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Note : le samedi 31 mars, le Comité Central du PCQ se réunissait dans la ville de Québec pour faire le point sur l'état de la situation politique, découlant des récentes élections au Québec. Ce qui suit, est un communiqué qui fut alors adopté par le Comité Central à ce sujet.
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Libéraux, Adéquistes et Péquistes se sont livrés une lutte à trois très serrée le 26 mars 2007. Mais comme dans la ligue nationale de hockey, peu importe l'équipe qui l'emporte, ce sont des millionnaires qui gagnent!
Et oui, malgré la bactérie C difficile Charest a réussi à se faire élire. Le Mike Harris du Québec se retrouve maintenant avec un gouvernement minoritaire de 48 députés. Le premier au Québec depuis le XIXe siècle.
Le gouvernement Charest réélu minoritaire et majoritairement impopulaire
Jean Charest a hurlé sur tous les toits durant sa campagne qu'il l'emporterait avec un gouvernement majoritaire. Il semblait réellement en être convaincu même si près de 70% des Québécois étaient insatisfaits de son bilan. C'est pourtant sur ce même bilan que l'équipe libérale a mené sa campagne.
Et oui, le Québec allait bien et allait mieux selon Jean Charest. Que les urgentologues aient déclaré que les urgences n'étaient absolument pas désengorgées n'empêchait pas Jean Charest de se gargariser sur son bilan en santé. Pourtant, même le vétéran libéral Pierre Paradis a déclaré durant la campagne que les choses avaient à toute fin pratique pas bougé malgré tous les efforts. Pierre Paradis n'est pourtant pas un homme de gauche. Mais peut-être qu'il est tout simplement un politicien ayant un minimum de scrupules face à l'opinion publique, chose que Jean Charest n'a absolument pas.
Jean Charest s'est aussi vanté devant tout le monde de son bilan environnemental. Le parti libéral qui n'a pas eu la moitié de la note de passage à l'examen soumis par Greenpeace, avait pourtant tenté de faire avaler de force à la population le projet du Sûroit durant presque toutes les deux premières années de son mandat. Il soutenait aussi avec enthousiasme le projet Rabaska. Uniquement avec ces deux éléments, on voit encore que Jean Charest riait de tout le monde lorsqu'il parlait de son bilan phénoménal.
Dans les faits, les libéraux n'ont jamais été aussi impopulaires. Ils ont obtenu le plus bas appui populaire de toute leur histoire, donc en presque un siècle! Le Parti Libéral réussit donc à survivre sur le respirateur artificiel grâce au vote monolithique de la communauté anglophone de Montréal et de son électorat vieillissant. Dans le vote francophone le PLQ est une épave.
Les cadavres de Réal Caouette et Maurice Duplessis reviennent nous hanter!
La campagne électorale fut l'objet d'une surprise de taille. Le Moyen-Âge frappe au porte du 21ème siècle: l'ADQ a réussi a raflé 30% des voix et 41 sièges. La réincarnation politique de Maurice Duplessis devient chef de l'opposition officielle. Mario Dumont aura donc le privilège de passer tout son temps à nous parler du viaduc de la Concorde.
On se posera donc la question suivante: "à quoi ont pensé les Québécois !!!" Et oui, que s'est-il passé ? Dumont semble avoir réussi où Réal Caouette avait échoué!! Les choses ne sont pas si compliquées dans les faits. Dumont s'est premièrement assuré un noyau solide durant la précampagne en semant une hystérie collective en lien avec les accommodements raisonnables. Se basant sur une poignée de faits divers, Mario Dumont s'est rallié les nostalgiques de l'Union nationale et la droite réactionnaire et raciste en abusant à la corde des préjugés xénophobes.
Dumont a aussi eu des alliés précieux durant la campagne. Les vedettes populistes de l'extrême- droite se sont ralliées à lui dès le début. Louis Champagne a premièrement tiré à boulets rouges sur Boisclair en prétendant que "les gars de la shop ne voteraient pas pour une tapette." Par après André Arthur a comparé Mario Dumont à un "gars qui a des couilles" et André Boisclair à une fille!! Le maire d'Huntington a appelé ses concitoyens et aussi ses téléspectateurs à voter pour Mario Dumont. Ce dernier avait prétendu avoir été approché par tous les partis pour se présenter ce qui s'est avéré être une fable!! La Radio X et sa scission fillioniste d'XM radio ont a aussi fait la promotion de l'ADQ à tour de bras. Marc Simoneau, ancien animateur sportif maintenant conseiller municipal de Québec ayant la fâcheuse tendance à traiter ses adversaires politiques de "guidounes", a lui aussi soutenu l'ADQ. Pierre Mailloux, ancien psychiatre et animateur de radio, a comparé les adversaires de Dumont a "des vielles matantes" qui auraient invité leur fiston.
