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Par André Parizeau
Chef du PCQ
Les mises à pied à la Goodyear de Valleyfield sont un véritable désastre pour cette région et mettent en relief, une fois de plus, l'absence de véritables contrôles sur notre économie.
Alors que cette usine avait employé jusqu'à 1500 travailleurs à une certaine époque, il n'en restera plus que 200 à peine, d'ici quelques mois. Après avoir fait plein d'argent pendant des années, voilà encore une autre multinationale qui plie bagage.
Pour nous, au PCQ, cette autre mauvaise nouvelle sur le front économique met en relief un constat déjà que trop évident : tant que nous continuerons à être dépendants des grandes multinationales comme c'est le cas maintenant, nous ne pourrons jamais être vraiment maîtres chez-nous. Nous devons récupérer les pleins contrôles sur notre économie; c'est d'ailleurs là une des principaux éléments de notre projet socialiste.
Reprendre les rennes de notre destinée
implique d'abord et avant de remettre en cause le discours néolibéral à la
mode voulant que le système capitaliste peut s'autoréguler et que moins
l'État interviendra dans l'économie et le mieux se sera. Cette logique
est en train de nous mener tout droit vers le précipice. La dure
réalité de la vie vient nous le rappeler avec force. Si on veut
vraiment s'en sortir, c'est ailleurs que dans la logique capitaliste
traditionnelle qu'il faudra chercher une solution.
Sortir des sentiers battus du néolibéralisme
Il faut arrêter d'avoir peur d'avoir peur et arrêter en même temps de penser qu'on ne peut rien faire. Il y a plein de choses qu'on pourrait faire pour devenir une fois pour toutes maîtres chez nous. Évidemment, cela prendrait une volonté politique pour aller de l'avant; cela prendra aussi un peu d'imagination, deux denrées qui sont cependant plutôt rares au sein de la députation à Québec. Et c'est bien là une bonne partie du problème.
Prenez par exemple le dossier de nos société d'État ainsi que de la Caisse de dépôt et de placement. Tous ces outils de contrôle collectif, qui existent déjà, soient dorment au gaz ou relèguent de plus en plus aux oubliettes ce qui devait être leur principale mission de départ, ou ont tout simplement fini par devenir de simples vaches à lait servant à engraisser encore plus l'entreprise privée.
Et personne ne semble réagir. Et que fait donc l'État avec tous ses milliards de dollars collectés à même nos impôts et nos fonds de pension ? Demandez-le à Jean Charest ou à André Boisclair.
Et pendant qu'on ferme des entreprises ici, une partie importante de notre épargne collective est réinvestie à l'étranger ou dans des secteurs sans réel intérêt pour la collectivité. Seul le pourcentage de rendement semble compter et au diable l'avenir de notre propre économie. N'est-ce pas Jean Charest qui disait que la Caisse de dépôt n'a pas à faire de politique ?...
En plus de parler de nos différentes sociétés d'État, on pourrait aussi se tourner du côté de tous ces autres lieux de contrôle qui pourraient ultimement servir également à démocratiser notre économie : mouvement coopératif, fonds d'investissement des syndicats, etc. Pourtant, et même là, il ne se passe pas grand chose. Chose certaine, on pourrait faire plus. Globalement, c'est comme si on gaspillait aux quatre vents ce qu'on possède collectivement et qui pourraient nous aider à renverser la vapeur.
Il y a une époque où le Québec avait beaucoup moins peur de sortir des sentiers battus. C'était une époque où les gens n'avaient pas peur de descendre dans la rue mais le vent a tourné et ce n'est pas pour le mieux.
Les mises à pied à la Goodyear mettent toutes autant en relief l'absence d'un plan de relance de l'économie. Même si, parfois, on arrive à sauver quelques emplois, ici ou là, l'approche demeure essentiellement à la pièce. Il n'y a pas de plan d'ensemble.
Tout cela devra changer et un véritable projet
de socialisme devra nécessairement s'attarder à élaborer beaucoup plus des
pistes de solution face à toutes ces questions.
La législation du travail : des retards importants
Un constat similaire pourrait être fait en matière de notre législation au Québec. Je parle ici de la manière dont les lois protègent (ou ne protègent pas) les travailleurs et les travailleuses. Même si notre code du travail est nettement supérieur à ce qui peut exister ailleurs en Amérique du Nord, suite à l'introduction de plusieurs législations introduites dans les années 70 (non sans des batailles épiques menées en particulier par le mouvement syndical, faut-il le souligner), force nous est de constater que notre législation du travail, en matière de protection des emplois, traîne de la patte par rapport à ce qui existe ailleurs. Notamment en Europe.
Depuis des années le mouvement syndical multiplient ses revendications à cet égard. Mentionnons-en quelques unes :
La nécessité pour les entreprises de rendre publiques leurs opérations comptables, surtout lorsqu'il y a fermeture;
Permettre aux syndicats de contester devant les tribunaux les fermetures;
Améliorer le régime d'indemnité en cas de perte d'emploi;
Augmenter les délais en matière de préavis;
Obliger les entreprises qui ferment et déménagent ailleurs leurs opérations, à rembourser tous les prêts et subventions qu'elles auraient pu recevoir de l'État;
Bonifier le régime d'Assurance emploi; certains syndicats, tels les Métallos, vont encore plus loin et revendiquent aussi qu'on rapatrie carrément tout ce régime sous l'autorité du Québec.
À toutes ces revendications, on pourrait aussi en ajouter une autre, à savoir la possibilité pour l'État de saisir les actifs d'une entreprise qui ne respecterait pas les lois en vigueur ou qui briserait ses engagements en matière de protection des emplois. Si un simple particulier peut se faire saisir sa maison à la suite du non-respect de ses obligations financières, cela devrait être la même chose pour une entreprise.
Le problème, c'est qu'il n'y a pas de
véritable mouvement de masse pour pousser ces revendications. Qui plus
est, à Québec, au sein de l'Assemblée nationale du Québec, il n'y as pas non
plus de véritable volonté pour faire avancer ces dossiers. On ne peut
se surprendre dans un tel contexte que les choses aient plutôt tendance à
stagner.
Briser cet état de quasi-monopole
Pendant ce temps, malheureusement, les travailleurs et les travailleuses sont laissées à eux-mêmes. Pris isolément et seuls, ils ne peuvent réalistement faire face au rouleau compresseur du néolibéralisme et de la mondialisation sauvage.
Dans un tel contexte, la solution se doit d'être avant tout politique. Mais pour cela, il faudra d'abord qu'on puisse briser le quasi-monopole qu'exercent ensemble les libéraux et le PQ sur la scène politique québécoise, lequel monopole nous paralyse de plus en plus. Cela nous amène finalement au dossier des prochaines élections. On nous dira que tout cela est cependant une autre histoire. Mais est-ce vraiment le cas ?...
Le 8 janvier 2007
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