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 -- Réactions du chef du PCQ face aux
 événements de Montréal Nord
 et aux suggestions émises jusqu'ici


"On pourrait aller pas mal plus loin", souligne le chef du Parti communiste du Québec (PCQ), André Parizeau, en réaction aux différentes suggestions et propositions soumises par la gente politique, aux lendemains des événements tragiques survenus à Montréal Nord.

"D'entrée de jeu", de dire le chef du PCQ, "il faut souligner la justesse des propositions soumises par Québec solidaire.  Mettre plus d'efforts en matière d'accès à une éducation de qualité, ainsi que d'accès aux emplois est très certainement un élément très important de ce qu'il importe de faire pour éviter que de telles choses continuent à se répéter et que la situation aille, avec le temps, en empirant.  Il ne faudrait pas se surprendre que les autres partis politiques, représentés à l'Assemblée nationale, n'en est pas vraiment fait mention car, tous, ont fini au fil des ans, par encourager les coupures dans nos programmes sociaux.  Ils n'étaient quand même pas pour se mettre en contradiction avec eux-mêmes."

Pour André Parizeau, il y a en même temps un autre aspect au problème et cela touche au manque assez flagrant de transparence, ainsi que de redevabilité des autorités policières, face à la population.  C'est aussi quelque chose auquel on devrait s'attarder beaucoup plus.

 

Inacceptable ... mais qui est ce qui était inacceptable ?

Depuis les émeutes, qui ont suivi la mort du jeune Freddy Villanueva, plusieurs politiciens, en commençant par le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ont insisté pour dire que la violence des émeutes était inacceptable.  "Je ne permettrai pas que les policiers de la Ville se fassent menacer comme cela", a même été jusqu'à dire le maire.

Pour le PCQ, cependant, ce qui était au départ inacceptable, "c'était l'attitude de la police", de dire André Parizeau.  Sans la mort de Freddy Villanueva,  toute la violence qui a suivi, ne se serait pas produite.  Sans vouloir minimiser le caractère souvent gratuit de bien des gestes posés par les émeutiers, il nous semble important de voir qu'il y avait au départ un problème avec la police, que celui-ci dure d'ailleurs depuis un bon but de temps, et que c'est d'abord cela qui devrait nous concerner.

Nombreux sont les gens à Montréal Nord qui, à l'occasion d'entrevues avec les médias, soulignaient que les relations avec la police, dans le quartier, sont tendues depuis déjà longtemps.  Mais que fait-on au juste à ce niveau ? Pas grand chose, au delà de quelques voeux pieux, qu'on répète à l'occasion, sans vraiment y croire.  Le problème ne se limite pas seulement au fait que quelques policiers ou policières ne feraient pas assez bien leur travail.  Le problème est en fait beaucoup plus profond.

 

La démocratie au sein des forces de police : connais pas !...

Dans n'importe quelle société, les forces policières représentent un élément central des activités de l'État.  C'est probablement le symbole le plus visible de ce qu'on pourrait la fonction répressive de l'État. C'est d'ailleurs très souvent à partir du rôle joué par la police qu'on juge le degré de démocratie existant dans ces sociétés.  Pourtant, et en particulier dans notre société, il resterait encore beaucoup à faire avant qu'on puisse réellement parler d'une gestion démocratique de nos forces policières.

Il pourrait, à ce titre, paraître surprenant de voir des communistes soulever une telle question alors que les expériences passées de socialisme furent si souvent décriées à cause des trop nombreuses entorses à la démocratie vécues jusqu'ici, ainsi qu'au rôle qu'ont pu alors jouer la police dans ces pays.  Mais c'est justement à cause de ces erreurs passées que le PCQ accorde tant d'importance aux questions relatives à la démocratie.  "Un élargissement majeur, sur une échelle encore jamais vue, de tous les aspects de la vie démocratique, y compris au niveau de comment la police devrait oeuvrer, doit faire partie, à l'étape où nous en sommes, de tout projet visant un changement radical de la société;  cela devra nécessairement faire partie de notre vision pour le futur ou il n'y aura juste pas de socialisme".

L'essentiel de notre fonctionnement démocratique réside dans la possibilité que nous avons de voter aux quatre ans.  Nous avons aussi les tribunaux lorsque nous pensons être lésés dans nos droits.  Mais tout cela ne s'applique, en fait, que très peu lorsque les forces policières sont impliquées.  Même les tribunaux ont alors tendance à déclarer forfait.