Ces individus étant les spécialistes de la création des hystéries collectives, il ne faut pas se surprendre qu'ils se reconnaissent dans la nouvelle Union nationale. Pierre Mailloux a même donné durant la campagne une entrevue ou il se prononçait pour la stérilisation des pauvres et des handicapés mentaux. Pour lui les femmes seraient inférieures, et battraient leurs enfants "quand elles sont mal baisées." De quoi donner des frissons dans le dos quand on sait que ce sont entre autres de ses partisans qui se sont reconnus dans ce qui est maintenant l'opposition officielle!!
D'ailleurs Dumont a eu maille à partir avec plusieurs de ses candidats. Il en a d'ailleurs congédié deux. L’un avait invité les immigrants à foutre le camp du Québec s'ils ne voulaient pas "s'intégrer" et l'autre s'était moqué de la violence faite aux femmes. C'est sans compter qu'une candidate est allée passer des vacances en Floride en plein milieu de la campagne. Plus drôle encore est un des candidats adéquistes qui se présentait comme un anarchiste et un communiste. Il est surprenant que Mario Dumont ne soit pas allé mettre un cadenas sur la maison de cet hurluberlu.
Mais on ne peut pas expliquer la montée du parti de Mario Dumont uniquement par la horde d'animateurs de radios malpolis qui l'on appuyé. En 2003, les électeurs ont mis au pouvoir Jean Charest car ils avaient été exténués par les Péquistes. En 2007, l'électorat était plus qu'écoeuré du PLQ. Mais le PQ ne sut jamais se montrer comme une réelle option de changement. L'ADQ a donc canalisé aussi un vote massif de contestation.
Le PQ : un simple changement de logo.
L'enfant pauvre de cette élection fut donc indubitablement le Parti Québécois. Son chef André Boisclair, frileux sur l'indépendance nationale et dégoûté par la gauche, a mené une campagne qui en aurait fait perdre sa cigarette à René Lévesque. Pour la première fois dans l'histoire du PQ, un chef de parti ne se prononçait pas une seule fois sur l'avenir de langue française et parlait plus souvent de référendum que du projet de souveraineté association. Cette stratégie douteuse l'a bien sûr mené à sa perte: le PQ s'en tire avec seulement 36 sièges!
Pourtant le PQ avait réussi finalement à simuler l'unité. La FTQ ayant finalement décidé de voter stratégique et d'appuyer le parti d'André Boisclair, les règlements de comptes internes semblaient être mis en veilleuse. Le PQ aurait dû en théorie surfer jusqu'à la victoire selon les théories de nos amis du SPQ libre. Pourtant il n'en a rien été.
Des châteaux forts péquistes ont été renversés par les chasseurs de sorcières "anti accommodements raisonnables" et tout cela à l'avantage de l'ADQ. Boisclair a bien essayé de se racheter en partant une croisade contre le vote des femmes voilées, cela n'a pas pour autant impressionné l'électorat de droite que ce dernier essayait alors de séduire.
Bien sûr les éternelles et sempiternelles luttes internes ont repris de plus belle au lendemain des élections. Bernard Landry s'est mis à attaquer Boisclair. Un des reproches principaux qu’il lui adresse est de ne pas avoir su tirer son épingle du jeu dans le débat sur les accommodements raisonnables!!! Landry convoierait-il l'appui de Pierre Mailloux et d'André Arthur ? En tout cas, ce genre d'analyse laisse songeur.
Mais Landry n'est pas le seul à se plaindre. Les partisans de l'éternelle dernière chance ont commencé eux aussi à faire des vocalises. Le SPQ libre, se croyant toujours comme une force majeure dans le Parti québécois, tente encore de faire du PQ un parti de gauche!! Leur influence étant au plus bas dans le Parti Québécois. Il faut rappeler que le SPQ libre s'est présenté à l'investiture dans deux circonscriptions. Marc Laviolette, président du SPQ libre, a gagné par défaut son investiture, mais n'a pas été élu a l'Assemblée nationale. Tant qu'à Pierre Dubuc, vice-président du SPQ libre et rédacteur en chef de l'Autre journal, il a fini troisième à la course des candidatures dans son comté. Cela ne l'empêchera pas de nous chanter qu'il a un impact sur les hautes instances!
