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Par Joël Vallières,
membre du PCQ et membre de
Québec solidaire Jean-Talon
1910
Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, propose la création d’une marine de guerre canadienne intégrée à la flotte impériale britannique. Il sera défait aux élections de 1911.
Fondation de l’Association canadienne française d’éducation d’Ontario.
1912
Robert Borden, nouveau premier ministre canadien, propose le don de 35 M $ à l’Angleterre pour contribuer à la flotte de guerre britannique. Le Sénat, majoritairement libéral, empêche la sanction de la loi.
1914
6 août 1914 : Le parlement canadien sanctionne un budget de 50 M $ pour constituer une armée canadienne.
22 août 1914 : Sanction de la Loi des mesures de guerre.
20 oct. 1914 : Le 22e bataillon, qui deviendra le 22e régiment, est créé à Saint-Jean (Québec).
7 nov. 1914 : Les effectifs canadiens autorisés pour la guerre augmentent à 30 000 hommes.
1915
Avril 1915 : En Ontario, le Règlement XVII (imposé sous forme de circulaire d’instruction en juin 1912) devient force de loi. Il ne sera abrogé qu’en 1927.
8 juil. 1915 : Par décret ministériel, les effectifs autorisés sont augmentés à 150 000.
22 oct. 1915 : Le Roi britannique fait un appel à ses sujets pour meilleure contribution militaire.
30 oct. 1915 : Les effectifs autorisés passent à 250 000.
Déc. 1915 : Henri Bourassa et Le Devoir sont considérés par les anglophones comme des agents du fascisme.
1916
1er janvier 1916 : Les effectifs autorisés augmentent à 500 000.
8 fév. 1916 : à l’unanimité de la Chambre, le BNAA est amendé pour prolonger e parlement du 7 oct. 1917 au 7 oct. 1917.
23 août 1916 : à Montréal, une assemblée populaire anticonscriptionniste se prend aux mains avec les Irish Canadian Rangers.
Octobre 1917 à janvier 1918 : Robert Borden parcourt le Canada en vue de solliciter l’accroissement des effectifs militaires. Pendant ce temps, au Canada anglais (dans la presse comme dans le monde politique), on exige la fermeture du Devoir, l’arrestation de Bourassa et même sa pendaison.
15 nov. 1916 : Borden fait démissionner Sam Hugues, Ministre de la Milice, suite aux révélations d’une Commission royale d’enquête portant sur des enrichissements frauduleux.
Déc. 1916 : La direction de la Commission du Service national s’engage auprès d’Henri Bourassa pour solliciter son aide pour faire remplir le formulaire de ladite commission après qu’elle s’est engagée que cela ne devait pas mener à la conscription.
1917
17 janv. 1917 : Robert Borden, Premier ministre du Canada, déclare en Chambre : « Parlant pendant les deux ou trois premiers mois de la guerre, j’ai clairement fait comprendre à la population canadienne que nous n’entendions pas établir la conscription. Je le déclare de nouveau explicitement ».
26 janv. 1917 : Durant la campagne pour la partielle dans Dorchester, on apprend que « […] le premier ministre, ses collègues et le néophyte du cabinet, l’honorable ministre du Revenu de l’Intérieur, ainsi que son organe (L’Événement) dans la province de Québec, ont tous engagé l’honneur du gouvernement que le parti tory n’imposerait jamais la conscription; ils ont tous affirmé que si le service obligatoire était mis en force au pays, il le serait plutôt par l’entremise du parti libéral » [cité des Débats de la Chambre des communes].
Fév. 1917 : Robert Borden se rend à la conférence impériale en Angleterre. Il revient, en mai, avec la promesse donnée d’une participation effective de 500 000 militaires Canadiens. À partir de cette date, les conservateurs vont renier leur promesse.
Avril 1917 : 424 000 hommes (incluant les sujets nés en Angleterre mais vivant au Canada depuis peu) se sont déjà volontairement enrôlés. À l’époque, le Canada compte 8 M d’habitants.
Avril 1917 : les troupes devant se rendre à Québec pour l’embarquement outre-atlantique sont accueillies par des légumes pourris et des cailloux.
22 mai 1917 : à Québec, Oscar Drouin, jeune orateur devant une assemblée de 10000 personnes, affirme qu’il combattra la conscription jusqu`à la mort s’il le faut.
23-24-25 mai 1917 : des incidents se produisent aux édifices de certains journaux prônant la conscription.
29 mai 1917 : Robert Borden présente le projet de loi sur la conscription. Il avance aussi l’idée de la possibilité de former un gouvernement d’union (pour la conscription).
