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Par André Parizeau
Porte parole du PCQ

Avec la publication des chiffres officiels et l'ouverture attendue d'une commission parlementaire devant faire la lumière sur ce qui a pu se passer l'an dernier, une question demeure : les élus, à Québec, seront-ils prêts à aller jusqu'à revoir le mandat de la Caisse ? Où aurons-nous  juste droit à une  opération de relations publiques ?

Les chiffres sont maintenant sortis. Près de 40 milliards de dollars du bas de laine des Québécois et des Québécoises ont été perdu l'an dernier à cause des investissements pris dans le papier commercial et autres opérations à haut risque et qui, faut-il encore le souligner, n'ont de surcroît servi strictement à rien pour maintenir ou renforcer notre propre économie.  Pour être plus précis, on parle plus exactement de 39,8 milliards de dollars de pertes sèches ...

Si on moins tout cet argent avait servi à protéger des emplois ici.  Même pas !  C'est de la pure perte.  S'il faut en croire Yves Michaud, qui passait à l'émission Tout le monde en parle, il n'y a pas si longtemps encore, seuls les courtiers et les différentes institutions responsables de ces transactions plus que douteuses et qui avaient réussi à convaincre les dirigeants de la Caisse à aller de l'avant avec ces investissements, auront réussi à s'enrichir.  Mais certainement pas le Québec collectivement !

Au finish, la perte d'actifs, au niveau du total de ce que possédait la Caisse, serait de 25%.  Un record absolu. Du jamais vu.

Là où cela devient assez incompréhensible, c'est de voir à quel point la Caisse aurait fait pire que toutes les autres grandes institutions financières.  Considérant le fait que le mandat de la Caisse, tel que modifié par les libéraux il y a déjà plusieurs années, est supposé être le rendement, plutôt que des considérations plus sociales ou politiques, c'est plutôt bizarre ...

Ce qui rend l'affaire encore plus bizarre est de voir comment un organisme comme le Fonds de solidarité de la FTQ, qui est justement supposé avoir un mandat plus social et plus relié à la défense des emplois, aurait enregistré des pertes trois fois plus petites (en pourcentage des actifs) !!!  Et on viendra ensuite nous dire qu'on ne devrait jamais mêler politiques d'investissements de la Caisse avec d'autres considérations plus sociales.  Bien sûr...
 

Pourra-t-on faire toute la lumière, mais aussi revenir sur ce que devrait être la mission de la Caisse de dépôt ? C'est à souhaiter

Il y a certainement un intérêt à savoir ce qui a pu se passé pour qu'on en arrive à un tel gâchis.  De ce point de vue, les pressions exercées par le PQ, ainsi que par l'ADQ, pour tenter de s'assurer que toute la lumière soit faite, sont pertinentes.  D'où l'idée de ne pas juste s'en tenir à quelques jours de commissions parlementaires qui ne feraient qu'effleurer la situation.  Sans doute est-ce le plan des libéraux de Jean Charest de faire en sorte que cette fameuse Commission soit le plus limitée possible dans le temps.  Il faut en même temps espérer que cela n'en restera pas là.

Il faut aussi souhaiter que cela aille bien au delà de seulement savoir ce qui s'est passé et qu'on profite de l'occasion pour reprendre le débat autour du rôle que la Caisse de dépôt devrait jouer.  IL faudrait une fois pour toute revenir sur le débat consistant à savoir comment on devrait ajuster la nécessité des rendements avec la mission  sociale et économique de la Caisse même si, officiellement, et grâce aux libéraux, cette autre mission de la Caisse ne figure plus en tant que telle dans le mandat de celle-ci.

Pour le moment, au sein même de l'enceinte de l'Assemblée nationale, seul Québec solidaire semble insister pour dire qu'il faudrait revenir à ce que devait être au départ le but de cette institution et pour dire aussi que la Caisse devrait d'abord investir ici pour aider au développement économique du Québec, et ce dans le respect du d'un développement durable et pour le bien commun.  Cela est bien dommage.  Le PQ insiste beaucoup pour faire témoigner la ministre des Finances, Monique Jérôme Forget.  Question de mieux tourner le fer dans la plaie des libéraux, partisannerie oblige, mais reste en même temps plutôt général par rapport à ce qu'ils voudraient eux-mêmes proposer de manière à éviter que tout cela se reproduise.  Tout cela n'est en même temps pas vraiment surprenant de la part du PQ.
 

Il faut revenir à une vision qui soit aussi plus politique

Voici ce qu'Amir Khadir disait justement à propos de ces fameux investissements qu'auraient fait la Caisse.  Cela se passait en novembre dernier, alors que nous étions alors en élections et que Jean Charest n'arrêtait pas de répéter à tous ceux et celles qui voulaient l'entendre que tout allait aller comme sur des roulettes (à condition bien sûr qu'on le réélise avec une majorité de sièges) :

"Ces investissements sont complètement irresponsables.  Contrairement à ce que prétend M. Charest, la Caisse est un outil très politique. Elle permet de donner une orientation précise à l’économie du Québec, il sert de levier pour faire prendre à l’économie un certain virage. M. Charest a d’ailleurs fait un choix très politique, il s’est ingéré dans les affaires de la caisse en lui disant d’opter pour le rendement le plus élevé, à court terme. Cette pression a mené la caisse à faire des choix néfastes pour les travailleurs, pour l’environnement et pour l’économie du Québec".

