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En marge des débats autour du scandale sur la Caisse de dépôt


 

Note de la rédaction: Tel que le faisait remarquer hier Paul Cliche dans un envoi par courriel que nous avons reçu, lorsque l'ex-patron de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, monsieur Henri-Paul Rousseau , avait comparu en commission parlementaire en 2007, il avait alors dit aux députés que s'ils n'étaient pas contents de sa gestion, ils n'auraient qu'à le "reconvoquer pour lui donner une volée". Or, cette volée, il l'a finalement eue mardi le 19 mai, en commission parlementaire, et c'est nul autre que le député de Québec solidaire de Mercier, Amir Khadir, qui lui a donnée au grand soulagement certes de plusieurs citoyens qui sont indignés par le comportement inadmissible de ces monarques de la finance.

Comme le faisait également remarquer le commentateur du Devoir, Michel David, alors qu'Il était interviewé ce matin même pour parler du rôle joué par le député de Québec solidaire à l'Assemblée nationale, ce dernier semble "faire mouche à chaque fois" et ce qui est tout aussi intéressant de souligner, disait-il, c'est qu'il dit en définitive ce que bien des gens dans la rue pensent, sans pour autant avoir les moyens de le dire haut et fort.

Si vous êtres intéressé(e)s, vous pouvez prendre connaissance ci-bas de l'échange Khadir-Rousseau, tels qu'extrait de la transcription du Journal des débats de l'Assemblée nationale.   Un lien vers Youtube a aussi été ajouté pour ceux et celles qui voudraient aussi visionner la première partie de l'intervention d'Amir Khadir.

*** 

 Le Président (M. Paquet): Merci. Je reconnais maintenant, pour une période maximale de 10 minutes ce matin, M. le député de Mercier.

M. Khadir: Merci, M. le Président. Bonjour à tous mes collègues. Bonjour, M. Rousseau. D'abord, je pense que, si on est ici, tout le monde, j'espère... en fait, je crois qu'il y a la même... j'ai déjà entendu la même profession de foi de la part de tous les partis, à l'Assemblée nationale, sur l'importance de la caisse dans le développement économique du Québec. Au-delà de ça, dans l'idée que se fait un peuple...

M. Khadir: ...même profession de foi de la part de tous les partis à l'Assemblée nationale sur l'importance de la caisse dans le développement économique du Québec, au-delà de ça, dans l'idée que se fait un peuple de lui-même, de ses capacités, de ce dont il a besoin pour assurer totalement sa souveraineté économique, son indépendance, sa force, d'avoir confiance en quelque sorte pour agir sur son destin, ne pas être voué, sans défense, être à la merci des puissances financières qui sont importantes, qui aujourd'hui se mesurent aux États, dans les mêmes proportions avec les mêmes capacités. Autrement dit, si on est là, dans le fond, c'est pour faire en sorte que ce qui est arrivé à la caisse, où le passage... votre passage à la caisse et celui qui va vous remplacer, de celui qui vous remplace actuellement, M. Sabia, ne soit pas instrumental, ne soit pas responsable du démantèlement, du démembrement ou de l'affaiblissement de la caisse, mais qu'on apprenne de ces erreurs pour faire de la caisse le véritable instrument de développement économique du peuple québécois qu'on s'attend. Je suis sûr, M. Rousseau, vous n'aimeriez pas, si au bout de l'exercice, au bout, éventuellement, d'une enquête publique sur ce qui s'est passé à la caisse, que l'histoire retienne de vous et de M. Sabia comme ayant été les fossoyeurs de la Caisse de dépôt et de placement du Québec.

Vous étiez banquier, vous êtes maintenant au sommet ou enfin dans la direction de Power Corporation<V>, une multinationale tentaculaire, qui a un pouvoir économique et politique considérable dans ce pays. Vous êtes donc de la race de ces élites économiques que les évangélistes du libre-marché érigent en gloire, chantent la gloire, mais qui sont devenues ces nouveaux monarques qui se croient tout permis et au-dessus de tout jugement. Et comme, malheureusement, j'imagine M. Rousseau ne s'attend pas à un quelconque compromis de la part de nous sur ce qu'on pense vraiment. On est ici dans la Chambre du peuple et on doit dire ce qu'on pense.