Les péquistes semblent malheureusement n'avoir rien compris aux causes de leur défaite. Ils se déchaînent actuellement contre Québec solidaire. Ce parti nuirait au PQ pour réaliser la souveraineté!! Pourtant QS n'a qu’un an d'existence. Donc le PQ a eu 30 ans sans se faire nuire par Québec solidaire pour réaliser leur projet. Ce besoin de trouver un bouc émissaire est particulièrement criant dans le SPQ libre qui cherche à boucher les trous du Titanic pour le refaire flotter. Mais malheureusement pour Pierre Dubuc, bien des gens dont le Parti communiste du Québec (PCQ) considèrent toujours que seuls les poissons peuvent se sentir à l'aise en ayant comme domicile une épave. De toute façon, même si le PQ avait pris le pouvoir, avec les positions que défend Boisclair, le changement de gouvernement n'aurait été rien d'autres qu'un changement de logo.
Les Verts, une mauvaise blague qui
fait rire jaune.
Sans faire campagne, sans réelle organisation et sans chef intéressant, les Verts ont tout de même réussi à récolter 4% des suffrages exprimés. Le vote vert est un vote sentimental. C'est donc un vote volatile. Il faut comprendre que les Verts ont été maintes fois approchés pour se joindre à Québec solidaire. La direction en place s'y est toujours opposée Pour eux, l'écologie n'est ni à gauche ni à droite.
Pourtant, les Verts auraient dû se poser des questions. Québec solidaire est un des rares partis dans le monde qui doit avoir obtenu une note à toute fin semblable au parti Vert, en matière de préoccupations et de revendications sur le plan environnemental. Qu'est ce qui motive donc les Verts à s'accrocher maladivement à une position sectaire ?
Plusieurs positions des Verts sont d'ailleurs assez étranges. Scott McKay, leader du Parti vert, s'est prononcé contre la nationalisation de l'éolien car c'était une mesure socialiste!! Que doit-on comprendre dans tout cela ? Que Scott McKay est pour un néolibéralisme environnemental ? Et pourquoi pas le végétalisme cannibale !!! Quand on y pense, la direction du Parti Vert nous fait rire jaune. Sans compter que McKay était fort déçu de son piètre résultat personnel en termes de votes exprimés. Ayant a peine dépassé 2000 voix, Scott McKay se plaignait le lendemain de l'élection de s'être fait voler par l'ADQ le vote de protestation sur lequel il comptait !
Une élection historique pour la gauche
au Québec.
Sans avoir réussi à être élu dans la circonscription de Mercier, Amir Khadir a réussi a créer une onde de choc dans l'ensemble du Québec grâce a son discours le soir du 26 mars. Commençant par un poème de Gaston Miron, Amir Khadir a ensuite déclaré que "dans un pays normal, avec un mode de scrutin normal [Québec Solidaire aurait eu] trois députés à l'Assemblée nationale." Il est premièrement ironique de constater qu'un porte-parole de gauche d'origine iranienne se réfère plus souvent au patrimoine culturel de la lutte de libération nationale québécoise qu'André Boisclair, Québécois de souche et leader du parti qui selon Pierre Dubuc est le seul à pouvoir mener l'émancipation de la nation québécoise à bien. D'ailleurs les adéquistes devraient être bien fier de lui car cela est une preuve qu'il est raisonnablement bien accommodé à sa nouvelle patrie. Mais il faut faire attention, en lisant ce poème Amir Khadir a aussi prouvé que contrairement a Maurice Duplessis il sait lire et écrire. Donc pour ceux qui bouillent d'impatience de brûler des livres, ce n'est pas forcément une bonne manière des les convaincre. Surtout qu'il fraye avec des communistes!! Des plans pour mettre un cadenas sur sa maison!
Françoise David a aussi eu dans Gouin une deuxième place plus qu'honorable avec 26% des voix. 4% de voix de moins qu'Amir Khadir dans son conté. Face au résultat de 3,7% dans l'ensemble de la province, plusieurs auraient pu avoir peur que les militants de Québec solidaire se découragent. C'est pourtant loin d'être le cas. Il y a de bonnes raisons à cela. Premièrement ce score représente quatre fois celui de l'Union des forces progressistes (UFP). Peu de partis outre les Verts peuvent se vanter d'avoir quadruplé le nombre de ses votes. De plus les militants ne s'étaient pas fait d'illusions. Ils savaient pertinemment, qu'après seulement un an d'existence, Québec solidaire n'était certainement pas pour prendre le pouvoir.