"Alors que tous les autres partis s’excitent sur le rendement actuel de la Caisse, personne ne regarde le vrai problème qui se situe en amont. La Caisse investit à peine au Québec et elle le fait sans tenir compte des humains et de l’environnement, en suivant la logique cupide du rendement financier maximum. En 2007, 40% de son rendement provenait de l'arbitrage spéculatif sur le marché des changes, tout le contraire de l'investissement patient à long terme. En décidant de prioriser la gestion active et l'arbitrage, elle ne se comporte pas autrement qu’une  banque d'investissement ou une société de gestion d'actif financier de Bay Street. C’est indigne d’une institution publique aussi importante pour notre économie, il faut en reprendre les rênes et faire participer la Caisse à la création de l’économie que nous voulons pour le Québec.   C’est pourquoi Québec solidaire propose de  modifier le mandat de la Caisse de dépôt et de placement pour qu'elle investisse dans des entreprises écologiques et socialement responsables, de préférence au Québec, pour qu’elle  redevienne une institution clé de notre souveraineté économique".
 

D'autres voix vont aussi dans le même sens

Ailleurs, d'autres voix commencent en même temps à aller dans le même sens que Québec solidaire.  C'est le cas notamment à la FTQ.

Avec des moyens beaucoup plus limités que la Caisse, le Fonds de solidarité de la FTQ réussit à faire beaucoup mieux , soulignait de son côté, pas plus tard qu'hier, le président de la FTQ et président également du Fonds de solidarité, Michel Arsenault, alors qu'il s'adressait à la presse.  Michel Arsenault en a profité, en même temps, pour souligner l'utilité qu'il y aurait à ce que la Caisse oeuvre beaucoup plus étroitement avec des organismes comme le Fonds de solidarité pour justement aider à redévelopper l'économie du Québec.

Ce constat, à propos de l'avantage qu'il y aurait à développer une meilleure coopération entre tous les différents intervenants, oeuvrant sur la scène québécoise, revient à peu de près à ce que nous mêmes, au PCQ, disons également.  En oeuvrant ainsi ensemble, la Caisse de dépôt, le Fonds de solidarité de la FTQ, de même que le Fonds d'action de la CSN, et pourquoi pas aussi, le mouvement Desjardins, pourraient représenter une force majeure qui pourraient éventuellement aider le peuple québécois à reprendre le contrôle des principaux leviers économiques dans notre société et, du même coups, nous aider en même temps à nous affranchir de la main mise des grandes multinationales, ainsi que de leurs manœuvres.

Sans aller aussi loin, Gérald Larose insistait également beaucoup sur le rôle de la Caisse pour le futur économique et politique du Québec, alors qu'il était interviewé sur les ondes de RDI, aujourd'hui.  Gérald Larose siégea lui-même durant plusieurs années sur le Conseil d'administration de la Caisse de dépôt; c'était du temps où il était aussi président de la CSN.
 

En parlant de la Caisse et de ses déboires actuels

Puisqu'il est en même temps question des dirigeants syndicaux siégeant sur le Conseil d'administration de la Caisse, il faut savoir qu'il n'y en a présentement qu'un (une), sur un total de 13 personnes.  Il s'agit de Claudette Charbonneau, présidente de la CSN.  On notera au passage que la CSN a une position beaucoup plus modérée dans le dossier.

Normalement, la FTQ est également représentée, sauf que depuis la démission d'Henri Massé, comme président de la FTQ, aucun autre représentant de la FTQ n'a encore été nommé.  La totalité des 12 autres membres actuels du Conseil d'administration viennent tous, soit du milieu des affaires ou d'autres sociétés d'État.  De nombreux postes demeurent d'autre part vacants, pour la simple et bonne raison que le gouvernement ne cesse de reporter à plus tard, depuis déjà un bon bout de temps, le choix des remplaçants.  Cela aussi fait partie des problèmes actuels entourant la Caisse.

Un dernier mot par rapport aux rumeurs voulant que le gouvernement de Jean Charest augmentent la tarification des différents services gouvernementaux pour justement compenser pour les récentes pertes de la Caisse de dépôt.  Il faut en effet savoir que les agences gouvernementales, telles que la SAAQ, placent aussi leurs argent à la Caisse de dépôt.  Comme l'a déjà souligné Amir Khadir, une telle option est carrément inacceptable.  S'il devait effectivement y avoir des manques à gagner, des suites de l'incurie gouvernementale, alors cela devrait être au gouvernement de se retourner de bord et trouver d'autres alternatives.  Mais d'aucune manière la population ne devrait avoir à payer pour une telle situation.

 

 



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