11 juin 1917 : projet de loi de la conscription adopté en 1ère lecture.
18 juin au 24 juillet 1917 : 2e lecture et débat parlementaire sur ledit projet de loi.
18 juin 1917 : Wilfrid Laurier propose de référer le projet de loi au peuple par référendum. L’idée était soutenue par Henri Bourassa.
5 juil. 1917 : le sous-amendement Barette, devant disposer de celui de Laurier si adopté, (report de la deuxième lecture du projet de loi dans 6 mois) est battu par 165 – 9 (que des Can-Fr). L’amendement de Laurier, mis aux voix, est battu 118 – 55.
6 juil. 1917 : La Chambre des communes se transforme en comité général pour étudier le projet de loi (proposition principale) jusqu’au 24 juillet.
17 juil. 1917 : La Chambre vota en faveur (82 – 62) un autre amendement pour prolonger le parlement du 7 oct. 1917 au 7 oct. 1918.
18 juil. 1917 : Robert Borden retire sa motion de prolongement du parlement parce que n’ayant pas obtenu l’unanimité.
24 juil. 1917 : 3e lecture du projet de loi et vote donnant 102 pour (77 cons. [4 fr], 25 lib. [1 fr]) et 44 contre (38 lib. [27 fr], 5 cons. [tous fr], 1 ouvrier [fr]) la conscription.
Juin-juillet-août : des manifestations et assemblées quasi-quotidiennes s’organisent partout au Québec contre la conscription. Armand Lavergne prêche la désobéissance civile; Tancrède Macril, la grève générale; Élie Lalumière, des attentats visant les conscriptionnistes.
26 juil. 1917 : Adoption en première lecture, sans débat, au Sénat, du projet de loi.
3 août 1917 : Au Sénat, l’amendement Bostock (mise en application du projet de loi après les élections imminentes) est rejeté 44 à 34. Le Sénat adopta aussitôt, en 2e lecture, le projet de loi par 54 [43 cons.(dont 8 fr), 10 lib., 1 n.d.] – 25 [23 lib.(16 f), 2 cons. (tous fr)].
8 août 1917 : sanction du projet de loi par le Sénat par adoption sans recourir au vote.
9 août 1917 : La maison de Lord Atholstan est dynamitée.
29-30 août 1917 : manifestations à Montréal réprimées violemment par la police. Un manifestant est tué.
6 sept. 1917 : À Shawinigan, la foule se rue sur le directeur de recrutement militaire de l’endroit qui sauve sa peau in extremis.
12 sept. 1917 : un certain Villeneuve, de Montréal, appelle la foule en assemblée publique à l’indépendance, rompant avec l’Union Jack et ce qu’il symbolise, mais est aussitôt arrêté.
20 sept. 1917 : 1 549 360 hommes sont inscrits en date au Service national, dont 475 363 éligibles au service militaire.
4 oct. 1917 : Le parlement est dissout.
12 oct. 1917 : Robert Borden annonce la formation d’un gouvernement d’union (conscriptionnistes) dont le cabinet était formé de 13 conservateurs et 10 libéraux.
13 oct. 1917 : la conscription est établie en vertu du Military Service Act de même que des tribunaux d’exemption. Les conscrits doivent se rapporter aux autorités en janvier 1918.
17 déc. 1917 : Élections générales fédérales. Au Québec, 62 députés sur 65 sont des libéraux anticonscriptionnistes. Les 3 seuls députés conscriptionnistes du Québec sont 3 anglophones de 3 comtés anglophones de Montréal. Cependant, le gouvernement d’union obtient 71 sièges au Canada, lequel est formé uniquement d’anglophones.
17 déc. 1917 au 23 janv. 1918 : dépôt et débat sur la motion Francoeur à l’Assemblée législative du Québec : « Que cette Chambre est d’avis que la province de Québec serait disposée à accepter la rupture du pacte fédératif de 1867 si, dans les autres provinces, on croit qu’elle est un obstacle à l’union, au progrès et au développement du Canada. » La motion est retirée, le 23 janvier 1918, sans mise aux voix.
1918
28 mars 1918 (jeudi saint) : l’arrestation arbitraire de Joseph Mercier, qui avait pourtant un certificat d’exemption à la maison octroyé le 8 nov. 1917) à Québec déclenche le début des journées d’émeutes (prime de 10$ pour chaque arrestation de déserteurs, alors que le salaire quotidien est de 3$). Ce soir- là, la foule se jette sur la police est les « spotters » fédéraux, prenant d’assaut le poste de police de Saint-Roch.
