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  • , qui avait lieu à Québec en septembre 2009


Un héros encore trop peu connu

(1890-1939)

Norman Bethune, l'internationaliste

Le 12 novembre 1939, mourait un des communistes les plus connus dans le monde : le docteur Norman Bethune.

Paradoxalement, Norman Bethune demeure encore aujourd'hui relativement méconnu, ici même au Québec, là où il passa pourtant une partie importante de sa vie adulte.

Médecin de profession, il était aussi non-conformiste. Il fut un des premiers au Canada, bien avant que l'assurance-maladie fasse son apparition, à dire haut et fort que la santé était un droit fondamental pour tous et toutes et qu'il fallait donc un système de santé public et universel.

C'était avant tout un homme d'action. Réticent au départ aux idées du communisme, il s'est rendu lui-même, au début des années 30, en URSS pour voir de proche le système de santé dans ce pays. Dès son retour de l'URSS, il prenait sa carte de membre du Parti Communiste du Canada. Grand internationaliste avant même que des organismes comme " Médecins sans frontière " fassent leur apparition, il n'a pas hésité à se rendre en Espagne pour aider ceux et celles qui combattaient là-bas les fascistes. Par la suite, il se rendait en Chine pour offrir ses services. Le dirigeant communiste chinois, Mao tsétoung a dit de Norman Bethune ; " Voilà donc un étranger qui, sans être poussé par aucun intérêt personnel, a fait sienne la cause de libération du peuple chinois … L'esprit du camarade Bethune, oubli total de soi et entier dévouement aux autres, apparaissait dans son profond sens des responsabilités à l'égard du travail et dans son affection sans bornes pour les camarades, pour le peuple ".

En plus d'être un grand médecin, Norman Bethune adorait la peinture. Il fut un des principaux fondateurs, en 1936, à Montréal, du " Children's Art Center ", une école d'art pour enfants provenant de milieux défavorisés.

Découvrir Norman Bethune, c'est un peu toucher à ce que l'Humanité peut engendrer de meilleur et de grand à la fois. Sans sa mort au service de la Chine révolutionnaire, il n'aurait sans doute pas été si bien connu. Sauf qu'il n'était pas seul à agir comme il l'a fait, avec autant de dévouement.

Ici même au Canada et au Québec, des milliers d'autres communistes ont milité très fort, tout comme Norman Bethune, tout au cours des années 20, 30, 40 et 50, jusqu'à aujourd'hui, pour bâtir le Parti communiste, construire des syndicats, lutté pour la justice, contre le fascisme et pour la paix dans le monde. Œuvrant la plupart du temps dans l'ombre, ils ont souvent fait d'innombrables sacrifices qu'on oublie trop souvent. Jamais, ils ne demandaient quoique ce soit en retour.

Les gens de droite ignorent en général les contributions du mouvement communiste parce que cela ne cadre pas avec leur discours anti-communiste; pourtant, les faits sont là et ils parlent d'eux-mêmes.

Il y a une époque où la contribution des communistes, aussi bien au Canada qu'ailleurs dans le monde, était plus remarquée et soulignée, y compris par l'industrie cinématographique. Dans le film 1900, on peut voir à un moment donné un train rempli d'enfants de paysans et paysannes qui sont en grève contre des propriétaires fonciers; des ouvriers et des ouvrières dans les villes ont accepté de les héberger pour la durée de la grève, à la demande du Parti communiste. Dans un autre film, intitulé Le facteur, et portant sur la vie de Pablo Neruda, on peut également constater le large appui qu'avaient alors les communistes.

S'il fallait résumer les grandes qualités de Bethune, il faudrait d'abord souligner son dévouement au service du peuple, sa passion pour le changement en faveur des classes populaires, son souci constant de convaincre la nécessité d'innover auprès du plus grand nombre, la recherche constante d'arguments et un discours qui portait. Son adhésion au Parti communiste se voulait un moyen concret pour contribuer à l'avancement politique des peuples dans le monde, en particulier de la classe ouvrière dans tous les pays. Pour lui, c'était l'authentique sens à donner au communisme. Bethune l'avait compris et il l'appliquait à travers son engagement internationaliste.

