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Le chef du PCQ s'élève en même temps contre le projet de taxe sur le carbone, jugé aussi mauvais que l'établissement d'une bourse du carbone

 

Note : Alors que l'attention publique est largement monopolisée par l'ouverture de la nouvelle Bourse du carbone à Montréal, de même que par cette toute récente alliance entre les gouvernements du Québec et de l'Ontario, pour soit disant développer une nouvelle alternative aux politiques de Stephen Harper en matière d'environnement (mais est-ce vraiment une vraie alternative ?), alors que toute sorte d'experts cherchent aussi à nous convaincre des mérites de cette fameuse bourse du carbone versus l'idée d'imposer une taxe "neutre" sur le carbone, bien peu osent poser les vrais questions, à savoir : en quoi tout cela nous permettra-t-il de mettre un frein au réchauffement de la planète ?

Les libéraux fédéraux de Stéphane Dion viennent de rendre publique leur projet de taxe sur le carbone.  Un projet à l'image du chef de ce parti.

Après avoir analysé la relative inutilité de cette fameuse Bourse du carbone, nous revenons aujourd'hui sur cette autre proposition  à propos d'une taxe "neutre" sur le carbone .  Nous revenons également sur les solutions que nous, pour notre part, nous privilégions, en lieu et place de ces solutions plus proches de voies de garage que de véritables alternatives aux problèmes très sérieux auxquels nous faisons face en matière d'environnement.

***

Par André Parizeau,
Chef du PCQ

Clarifions au départ les termes.  Si les promoteurs d'une nouvelle taxe sur le carbone parlent de celle-ci comme devant être une taxe "neutre", c'est qu'elle serait assujettie d'une diminution équivalente des taxes et impôts pour les compagnies de manière à ne pas augmenter pour autant leur fardeau fiscal.  Autre option possible, les compagnies pourraient refiler la facture de cette taxe spéciale, en contre partie de quoi les gouvernements s'engageraient à réduire de manière équivalente les impôts aux particuliers.

Dans les faits, et d'une manière ou d'une autre, l'effet net sur les principaux pollueurs d'une telle taxe serait nulle puisqu'ils pourraient continuer à polluer autant sans avoir à débourser un sou de plus.

Pour l'État, de même que pour l'ensemble des contribuables, ce serait en même temps le maintien du statu quo actuel, c'est à dire que la société dans son ensemble continuerait à assumer les bêtises et l'attitude criminelle de ces grands pollueurs.  On est bien loin du grand principe de pollueur / payeur.

Il n'est par conséquent pas trop étonnant de voir une bonne partie des lobby pro-patronaux se ranger derrière un tel projet de taxe.  Dans les faits, c'est de la frime.

Dit autrement, cela revient essentiellement à effectuer une opération de maquillage au niveau de la gestion des taxes et impôts, en remplaçant à cet égard une piasse par quatre (4) vingt cinq sous...

Les seuls véritables gagnants dans cette affaire seraient, tout au moins au début, les politiciens qui défendent un tel projet et qui pourraient (et le font déjà d'ailleurs) se draper du drapeau de l'environnement pour essayer de se faire du capital politique.  Le même commentaire pourrait aussi s'appliquer à l'ouverture à Montréal de cette fameuse bourse du carbone.

Steven Guilbeault, d'Équiterre, ne s'est pas gêné pour critiquer, à un moment donné, tout le battage publicitaire autour de l'ouverture de cette bourse.  Tant qu'à être, il aurait pu être tout autant critique du projet de taxe des libéraux.  Malheureusement, ce n'est pas le cas.  Dommage ...  Il en va de même du Parti Vert du Canada qui reprend à peu près la même idée que les libéraux fédéraux.  Même constat de la part de Greenpeace qui déclare, pour sa part, voir dans la taxe sur le carbone de Stéphane Dion un pas en avant dans la bonne direction.

Ce projet de taxe est d'autre part si complexe qu'il risque bien de simplement créer encore plus de bureaucratie, sans vraiment faire avancer quoique ce soit d'un point de de lutte aux gaz à effets de serre.  La critique du député NPD d'Outremont, Thomas Mulcair, est à ce sujet tout à fait juste.

Si l'ouverture, à Montréal, de la fameuse Bourse du carbone ne changera pas grand chose au niveau de la lutte aux gaz à effets de serre et si l'autre projet, actuellement sur la table, et portant sur l'établissement d'une taxe "neutre" sur le carbone, n'est pas mieux, mais alors qu'elles sont donc vos propositions pour faire avancer les choses dans ce domaine, nous direz-vous ?

Ce que nous voudrions proposer ici ne sont que quelques unes des choses qu'on pourrait faire.  De manière plutôt paradoxale, aucune des mesures ci-contre n'est vraiment révolutionnaire, en soi.  Dans bien des cas, et à très petite échelle, il faut le dire, certaines de ces mesures sont déjà mis en application; ou, du moins, on tente déjà de le faire.  Ce se serait quand même un très bon départ.

Toutes ces mesures s'appuient sur le fait que nous avons besoin d'un très important coup de barre au niveau de nos habitudes, ainsi que de notre manière de consommer.  Ces mesures ont en même temps l'avantage d'éviter le piège qui consisterait à faire de ce défi une question essentiellement individuelle.  Le défi implique nécessairement que tous et chacun se prenne en main; mais pris individuellement, chacun de notre côté, il est également vrai que nous n'y arriverons jamais à temps.  Nous devons obligatoirement agir aussi de manière collective et concertée.  D'où la nécessité de faire intervenir l'État.