29 mars 1918 (vendredi saint) : le maire de Québec, Henri-Edgar Lavigueur, pourtant partisan de la loi et l’ordre, déplore la manière de faire des policiers de la veille. Toutefois, les rumeurs affluent de partout concernant un éventuel soulèvement populaire. Le jour passe et, de fait, le soir, environ 3000 personnes partent du quartier Saint-Roch pour monter en Haute-Ville aux chants de l’O Canada et de la Marseillaise. Le maire de Québec, en soirée, demande officiellement l’aide de l’armée fédérale. La foule, maintenant d’environ 8000 personnes, attaquent les bureaux de l’Événement et du Chronicle (journaux en faveur de la conscription) puis s’en prend à l’Auditorium, édifice qu’ils enfoncent afin de mettre la main sur les dossiers des conscrits qui s’y trouvent pour les déchirer et les brûler. Par accident, le feu est mis à tout l’édifice. Lorsque le transfert des pouvoirs civils municipaux aux pouvoirs militaires est accompli, le général Jean-Philippe Landry promet que ses 500 et quelques soldats ouvriront le feu sur la foule dès la lecture de l’Acte d’émeute à l’aide de Machine Guns pouvant tirer 600 balles/minute. La foule, circonscrite maintenant à l’endroit nommé plus tard Place d’Youville (alors place du Marché Montcalm), constituée entre 12 500 et 15 000 personnes à ce moment, se calme à l’arrivée des soldats munis de baïonnettes et de l’intervention du maire qui parlemente avec les plus bruyants. Il serait intéressant ici de noter le témoignage d’Émile Trudel, le chef de police de la ville de Québec, à l’enquête du coroner, qui refusa d’ouvrir le feu sur la foule.
30 mars 1918 (samedi saint) : Le directeur du Conseil du service militaire, dépêché à Québec, Harold Arthur Clement Machin, demande au premier ministre Borden de décréter la loi martiale à Québec et Lévis. Plusieurs agitations se font sentir, particulièrement devant le manège militaire assaillit par la foule. Malgré l’intervention d’un sénateur libéral anticonscriptionniste, Philippe-Auguste Choquette, qui appelait au calme, il s’en fallut de peu que l’armée ouvre le feu sur la foule, ayant lue l’Acte d’émeute puis insultant, les armes chargées, les manifestants en tentant de les provoquer. Des charges de cavalerie jusque sur la rue Saint-Jean finissent par disperser la foule.
31 mars 1918 (dimanche de Pâques) : Bien que l’archevêque de Québec, le cardinal Bégin, réprouve les troubles des derniers jours dans une lettre pastorale, plusieurs curés de paroisses, au moment de leur prêche, insistent sur l’attitude provocatrice des autorités et les comportements douteux des agents fédéraux. La tension extrême est palpable si bien qu’en après-midi, lorsque 2000 manifestants arrivent face à face avec le régiment Eight Royal Riffles, ils accueillent les militaires avec des briques et des glaçons, mais les militaires ripostent en tirant aveuglément dans la foule et font 3 blessés par balle dont une jeune fille. Le plus haut gradé Canadien-français de la Milice canadienne, le Major-général François-Louis Lessard est dépêché par train spécial à Québec sur ordre express du gouvernement d’Ottawa afin de réprimer la révolte populaire. Il est suivi de plus de 2000 soldats lourdement armés provenant de l’Ontario et des provinces de l’Ouest. En début de soirée, le l’avocat Armand Lavergne, bien connu pour ses positions anticonscriptionnistes, est approché par la milice afin qu’il puisse calmer la foule. On lui offre même un poste rémunérateur à Ottawa, mais il le refuse. Lavergne, surpris de l’audace de la population, commence une grande procession dans la ville afin de calmer les esprits. À la place Jacques-Cartier, devant plus de 5000 personnes en colère, il atteste que, sans émeute aucune, les soldats se retireront le lendemain; c’était là le message transmis à la foule par l’entremise de Lavergne, venant directement de 3 dirigeants de la milice. Cependant, Lavergne entend tenir une assemblée publique le lendemain si jamais la milice ne se retirait pas de la ville. Toutefois, 600 soldats se dirigeaient sur les lieux pour tirer sur la foule à la moindre intervention anticonscriptionniste. Comme la foule s’est dispersée, elle n’intervint pas. Mais ce n’était que partie remise…
