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Par André Parizeau
Chef du PCQ 

Selon un tout nouveau sondage, rendu public le 24 septembre et portant sur les intentions de votes au Québec pour les prochaines élections fédérales, le Bloc Québécois semble être à nouveau sur sa lancée tandis que les Conservateurs, eux, piqueraient carrément du nez.

Le Bloc pourrait désormais compter sur 37% des intentions de votes (son meilleur score depuis le début de la campagne), tandis que les Conservateurs ne seraient plus, pour leur part, qu'à 23%.  Soit une baisse majeure par rapport à ce qu'ils avaient au début de la campagne; les Conservateurs étaient alors au dessus de la barre des 30% et talonnaient alors le Bloc.

Bien des gens au Québec vont applaudir.  Pour le PQ, la nouvelle doit en même temps être source de stress.  C'est qu'il y a en effet une frange significative de l'aile droite de ce parti qui, envers et contre toute logique (excepté sûrement la leur), continue toujours d'appuyer les Conservateurs.  Pour eux, le Bloc Québécois serait trop à gauche (dixit des gens comme Jacques Brassard).

Tandis qu'à peu près tout ce qui est à gauche et se veut progressiste appellent à bloquer les Conservateurs, ces gens-là s'entêtent...  Une telle attitude a assez rapidement engendré, de la part du SPQ libre -- c'est à dire ceux et celles qui, sûrement de manière la plus visible, représentent l'aile gauche du PQ -- une dénonciation assez virulente et, au demeurant, assez bonne.

Le problème pour le PQ (et en particulier pour l'aile gauche de ce parti, ainsi que,  par la bande, pour tout le Bloc Québécois aussi), c'est que toute cette affaire met en même temps en évidence la difficulté grandissante qu'il y a à vouloir toujours unir tous les Québécois et les Québécoises, indépendamment de leur idées et de leur appartenance de classe.  Cela marche de moins en moins.  En fait, cela ne peut juste pas marcher.

Sur le court terme, cela a comme effet de créer comme une cassure entre le Bloc Québécois et le PQ.  Pendant des années, il y avait un lien étroit entre ces deux formations, l'un suivant bien souvent l'autre.  Mais tout cela est comme en train de se fissurer.  Officiellement le PQ est toujours derrière le Bloc.  Sauf que dans les faits, en particulier dans certaines régions, une partie de la machine péquiste serait ... derrière les Conservateurs.

Ce qu'il faut en même temps se dire, c'est que tout cela n'est pas vraiment dû uniquement à un quelconque hasard.   Au sein même du PQ, il y a depuis déjà longtemps un glissement vers la droite et ce glissement ne cesse, dans les faits de s'accentuer.  Cela était évident  sous Lucien Bouchard avec sa politique de déficit zéro.  Cela l'était tout autant sous André Boisclair et cela l'était aussi lors de l'accession de Pauline Marois à la tête du parti, alors qu'elle nommait plusieurs têtes d'affiche de l'aile droite, notamment Joseph Facal, parmi ses conseillers les plus proches.  Cela l'était aussi assez clairement lorsqu'elle s'est mise à redoubler d'efforts pour mettre de côté l'option de la souveraineté.  Finalement, cela l'était aussi lorsqu'elle s'est dite ouvert à possiblement (???) rouvrir le dossier des frais de scolarité, ainsi qu'à concevoir que le privé pouvait avoir un rôle positif à jouer en matière de santé.

À terme, ces plus récents développement sur fonds de campagne électorale fédérale pourraient bien accentuer toutes ces contradictions.  Cela devrait ramener sur l'avant-scène, non pas la pertinence du Bloc Québécois (de part la situation particulière existant sur la scène fédérale), ou même la pertinence du PQ (qui joue de plus en plus le rôle consistant à représenter ceux et celles qui, au Québec, pourraient à la limite se satisfaire de politiques se rapprochant de celles de Jean Charest, mais qui voudraient en même temps un parti un peu plus nationaliste), mais bien plutôt celle de l'aile gauche du PQ, ainsi que de la pertinence pour cette aile de rester dans ce parti.

S'il n'y avait au Québec rien d'autre que le PQ, l'ADQ et les libéraux, on pourrait peut-être un peu plus comprendre pourquoi des gens comme ceux du SPQ libre s'entêtent à rester au PQ.  Mais, justement, ce n'est plus le cas.  Il y a aussi, aujourd'hui, Québec solidaire.  On a un choix.  Québec solidaire représente, sur le plan politique et idéologique, une option bien plus proche des préoccupations des syndicalistes et de tous les progressistes au Québec, que pourra jamais le faire le PQ d'aujourd'hui.  Le problème de base du SPQ libre, c'est qu'ils ne sont juste pas dans le bon parti.

S'ils devaient ultimement joindre Québec solidaire, non seulement cela aiderait bien sûr celui-ci à percer beaucoup plus, mais cela serait également très bon pour les syndicats parce que cela renforcerait aussi, du même coup, le camp de ceux et de celles qui, au sein de Québec solidaire, voudraient que les grandes revendications du mouvement syndical soient aussi beaucoup plus repris par celui-ci.  Cela éviterait aussi aux syndicalistes de continuer à agir essentiellement comme béquilles pour un parti (le PQ) qui, depuis déjà des années, ne veut déjà plus rien savoir de son ancien "préjugé aux travailleurs".

 

 



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