet de la proposition en faveur des baisses d'impôt atteint  73%.

Le fait que l'ADQ passe maintenant à la première position, au niveau des intentions de vote, apparaît bien plus, dans un tel contexte, comme le résultat d'une réelle désaffectation par rapport aux autres partis, plutôt que d'une réelle adhésion aux idées politiques, en tant que telles, de cette formation.

Le fait qu'il y ait finalement si peu d'appuis pour le projet de baisses d'impôts reflète en même un constat que la plupart des gens ont déjà fait : ces baisses d'impôts serviraient d'abord et avant tout la classe des plus nantis.  Et pas eux.  C'est du reste ce que nous mêmes, de même qu'une bonne partie des syndicats, des groupes populaires et de toutes les autres  formations politiques, disaient, dès la publication du budget.

Les baisses d'impôts sont un des items centraux du programme des libéraux et de l'ADQ.  La différence majeure entre ces deux partis par rapport à cette question, et qui explique en même temps l'attitude de l'ADQ dans ce dossier, réside dans le fait que ce dernier voudrait qu'on mette d'abord la priorité sur le remboursement de la dette.  Pour le reste, c'est pas mal blanc bonnet et bonnet blanc.  Tout deux considèrent en effet qu'il vaut mieux encourager une privatisation progressive des programmes sociaux, plutôt que de continuer à d'y investir encore plus d'argent.  Les deux partis n'exclut pas non plus qu'on ouvre de plus en plus la porte pour faire payer la population quand celle-ci utilise ces services.  C'est le sens qu'Il faut apporter à la proposition (soutenue par ces deux partis) pour dégeler les frais de scolarité ainsi que celle pour nommer Claude Castonguay responsable d'une nouvelle commission chargée de revoir toute la question du financement dans le réseau de la santé.

Le PQ, qui se dit plus à gauche, mais roule de plus en plus à droite, reconnaît également qu'il faudra un jour ou l'autre remettre en cause l'universalité de ces programmes sociaux parce qu'ils seraient devenus "trop dispendieux".  D'où l'appui tout récent de Pauline Marois à l'idée d'un dégel des frais de scolarité.  Cela fait le tour du chapeau.  À cet égard, le sondage Léger & Léger représente en même temps, pour le PQ, comme un avertissement face à l'approche de plus en plus évidente, suivie par le PQ.

Ce sondage donne en effet un tout autre son de cloche par rapport à ce que voudrait la population.

Reste évidemment une question : comment se fait-il, dans un tel contexte, qu'un parti comme Québec solidaire (qui prône justement des politiques qui vont beaucoup plus dans le sens de ce sondage) ne réussisse pas à percer beaucoup plus, quand vient le temps des élections ?

Ce qui manque le plus à Québec solidaire, ce n'est pas un programme (encore qu'il mériterait encore d'être peaufiné et les dirigeants de cette formation sont eux-mêmes les premiers à le souligner).  C'est bien plutôt les ressources et les appuis.  Cela nous amène finalement à une autre question : qu'attendons-nous donc, tous et toutes, pour appuyer encore plus cette nouvelle formation émergente ?  Plus que jamais, l'appui à Québec solidaire s'impose.

En attendant, la contradiction entre ce que la population dit vouloir et ce qui se passe, pendant ce temps à l'Assemblée nationale, devient chaque jour plus évidente.