Ceci dit, Québec solidaire a grossi ses rangs durant cette campagne et a réussi à se montrer comme un joueur incontournable pour le futur ; il a su montrer à l'électorat que ses candidats et ses militants avaient des idées. La décision arbitraire et fondamentalement injuste du Consortium des médias de bloquer l'accès à Françoise David, lors du combat des chefs, en a d'ailleurs écoeuré plus d'un. Il y a fort à penser que le vote de QS aurait réellement été influencé par sa présence. Le débat des chefs de cette élection ayant été puéril à l'os, il est clair que quelqu'un ayant quelque chose à dire d'intéressant aurait laissé une marque indélébile dans l'esprit des gens. À voir le succès obtenu très rapidement pour la pétition demandant une reconsidération de la décision concernant ce débat, et à voir tout le brouhaha que cette décision causa, il est clair que l'opinion publique était avec Québec solidaire et avec les Verts sur ce point.
Malgré l'énorme travail qui reste à faire d'ici les prochaines élections, les militants de Québec solidaire sortent très enthousiastes de ce baptême de feu ; un enthousiasme qui pourra laisser perplexe les maoïstes du PCR, eux qui les taxaient de l'épithète de "vire capot" dans leur "très scientifique" journal le "Drapeau Rouge" et qui s'entêtaient à proposer l'annulation du vote. Mais soyons compréhensifs avec le PCR, il est normal qu'ils soient déboussolés face à des milliers de travailleurs qui trouvent espoir dans une organisation qui ne calque pas ses stratégies et ses tactiques sur celles du Sentier lumineux. Il en va de même des autres petits groupes ultra gauchistes qui appelaient également à l'annulation. L'histoire ne peut pas satisfaire tous les gauchistes de la terre.
C'est donc une élection historique pour la gauche au Québec. Malgré le résultat encore modeste, au point de vue des suffrages, on peut clairement dire que la gauche est jusqu'à un certain point sortie de la marginalité. Tout cela risque de fortement déplaire a Joseph Facal et Richard Martineau qui se sont amusé à casser du sucre sur le dos de QS tout le long de la campagne. Un parti ou il y a des communistes! Quelle horreur! Et les gens votent pour eux, même après qu'on ait sorti le spectre de Staline, Mao ou Pol Pot !!! Mais vous imaginez ... Mais c'est peut-être aussi parce qu’en quelque part le besoin de justice sociale commence à se refléter dans l'arène politique. Et même si cela peut encore faire peur à certains, ça ne peut, à long terme, ne faire que du bien.
Le plus important, dans tout cela, c'est que Québec solidaire a prouvé à l'ensemble du Québec que les travailleurs et les masses populaires peuvent agir sur la scène politique dans un parti qui lui est propre et faire bonne figure. Les marxistes peuvent être fiers de constater que maintenant beaucoup de travailleurs ont appris qu'il était mieux pour eux d'avoir une organisation politique qui ne les met pas à la remorque d'aucune bourgeoisie. C'est donc une pièce maîtresse et un élément fondamental de la lutte de classe qui commence à s'implanter dans la culture politique québécoise. Le PCQ et les autres organisations socialistes, qui oeuvrent avec Québec solidaire, n'auront finalement pas travaillé aussi fort pour rien, durant toutes ces dernières années.
Bien sûr, Québec solidaire risque de rester modeste tant et aussi longtemps que le mouvement syndical ne se décide pas enfin à décrocher définitivement de l'épave péquiste. Mais cela n'empêche pas de travailler l'avant-garde des classes laborieuses québécoises d'arrache pied à la construction d'un parti de masse des travailleurs et des masses populaires au Québec. Sans compter que quelques lueurs d'espoir commencent à se faire sentir au sein du mouvement syndical. Le PQ ne pourra donc pas les noyauter éternellement.
Il est à souhaiter qu'un plus grand nombre de militants et de militantes de gauche continueront à rejoindre Québec solidaire. Cela s'applique autant à ceux et celles qui oeuvrent au sein des syndicats et qui avaient pu suivre jusqu'ici l'approche du SPQ Libre et donc celle du PQ, que de tous ces autres personnes qui, de manière spontanée, s'orientaient plutôt du côté du Parti Vert.
Comité
Central du Parti Communiste du Québec
Samedi 31 mars 2007
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Sujets et adresses reliés :
Compte rendu de la réunion du Comité Central du PCQ,
le 31 mars 2007
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