Ce ne sont pas nous qui décidons directement qui dirigera ces forces policières; la direction de celles-ci est plutôt nommée par ceux que nous élisons, que ce soit au niveau municipal ou national, et les politiques suivies par ces corps policiers sont rarement rendues publiques.  Une fois nommées, ces autorités policières n'ont finalement que très peu de comptes à rendre.  On ne peut que très difficilement savoir ce qui se passe réellement au sein de la police.  On ne peut pas facilement et directement les révoquer dans les cas où ce la n'irait vraiment pas (ce qui arrive plutôt souvent).  Et même quand il y a des bavures et que le tout éclate en même temps sur la place publique, et que des enquêtes ont lieu, il demeure en général assez difficile de faire sortir toute la vérité.

Réagissant de son côté aux événements de Montréal Nord, et parlant justement de ce manque de transparence, la chef du PQ, Pauline Marois y est allée d'une suggestion qui n'est pas à fortiori mauvaise.  Il s'agirait de créer une nouvelle instance, complètement autonome des différents corps policiers et qui serait alors chargé de faire les enquêtes (en lieu et place que ce soit un autre corps policier, non directement impliqué dans les événements). "Cela pourrait être une bonne chose", souligne le chef du PCQ; "mais encore faudrait-il s'assurer au départ que cela ne se termine pas par la mise en place d'une autre structure de plus qui ne serait qu'un autre écran de fumée de plus, dans un environnement déjà suffisamment opaque".

La situation de nos corps policiers met en évidence le caractère plutôt limitée de la forme actuelle de démocratie, telle que nous la vivons présentement.  "C'est d'ailleurs pas mal la même chose pour ce qui est de la soit disante vie démocratique, dans les lieux de travail.  Cela n'existe pas vraiment non plus".

 

Rendre les forces de police redevables

"Ce qu'il faudrait", de dire André Parizeau, "ce serait de rendre les autorités policières beaucoup plus redevables, non seulement devant les autorités politiques (ceux et celles qui détiennent le pouvoir), mais aussi devant l'ensemble des autres éluEs.  Cela doit faire partie de la lutte pour étendre encore plus la démocratie dans notre société.  La population devrait également être capable de savoir ce qui se passe au sein de ces forces et d'exiger une beaucoup plus grande transparence."

Peut-être ne le savez-vous pas mais il existe actuellement, depuis 2001 pour être plus précis, un nouveau service au sein de la SQ, chargé de la "défense de la sécurité d'État".  Son budget et son fonctionnement sont top secret et la divulgation de toute information à leur sujet serait elle-même une menace à la "sécurité de l'État".  Tout ce qu'on sait, c'est que ce service serait, entre autre choses, chargé d'assurer la sécurité des dirigeants politiques, de protéger également un certain nombre de délateurs, et de lutter de manière générale contre la subversion et le terrorisme.  Ils conservent également des dossiers sur toute sorte de gens.  S'ils possèdent un dossier sur vous, vous ne pourrez cependant en prendre connaissance, ni même savoir quelle épaisseur ce dossier aurait car cela pourrait également constituer une menace à cette même sécurité de l'État...

On se croirait dans un roman de Kafka ou d'Orwell.  Une telle situation n'a juste pas d'allure; pourtant cela existe, sans parler de tout ce qu'on ne sait pas mais qui doit encore exister en coulisse.  Et c'est également sans parler de tout ce qui se trame également du côté fédéral, avec la GRC, le SCRS, et tous les autres organismes du même genre.

"Advenant la prise du pouvoir au Québec par un gouvernement de gauche, il faudrait faire, c'est sûr, un bon ménage dans tous les services policiers.  Mais dès maintenant, on peut au moins commencer par exiger que la démocratie puisse s'appliquer jusqu'à et y compris au sein des forces de police."

Dans le dossier de la mort de Freddy Villanueva, la SQ a promis d'être beaucoup plus transparente que d'habitude.  C'est la SQ qui a été chargé de l'enquête et celle-ci aurait d'ores et déjà reçu des instructions du ministère de la Sécurité publique à cet effet.  Il faut croire que nos politiciens sentent la soupe chaude dans ce dossier.  Il reste cependant à voir jusqu'où cette transparence ira.

Quoique la police soit beaucoup associée aux aspects plus répressifs des actions menées par l'État, la population est en même temps en droit d'exiger que ces forces policières soient beaucoup plus respectueuses des grandes valeurs de solidarité, de respect et d'entraide en cours, respectent elles-mêmes les lois, et mettent aussi un terme à toute cette culture du silence et du secret qui a été la leur jusqu'ici.

"Finalement", dit-il, "pourquoi faudrait-il aussi que tous les policiers soient tout le temps, et en toute circonstances armés ?  Dans plusieurs autres pays, ce n'est pas le cas; si on prenait juste la peine de prendre cette tangente, on pourrait également, et ce fort probablement, éviter bien des drames."

 



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