Un personnage hors du commun

Norman Bethune était un personnage hors du commun. Selon Irene Kon, qui l'a côtoyé pendant des années et qui fut, jusqu’à sa mort, une grande amie du Parti communiste, Norman Bethune provoquait souvent des attroupements lorsqu'il se rendait à l'hôpital Sacré-Cœur, dans le nord de Montréal.  Patients et employé-e-s de l'hôpital l'aimaient beaucoup.

Contrairement à ce que font bien des médecins aujourd'hui, Bethune se préoccupait de tout le monde. Il s'arrangeait souvent pour prolonger au maximum la période de convalescence des gens. Il se serait sûrement opposé au virage ambulatoire, tel qu'on le connaît aujourd'hui. Cela allait à l'encontre de ses idées.

Avant d'être rattaché à l'hôpital Sacré-Cœur, il avait travaillé pour l'hôpital Royal Victoria, au centre-ville de Montréal mais s'était brouillé avec la direction de cet hôpital. Son supérieur lui reprochait entre autres d'aller trop vite, durant les opérations. Lui, au contraire, estimait que plus courtes étaient les opérations et plus facile était la convalescence. Il n'hésitait jamais à aller à l'encontre des règles établies s'il considérait que ces règles étaient mauvaises.

Irene Kon se souvient du fait qu'il se rendait régulièrement, les fins de semaine, au YMCA pour offrir des consultations gratuites aux gens qui n'avaient pas les moyens de payer pour les soins de santé. Ceux-ci n'étaient pas encore gratuits à cette époque et ils coûtaient alors chers.

" Dans ces années-là ", souligne Irene Kon, " la tuberculose était un très grave problème; si tu avais de l'argent, tu pouvais te faire soigner, sinon, tu mourais ".

Norman Bethune joua un rôle crucial dans les années 30 pour trouver des méthodes efficaces pour enrayer cette maladie. Mais pour la grande majorité du peuple, des soins de qualité demeuraient toujours en dehors de leur portée.

Norman Bethune venait souvent voir son père, affirme Irene. " Il demandait alors un scotch et cela m'était ma mère de mauvaise humeur ". Son père donnait régulièrement des livres à Bethune sur le communisme; c'est également lui qui lui fit signer une carte de membre du Parti communiste au lendemain d'un voyage en URSS.

Ce voyage en URSS avait profondément marqué Norman Bethune. Irene Kon se souvient encore qu'il avait, au moment de son retour, comparé l'édification du socialisme à la naissance d'un enfant. " Pour Bethune, c'était tout à la fois difficile mais aussi fantastique ". Il avait surtout été frappé par la priorité donnée au développement du système de santé.

Le fait que la tuberculose était déjà en forte régression en URSS à cette époque tandis que cette maladie continuait encore à tuer des milliers et des milliers de personnes au Canada, l'avait fortement secoué. Il avait tout autant été impressionné par le fait que tous les traitement médicaux étaient gratuits en URSS.

Bethune fut un des premières personnes, dans la communauté médicale au Canada, à exiger l'établissement ici d'un système de santé public et universel. C'était en 1936."

 C'était une personne profondément humaine ", de conclure Irene Kon. Parlant de son dévouement et de son désir de combattre l'injustice partout où elle existe, Irene Kon ajoute : " Il avait un but tout simple : servir le peuple ".

Quand une délégation chinoise est venue à Montréal pour la première fois, il y a de cela déjà bien des années, les gens qui en faisaient partie, ont demandé où étaient les statues de Norman Bethune.

Ils voulaient aller les voir. Mais il n'y en avait pas. Suite à cet incident, le gouvernement chinois a fait don d'une statue de Norman Bethune à la ville de Montréal. On peut voir celle-ci au coin des rues Maisonneuve et Guy, non loin de l'Université Concordia.