Alors, je pense malheureusement que comme souvent, l'arrogance et le mépris cachent une certaine lâcheté, vous avez préféré démissionner au milieu de la tourmente, vous cacher...

Le Président (M. Paquet): Question de règlement. M. le député de Montmorency.

M. Bernier: Question de règlement, M. le Président. Écoutez, je sais qu'il y a peu de temps, je vais aller très rapidement, mais je pense qu'à un moment donné, il y a une limite, là, qu'il ne faut pas franchir. Alors, je pense que de porter des accusations de ce genre-là, il y a quand même une réglementation en ce qui regarde les mots à utiliser. Il faudrait quand même que ce soit respecté. Qu'il pose sa question, je suis parfaitement d'accord avec ça, mais il y a quand même un respect à avoir.

Le Président (M. Paquet): Alors, j'invite l'ensemble des parlementaires, comme ça s'est déroulé jusqu'à maintenant, de garder la prudence. Il y a des mots qui sont non parlementaires entre parlementaires, ils ne sont pas plus parlementaires si on les utilise avec des témoins. Alors donc, on peut manifester des opinions, des différences d'opinions très fortes, c'est légitime, c'est le respect des parlementaires, mais j'inviterais l'ensemble des députés, dont le député de Mercier, à la prudence dans les termes employés, sinon je devrai vous rappeler à l'ordre si des mots non parlementaires sont employés. Alors, M. le député.

M. Khadir: J'estime que M. Rousseau est assez grand pour se défendre, mais d'accord...

Le Président (M. Paquet): M. le député de Mercier, un instant.

M. Khadir: ...j'accepte...

Le Président (M. Paquet): M. le député de Mercier.

M. Khadir: ...j'accepte, alors...

Le Président (M. Paquet): M. le député, un instant, je vous donnerai la parole dans un instant. Je vous rappelle, M. le député de Mercier, comme pour tous les parlementaires, je dois, en tant que président de la commission demander à ce que les termes qui sont employés soient parlementaires. Ça, c'est une obligation qu'on a comme député, tous et autant que nous sommes. Il faut exprimer avec la plus grande conviction, la plus grande force des visions différentes les uns des autres, mais ça peut se faire dans le respect, et je vous inviterais par respect de l'institution de respecter la réglementation et la règle que je me dois de faire respecter. M. le député de Mercier.

M. Khadir: Alors, vous avez donc manqué, je dirais, tout le courage nécessaire pour rester dans la tourmente. Vous avez préféré vous mettre dans la réserve du secteur privé pour vous soustraire au jugement du public et éviter de rendre des comptes à la population, à ses représentants jusqu'à ce que, finalement, vous avez été forcé par les événements de vous expliquer, et alors, à ce moment-là, vous avez encore choisi le confort de vos amis de la Chambre de commerce de Montréal pour nous expier comment vous avez joué et perdu 40 milliards de dollars des épargnes de notre peuple.

Pour illustrer, s'il en fallait plus, ce que j'appelle quand même un mépris profond pour les intérêts de notre nation, c'est que vous avez refusé ce que plusieurs vous ont demandé gentiment, à mots couverts, plus directement, c'est-à-dire de renoncer à votre prime de départ, comme vient de le mentionner mon collègue de Shefford. Vous comprendrez alors qu'il est assez difficile pour le peuple en général ou pour ses représentants d'ici, de ne pas mettre ça sur le compte – ce comportement – sur le compte d'une certaine culture, culture qui, aux États-Unis maintenant, on le reconnaît, c'est dit sur la place publique, la culture de la cupidité qui a régné dans les milieux financiers américains et qui a malheureusement déteint sur aussi nos milieux financiers, nos banquiers...

M. Khadir: ...qui, aux États-Unis, maintenant on le reconnaît, c'est dit sur la place publique, la culture de la cupidité qui a régné dans les milieux financiers américains et qui a malheureusement déteint sur aussi nos milieux financiers, nos banquiers qui, à l'exemple malheureusement des patrons américains sans vergogne, donnent tous les droits à ces chefs d'entreprise, y compris celui de donner des primes et des bonus, qu'ils soient compétents ou incompétents, qu'ils fassent fortune, la fortune du public ou qu'ils ruinent les déposants ou les petits actionnaires de leurs compagnies.