1er avril 1918 (lundi saint) : Armand Lavergne s’aperçoit, tôt le matin, que la milice n’a pas tenu parole. Il s’efforce alors de rencontrer le Majar-Général, le maire de la ville, les trois requérants de la milice, etc. Il se rend compte que le Major-général Lessard, avec qui il avait échangé la veille pourtant, ne désire rien d’autre qu’un affrontement sanglant pour exercer tout le pouvoir que le gouvernement d’Ottawa lui a conféré. Les soldats se sont donc massés à Place Jacques-Cartier où s’était tenue la veille l’assemblée d’Armand Lavergne. Le passage de la cavalerie disperse la foule qui se rend dans le quartier Saint-Sauveur. Là, sans avoir lu l’Acte d’émeute, les soldats s’installent pour tirer des salves comme en rase campagne puis installent la mitrailleuse, laquelle correspond à l’un des quatre mdèles utilisé sur les champs de batailles européens au même moment. Puis, s’adressant en anglais aux passants, curieux et émeutiers (décrits par ailleurs à l’enquête du coroner comme des gamin aux culottes courtes) en leur lançant des injures, les soldats répliquent aux tirs de glaçons et pierres par celui des balles de carabine et de la mitrailleuse. Quatre (4) personnes sont tuées à Québec : Honoré Bergeron, Alexandre Bussières, Geroges Demeule et Joseph-Édouard Tremblay. Dans le cas de ce dernier, il est mort le lendemain au bout de son sang, n’ayant reçu de l’aide que d’un curé, les soldats le laissant gisant. L’enquête du coroner révélera qu’une simple application d’un garrot aurait suffit pour le garder en vie, car la blessure originelle n’était pas mortelle. Monsieur Tremblay revenait de l’école vers chez lui. Les violences militaires font en plus environ 70 blessés. Du côté des militaires, 5 blessés mineurs. Le lendemain, ils étaient tous sur pied. Les soldats anglophones venaient de tirer sur la foule francophone avec de l’équipement militaire dernier cri, selon des méthodes de combat éprouvés, tuant leurs ennemis qui eux, ne souhaitaient seulement ne pas participer à la guerre. Fait à noter, toutes les victimes de la journée avaient des frères ou cousins proches engagés aux combats en Europe.
2 avril 1918 : Environ 2500 soldats sont postés partout dans la ville de Québec. Ils ont pour ordre : « shoot to kill ». Par ailleurs, le coroner Jolicoeur prétend que les 4 personnes tuées la veille l’ont été par balles explosives dont l’usage est strictement interdit.
3 avril 1918 : Les juges de la cour d’enquête déboutent l’accusation du coroner Jolicoeur. Six (6) personnes sont choisies pour former le jury et assister le coroner Jolicoeur pour son enquête.
4 avril 1918 : Le gouvernement fédéral, par arrêté ministériel, suspend les libertés civiles à Québec. Ce faisant, il instaure la cour martiale, supprime toute législation et cour civile québécoises. Le gouvernement canadien légalise aussi toute intervention militaire « le ou après le 28 mars 1918 », ce qui constitue la légalisation des assassinats perpétrés le 1er avril par les militaires. Il s’agit rien de moins que la suppression totale et sans appel de tous les droits civils. Alleyn Taschereau, représentant québécois du Ministère de la Milice canadienne, intervient, cette journée-là, à l’enquête du coroner en ces termes : « Le seul fait que ces personnes étaient dans la foule les rendit susceptibles d’être arrêtées ».
8 avril au 13 avril 1918 : Enquête du coroner. Trente (30) personnes y témoigneront.
19 avril 1918 : La Loi du service militaire est amendée de façon à rendre presque impossible le recours aux exemptions.
***
La municipalité de Québec a alloué 26 695 $ en dommage à la propriété, mais 0 $ concernant les familles des victimes.
Le gouvernement fédéral n’a jamais alloué quelque compensation que ce soit ni n’a jamais présenté d’excuses publiques aux familles des victimes depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, 90 ans plus tard…
Sources consultées :
Richer, Léopold (1940). [Notes d’histoire politique] La Conscription au Canada en 1917. Comment le Parlement la décida. Qui la voulut. Qui la vota. Qui l’imposa. Qui la refusa. Montréal, L’imprimerie populaire, coll. « le document : 34 (févier 1940) », 43 p. La brochure est en fait la réimpression d’articles parus dans Le Devoir du 12 au 23 janvier 1940.
Provencher, Jean (1971). Québec sous la Loi des mesures de guerre 1918. Trois-Rivières, Éditions du Boréal Express, coll. « 17/60 : 5 », 146 p.
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