Il est tout autant vrai que nous n'Y arriverons pas , à moins d'accepter qu'on puisse aussi s'en prendre à la sacro-sainte domination tout azimut des grosses entreprises multinationales.

Toutes nos propositions s'appuient en même temps sur des technologies existantes et / ou font déjà l'objet d'un assez large consensus dans la population; mais, et c'est là le drame, personne à l'Assemblée nationale n'en parle vraiment.  Tout ce que cela prendrait, au fond, c'est un peu de volonté politique, ainsi que le fait d'être prêt, pour mener le tout jusqu'à terme, à remettre en cause certaines des règles du capitalisme.  Dans le fonds, c'est sans doute là que de telles mesures prennent alors leur véritable dimension révolutionnaire.  Quoiqu'il en soit, l'urgence de la situation, de même que l'impact immédiat que de telles mesures auraient sur l'amélioration de notre qualité de vie, font -- nous en sommes convaincus -- qu'elles devraient assez facilement recueillir un très large appui.

Voici donc ces propositions :

  1. Rendre complètement gratuit le transport en commun dans les grands centres urbains.  Une partie déjà importante du coût du transport en commun est déjà assumée par l'État, et ses différents paliers; une telle mesure (déjà testée et toujours application pour l'ensemble de ceux et celles qui étudient ou travaillent sur le campus de l'Université de Sherbrooke et cela marche très bien) serait très certainement un moyen très efficace qui pourraient amener bien des gens à changer leurs habitudes.  Non seulement, cela contribuerait de manière significative à réduire la pollution, mais cela améliorerait également grandement la qualité de vie de bien des gens; en augmentant l'affluence, au niveau de ce mode de transport, cela faciliterait d'autant l'élargissement ainsi que l'amélioration des circuits offerts.  On serait donc gagnant sur toute la ligne.

  2. Améliorer, à grande échelle, les opérations de recyclage et de compostage de nos détritus.  Tout récemment, on apprenait à la télévision qu'une entreprise québécoise venait de signer une entente de longue durée avec la ville d'Edmonton pour le recyclage des matières organiques, normalement envoyées vers les sites d'enfouissement; l'objectif d'une telle entente : réduire la quantité de déchets entreposés dans ces centres  (et donc réduire aussi, et par le fait même, les gaz à effets de serre qui s'en dégagent), et transformer le tout en éthanol.  Quand on sait qu'une partie importante de la production de mais est actuellement kidnappée pour produire justement de l'éthanol et que cela a en même temps un effet direct sur le prix du mais ainsi que sur la crise alimentaire qui se développe de plus en plus à l'échelle internationale, tout cela n'est pas sans intérêt.  L'ironie dans tout cela réside dans le fait que cette entreprise ait dû aller jusqu'en Alberta pour trouver ... preneur !  On apprenait en même temps que le Québec produit plus de déchets par habitant que la plupart des autres provinces canadiennes.

  3. Imposer un prix plafond à l'essence, telle que le permet déjà la loi québécoise. Non seulement, ces hausses de prix sont-elles en train de rendre la vie de plus en plus difficile à un grand nombre de gens, mais elles représentent également -- et cela à peu près personne n'en parle -- un danger majeur pour notre environnement.  Plus le prix de l'essence monte, et plus les spéculateurs et tous ceux qui sont en mal de faire encore plus de profits, sont en effet en train de se ruer vers l'industrie pétrolière.  Cette industrie n'est pas en train de mourir, bien au contraire; en fait, elle est plus florissante et plus vivante que jamais et des projets complètement aberrants, comme l'exploitation des sables bitumineux en Alberta, roulent maintenant à toute vitesse à cause justement de toutes ces hausses;  cela s'explique d'abord et avant parce que c'est plus rentable que jamais (et ce, même si les coûts d'exploitation demeurent toujours très élevés).  Extraire du pétrole des sables bitumineux est non seulement une des opérations les plus polluantes qui soit, mais aussi de plus en plus payants.  On se retrouve finalement de plus en plus prisonniers de ces grosses multinationales; mais cela devrait cesser immédiatement.

  4. L'État québécois doit prendre ses responsabilités dans le dossier de véhicules électriques, "made in Québec",  et prendre sur lui de coordonner lui-même la relance ainsi que la commercialisation de ce projet, vieux de plus de 10 ans.  Depuis le milieu des années 90, on n'a pas cessé de perdre un temps précieux dans ce domaine.  Là aussi, cela doit cesser !  Avec le développement de tels véhicules, on pourrait commencer par remplacer graduellement l'ensemble du parc automobile du gouvernement (de même que des différentes municipalités et regroupements de municipalités), ainsi que leurs nombreuses flottes de camions et d'autobus.  On pourrait également commencer à offrir, à large échelle, soit à monsieur et madame tout le monde, de tels véhicules.  Imaginez seulement l'impact que cela aurait si la majeure partie de la circulation automobile ne produisait plus du tout de CO2 !

  5. L'État devrait mettre dès maintenant la clef dans le projet Rabaska.  Nous n'avons pas besoin d'un tel projet; celui-ci représente un danger certain pour ceux et celles qui habitent autour de Lévis; s'il est amené à terme, il représentera, en plus, une source additionnelle de gaz à effets de serre.  C'est juste  illogique, à 100%.

  6. Resserrer toute la réglementation en matière de protection de l'environnement, ainsi que les amendes prévues en cas de non respect des lois en vigueur par les gros pollueurs.

Comme nous le disions plus, ce ne sont là que quelques unes des mesures que nous pourrions dès maintenant prendre collectivement, au Québec.  Chose certaine, ce serait mille fois plus utile que tout ce que nos politiciens, à Québec comme à Ottawa, font présentement.

 



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