Je crois d'ailleurs que c'est assez peu rassurant, et ça m'emmène à ma question, pour les petits actionnaires de Power Corporation, de savoir que quelqu'un qui a négligé les intérêts de ses déposants quand il était...

Le Président (M. Paquet): M. le député.

M. Khadir: ...dans le secteur public peut avec autant de légèreté penser qu'il est au-dessus de toute responsabilité. Parce qu'à chaque fois qu'on vous en a parlé, par exemple le 9 août 2007, c'était la tempête parfaite, c'était un moment fatidique comme une calamité du ciel que personne n'aurait pu prédire. Or, vous le savez et je suis sûr que vous le savez si, moi, je le sais, depuis des années, depuis au moins 10 ans, les exemples foisonnent à travers le monde comment cette spéculation peut mener à la ruine des déposants, des petits épargnants, du public en général.

En 1992, nul autre que Galbraith<V> de Harvard a écrit un livre qui a fait école, Euphorie financière , qui explique l'histoire des crises financières successives depuis quatre siècles. Vous devez être au courant. Si un néophyte comme moi est au courant, vous devez être au courant de ça, que l'entreprise de spéculation et la recherche du profit maximum conjugués au bonus, en plus vous nous dites les boni...

Le Président (M. Paquet): M. le député de Mercier.

M. Khadir: Juste un moment.

Le Président (M. Paquet): Excusez-moi. Non, sur le temps de la présidence. Il faut mentionner qu'il reste trois minutes...

M. Khadir: J'y arrive.

Le Président (M. Paquet): ...et, selon l'entente que vous avez eue au niveau des partis d'opposition...

M. Khadir: On poursuivra dans le 10 minutes qui me restent. Vous m'avez amputé de quelques instants.

Le Président (M. Paquet): Non, je ne vous ai pas enlevé aucun temps, M. le député, je préserve votre 10 minutes. Les temps de questions de règlement ne sont pas sur votre temps, sur le temps de la présidence. Sauf que je vous indique qu'en conformité de l'entente que vous avez avec les autres partis de l'opposition, vous disposez ce matin de 10 minutes incluant réponses et questions.

M. Khadir: J'y arrive.

Le Président (M. Paquet): Donc, il reste présentement trois minutes maximum pour une période de questions encore ou de réponses, si vous souhaitez avoir une réponse de M. Rousseau.

M. Khadir: M. le Président, notre oeuvre est collective. Il y a des commentaires, il y a une analyse des réponses qui ont été fournies, je...

Le Président (M. Paquet): ...après le consentement.

M. Khadir: Je compte aussi bien sur les députés de la partie gouvernementale que de mes collègues, d'accord? Alors...

Le Président (M. Paquet): Donc, il reste moins que trois minutes. M. le député de Mercier.

M. Khadir: Très bien. Alors, vous dites que les bonus n'ont rien à faire là-dedans, que les bonis au rendement n'ont rien à faire, alors que toute la planète, en Europe comme aux États-Unis, y compris le président américain, tous les experts s'entendent à dire que cette politique de rémunération des patrons et les bonus au rendement sont une partie centrale qui explique la crise financière aujourd'hui, vous refusez encore de le reconnaître.

Tout ceci étant dit, vous avez, ça, je vous rends grâce pour ça, vous avez fait une assermentation avant de témoigner. Je voudrais vous poser la question suivante: Avant de rentrer à la caisse en 2002, est-ce que vous aviez des liens d'amitié avec la famille Desmarais<V> ou un quelconque lien d'affaires, à titre personnel ou dans vos activités, avec Power Corporation<V>?

Le Président (M. Paquet): Il reste 1 in 30 s, M. Rousseau.

M. Rousseau (Henri-Paul): Comme tous les dirigeants d'entreprise, la famille Desmarais est très connue de tout le monde et mes liens d'amitié ou de relations avec les Desmarais, avec les Péladeau, avec les Coutu, avec la famille Bombardier, je suis dans le milieu des affaires depuis des années et je connais beaucoup de monde.

