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En
1972, les syndicats du
secteur public forment un très large front commun. C'est
la première fois qu'une telle chose se produit. Une de leurs
revendications centrales est d'obtenir pour tous un salaire minimum de 100$
par semaine. Le gouvernement ne veut rien savoir; alors les syndicats
décident de défier celui-ci.
Ils sortent en grève. Les lois sur les services essentiels n'existaient encore. Mais le premier ministre de l'époque, Robert Bourassa, contre attaque en faisant déclarer illégales les grèves malgré tout. Qu'à cela ne tienne, les chefs syndicaux refusent de demander à leurs membres de rentrer au travail. C'est la confrontation ouverte. Cela durera quelques jours.
Finalement, et dans l'espoir de réduire la pression et de favoriser un retour à la table de négociation, les chefs des trois grandes centrales syndicales acceptent de recommander à leurs membres de retourner au travail. La grogne est palpable chez les membres. Mais pour le gouvernement, ce n'est pas encore assez.
Le gouvernement décide donc d'en remettre en arrêtant les trois chefs de centrales et en les envoyant en prison. La même chose se produit pour 40 autres leaders syndicaux. C'en est trop. Bien que la grève dans le secteur public ait été cassée et que les employés de ce secteur soient finalement retournés au travail, c'est maintenant aux gens du privé de sortir à leur tour en grève, ..., en solidarité avec leurs confrères et consoeurs du secteur public ...
Le Québec est en pleine ébullition sociale.
À Sept-Îles, ainsi que dans plusieurs autres villes du Québec, les travailleurs prennent d'assaut les postes de radio et prennent également, de facto, le contrôle de leur municipalité; ils exigent l'annulation des peines d'emprisonnement ... Entre temps, les journaux ne sont plus publiés; tout le secteur de la construction est paralysé. Au total, plus d'un demi million de travailleurs, à travers la province, sortiront en grève pendant les quelques jours suivants que durera cette nouvelle confrontation hors du commun. Le gouvernement libéral de l'époque, sous la direction de Robert Bourassa, ne sait plus où donner de la tête; la crise est majeure ...
La solidarité ouvrière est alors palpable. La force du mouvement ouvrier l'est tout autant.
Cela se terminera, à la fin, par un retour à la table de négociation, et l'obtention de gains majeurs pour les syndicats. Le 100$ minimum par semaine est entre autre choses obtenu, à partir de la 3e année des nouvelles conventions collectives. Une chose que le gouvernement s'était pourtant promis de ne jamais accorder.
Cela entraînera également, à terme, une défaite majeure pour les libéraux et l'arrivée au pouvoir, quatre ans plus tard, et pour la première fois, du PQ ... Il faut dire que le PQ n'hésitait pas, à l'époque, de prendre carrément partie pour les syndicats et le "monde ordinaire". Le PQ savait alors qu'il ne pourrait jamais prendre le pouvoir et battre ses adversaires politiques, sans l'appui direct et concret des syndicats. C'était une question de choix. Autre temps et autre moeurs, dirait l'autre.
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Cliquez ici pour visionner un très bon reportage, produit par la télévision de Radio-Canada dans le cadre de l'émission Tout le monde en parlait.
Autres hyperliens à consulter :
"En prison pour nous" (extrait du site Internet de la FTQ).
C'était le premier front commun mis en place par les syndicats du secteur public (extrait du site Internet de la CSQ).
C'est quoi, l'État, un ouvrage écrit par le leader ouvrier Henri Gagnon, la même année; cliquez ici pour accéder à une copie numérisée de cet ouvrage toujours d'actualité.
1968 : Montage sons et images d'une année très mouvementée (préparé par la CGT française; vraiment très bon).
Les syndicats : un atout pour la lutte sociale .
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