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Par Valérie Guilloteau
Porte parole régionale de Québec solidaire pour Lévis, Chaudière et Appalaches

 

Dans le rapport du BAPE sur le projet de construction d'un port méthanier à Lévis par la société en commandite Rabaska, on peut lire un chapitre complet sur le « contexte économique du projet » et à lire les conclusions du rapport, on ne peut douter que ce sont ces considérations qui l'ont emporté dans la balance.

Bien sûr on peut commencer par se demander si cela est véritablement du mandat d'un Bureau d'audience publique sur l'environnement de se prononcer sur les bénéfices économiques du projet. Mais plus encore, à lire le chapitre, on pourrait être conduit à penser que l'analyse est incomplète. Principalement, la réflexion du BAPE porte sur deux aspects : la baisse du prix du gaz sur les marché du Québec et de l'Ontario et les retombées économiques positives pour la Région.

Pourtant, devant la multiplication des projets de port méthanier (Lévis, Cacouna et Grande-Anse au Saguenay) la véritable question à se poser est: l'implantation de ports méthaniers est-elle rentable pour le Québec ?

Rappelons-nous qu'en 1963, suite à la ré-élection du gouvernement de Jean Lesage et sous l’impulsion de René Lévesque, tous les actifs de la plupart des sociétés privées assurant la production, le transport et la distribution d’électricité avaient été nationalisés. Le  slogan de l'élection d'alors était « Maitres chez nous »

Aujourd'hui, un parti politique prônant l'autonomie du Québec se fait défenseur du projet Rabaska. En effet, le député de l'ADQ à Lévis, ancien président de la Chambre de commerce de Lévis a fait campagne en le défendant, principalement pour ses retombées économiques positives pour la région.  Mais lors des audiences du BAPE, Robert Ineson du Cambridge Energy Research Associates ( CERA ) déclarait qu'une pénurie de gaz était à prévoir. C'est que plus que pour le pétrole encore, la compétition pour les approvisionnements en gaz naturel est féroce sur le marché mondial. Dans un article du journal Le Soleil du 9 février 2007, on pouvait lire que « certains promoteurs doivent payer des prix excessifs pour s'assurer une priorité d'exportation de gaz liquéfié ». Et Rabaska confirmait lors des Audiences du BAPE, qu'il n'avait encore aucun contrat d'approvisionnement en gaz de signer ce qui laisse planer une grande incertitude. De plus, on doit se rappeler que le gaz qui arrivera par bateau provient de régions qui n'hésitent pas à se servir de leur ressource comme stratégie géopolitique ( ne pensons qu'à la crise qui secoua l'Europe et l'Ukraine en janvier 2007 lorsque la Russie interrompit trois jours ses approvisionnements ). Et si une partie du gaz est destiné au marché américain, nous ne serons peut-être que des victimes collatérales pour des enjeux  plus grands que nous.

Dans ces circonstances, comment se fier à la réelle rentabilité de l'exportation de gaz liquéfié au Québec ? Le Québec s'était doté d'Hydro Québec afin d'assurer à la population québécoise un approvisionnement constant en énergie au meilleur prix possible. Jusqu'à maintenant nous utilisions nos propres matières premières, en créant des emplois pour les gens d'ici et en ayant des prix préférentiels.  Est-ce que des compagnies multinationales et des prix soumis à la fluctuation du marché en feront de même ?

Ce changement d'orientation pour l'approvisionnement en énergie au Québec, en passant du public au privé, est une question nationale qui concerne tous les citoyens du Québec.

 

 

 



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