Je voudrais faire simplement une remarque à tous les Québécois à qui, un jour, quelqu'un va demander d'être un employé, un vice-président, un directeur ou président de la caisse, je voudrais leur dire que, s'ils ont la compétence et s'ils ont le goût d'aller quand même le faire pour servir leurs concitoyens, malgré tout ce qui peut être dit et entendu, après qu'on l'ait fait de bonne foi et de lourds sacrifices dans mon cas, j'ai laissé des millions de dollars quand j'étais payé, pour venir servir les Québécois parce qu'ils m'avaient bien servi comme jeune.

Et ce n'est pas vrai qu'on va laisser attaquer les gens, les gens qui ont fait des travaux à la caisse avec moi, comme à tous mes prédécesseurs, ils étaient de bonne foi. Et, quand j'ai dit dans ma conclusion qu'ils travaillent au développement du Québec, c'est parce que chacun d'eux fait des sacrifices. Les gens à la caisse doivent accepter d'être moins rémunérés que les autres. Ils le font même s'ils sont bien rémunérés que beaucoup d'autres fonctionnaires, mais ils sont en bas du marché, ils le font parce qu'ils croient à ce qu'ils font. Et tous les matins et tous les jours ils le font au bénéfice des Québécois parce qu'ils savent qu'ils ont un rôle formidable que d'assurer des rentes et des assurances de qualité. Mais c'est devenu risqué de faire ce métier et ces positions parce que la chose publique est devenue plus difficile.

Et je suis conscient, M. le Président, qu'il y a une crise de la finance, qu'il y a un procès de la finance, mais il ne faudrait pas que le procès de la finance fasse en sorte que la caisse ne soit plus capable de recruter des gens de qualité.

Le Président (M. Paquet): Mme la députée de...

(Plus tard dans l'après-midi, le député de Québec solidaire peut à nouveau prendre la parole et poser des question à l'ex PDG de la Caisse.  Voici la suite de la retranscription des débats)


 Le Président (M. Paquet): Alors, le prochain bloc, ...(?), je crois qu'il y a un consentement, là, qu'on va interchanger l'ordre de présentation, et le 11 minutes de M. le député de Mercier.

M. Khadir: Merci, M. le Président. L'exercice d'aujourd'hui, comme celui que mon parti réclame, c'est-à-dire une enquête publique sur ce qui est arrivé à la caisse, pas pour identifier des coupables pour l'idée d'identifier des coupables, mais simplement pour comprendre ce qui s'est passé, pour comprendre une certaine vision de l'investissement, pour corriger si c'est des responsabilités individuelles et des problèmes structurels, une vision du type de développement économique...

M. Khadir: ...pour l'idée d'identifier des coupables, mais simplement pour comprendre ce qui s'est passé, pour comprendre une certaine vision de l'investissement, pour corriger si c'est des responsabilités individuelles et des problèmes structurels, une vision du type de développement économique qui ont fait défauts et qui nous ont amenés là.

M. Rousseau, sait mieux que moi que les PCAA sont constitués d'un regroupement de créances et d'engagements divers qui incluent des cartes de crédit, des baux de location et des hypothèques. Les «subprime», c'est une partie de ces hypothèques, autrement dit les «subprime» contaminaient, comme produit toxique, largement et beaucoup les PCAA et sont responsables d'une partie importante... À cause de leur chute, de leur fonte littérale aux États-Unis, ont donc entraîné les déboires qu'on sait avec les PCAA.

Tout au cours de la journée, et pas vous uniquement, bien d'autres gens qui oeuvraient à vos côtés ou qui sont impliqués dans ce dossier-là nous disent qu'il y a eu une tempête parfaite, une conjonction des planètes, un arrimage des différents secteurs d'activité qui ont tous chuté en même temps, que c'était imprévisible, que c'est une calamité, que ça échappe... ça serait une loi naturelle, ça échappe au contrôle de l'État, des individus, des investisseurs. Si c'est une loi, c'est une loi du marché, ce n'est pas une loi naturelle. C'est une loi qui répond à une certaine fonction économique, qui s'appelle le libre marché, laissé à lui-même, non-régulé. Les références que je vous ai données dans... ce matin, dans cette même commission, y faisaient référence, je vous invite... parce que c'est des classiques, je vous invite à les lire, et ça fait des années qu'on en parle. Plus que ça encore, des fonds d'investissement éthiques... Parce que là, on est à la recherche de solutions pour éviter qu'à l'avenir la caisse soit entraînée dans ce type de déboires et pour faire en sorte que la caisse joue son rôle, à la fois engranger des profits, des retours sur investissement pour assurer une retraite digne pour notre peuple, mais aussi qui soit en mesure de faire en sorte que ce soit dans le développement... dans le contexte d'un développement économique qui réponde aux besoins de l'ensemble de la population, donc d'un développement responsable. Or, les fonds d'investissement éthique, depuis au moins 2003, mettent en garde le marché sur les «subprime».

En fait, un article récent qui a été publié là-dessus dit que le marché des «subprime», sa chute pouvait être vue à des «miles away», à des kilomètres, dépendamment si vous portiez les lunettes appropriées, et pas les lunettes roses des spéculateurs encouragés par les bonus reçus à l'investissement dans un marché boursier où tout le monde s'emballe, ça s'appelle l'euphorie financière. Vous n'êtes pas le seul responsable, vous en êtes une victime, la caisse en a été une victime, combien d'autres investisseurs à travers le monde ? Or, quand vous regardez comment, aujourd'hui, se sortent de la crise, les fonds d'investissement responsable, partout, en Amérique du Nord aussi bien qu'en Europe, ces fonds-là de manière constante performent mieux que le marché, qui a été à la baisse en 2008. Ce cataclysme dont vous parlez n'a pas touché aussi gravement et parfois même a complètement épargner les fonds d'investissement responsable. Et on le comprend, c'est parce que ces fonds-là ont des règles de gestion, qui a un souci social, qui a un souci environnemental, et le même souci se répercute dans le retour dans la responsabilité vis-à-vis des actionnaires des déposants, ce qu'on voit moins dans une culture bancaire et financière, pas le vôtre nécessairement mais dans l'ensemble.

Donc, dans cette optique-là, je vais vous soumettre tout à l'heure, si vous le voulez bien, un certain nombre de ça. Un article, par exemple du Wall Street Journal , qui va dans cet effet. Je suis désolé d'apprendre aujourd'hui que malgré toutes les représentations que par exemple le député actuel de La Prairie, M. François Rebello, a fait, moi, j'en ai été témoin, en marge des... en marge à Lyon, là, en marge de la conférence des Entretiens Jacques Cartier, où il a essayé d'amener votre intérêt... de vous intéresser à l'investissement. Or, dans le domaine socialement responsable, dans les fonds éthique, dans l'économie sociale, vous avez été très, très réticent à faire quoi que ce soit qui vaille, mais pour précisément... Parce que la caisse aussi est menacée. Maintenant, là, dans quelques années la caisse doit écrire des chèques à des milliers de gens. Il y a un problème, il y a moins de revenus, il y a eu des pertes, il va devoir liquider un certain nombres d'intérêts.

Et là, vous travaillez pour Power Corporation, qui par exemple, avec sa financière, la financière Power Corporation avait 80 milliards de dollars de fonds d'investissement, est un de ses rivaux qui joue dans les mêmes platebandes. Et là, vous travaillez pour Power Corporation actuellement. Le gouvernement vient de déposer un projet de loi pour bannir pour deux ans, aux députés et à ses ministres... ont offert à ses ministres de travailler au service d'une compagnie qui fait affaire ou qui aurait des intérêts avec le gouvernement. Est-ce que vous estimez que, compte tenu de tous ces questionnements éthiques, et du fait qu'une bonne partie de la population qui ne comprend pas que malgré votre admission de l'erreur, que c'était une erreur, que vous regrettez ce qui est arrivé à la caisse, que vous n'ayez pas renoncé aux 400 000 $...

M. Khadir: ... que, compte tenu de tous ces questionnements éthiques et du fait qu'une bonne partie de la population, qui ne comprend pas que, malgré votre admission de l'erreur, que c'était une erreur, que vous regrettez ce qui est arrivé à la caisse, que vous n'ayez pas renoncé aux 400 000 $ de vos primes, est-ce qu'au moins, vous pourriez peut-être, dans un geste qui rétablirait la confiance du public vis-à-vis de ces institutions et vis-à-vis de vous-même, renoncer à votre emploi chez Power Corporation.

Le Président (M. Paquet): M. Rousseau.

M. Rousseau (Henri-Paul): M. le Président. J'étais président de la Caisse de dépôt et placement du Québec et j'en suis très fier, jusqu'au mois de mai 2008. Durant cette période, la caisse a été un des signataires de la déclaration de l'ONU sur l'investissement socialement responsable. Et la caisse fait partie des 25 signataires de départ. Et comme institution, cette signature était importante pour l'organisation, et j'ai déjà à plusieurs reprises dit ceci, et je le répète: Les investisseurs tels la caisse et les grands investisseurs publics ont un rôle à jouer dans l'ordre mondial, et cet ordre mondial-là demande qu'il y ait poids-contrepoids, et les investisseurs jouent ce rôle-là. D'ailleurs, tous ceux qui gèrent de l'argent ont cette capacité, quand on gère de l'argent pour des tiers, d'intervenir dans les votes sur les sociétés, et des choses comme ça.

Donc, sur votre premier commentaire, je pense qu'une des contributions dont je suis très fier, si un jour vous allez dans le salle du conseil d'administration de la caisse, et je vous le souhaite, vous allez voir un document qui porte justement sur les principes d'investissement socialement responsable, et la caisse est très, je dirais, très active dans ce domaine-là.

M. Khadir: ...pas socialement responsable. C'est des prêts hypothécaires qu'on dit prédateurs.

M. Rousseau (Henri-Paul): J'arrivais à votre réponse. Je veux corriger un point.

M. Khadir: D'accord.

M. Rousseau (Henri-Paul): Le 7 %, les «sub prime», qui sont dans les PCAA, on a su par la suite qu'il y avait 7 %, mais il n'y a pas personne à la caisse qui a pris la décision, encore une fois, d'investir directement dans le «sub prime», disant: On va faire telle chose. Ce n'est pas arrivé comme ça. C'est arrivé par la porte d'en arrière, comme vous le savez. Et, par rapport à votre question, la réponse est: Non.

Le Président (M. Paquet): Alors, M. le député de Mercier.

M. Khadir: Oui. Alors, regardez. Durant votre mandat, et avant vous, en fait, la Caisse de dépôt a des intérêts quand même dans certaines filiales de Power Corporation et directement dans Power Corporation: 200 millions dans les actions de Power lui-même, à ce que j'ai pu glaner dans les documents disponibles, et près de 350 millions dans ses filiales. Ça fait à peu près 500 millions, donc. Par exemple, un syndiqué du secteur public qui a subi les conséquences de vos décisions et en fait, aussi, des décisions du gouvernement avec la loi bâillon qui a entraîné des changements d'orientation dans la caisse, et ensuite, pour le fait que la caisse semble moins préoccupée maintenant, à cause de ce changement, de défendre l'idée d'un développement économique axé sur, par exemple, des soucis environnementaux ou le développement économique de nos régions ou de nos petites et moyennes entreprises, où tout partout, y compris dans tous les éléments qui ont été rapportés dans le livre sur la caisse, vous avez diminué pour investir à la recherche de rendements supérieurs, se trouve en rivalité avec une entreprise très, très puissante, très, très influente au Québec, qui est un rival, Power Financière, la Financière Power. Comment allez-vous assurer le peuple québécois que votre action auprès de Power Corporation ne menace pas nos avoirs.

Par exemple, si la caisse doit liquider un certain nombre d'actifs, il y a l'Hôtel Delta ici, il y a l'édifice le Capital, il y a plusieurs édifices ici, et Power Corporation a aussi des intérêts immobiliers importants. Comment moi, comment les députés ici pourront être assurés, maintenant que vous êtes au service de Power Corporation, que nos intérêts ne seront pas menacés par une solde pour couvrir les pertes.

M. Rousseau (Henri-Paul): Pas du tout.

M. Khadir: Si la caisse doit payer ses déposants, si la caisse doit payer les chèques de nos retraités, à un moment donné, à défaut de paiement, on va devoir éventuellement solder un certain nombre des avoirs, des liquidités, de ce qui est le plus solvable. L'immobilier en est un. Quelle garantie nous devons avoir ici pour s'assurer que votre connaissance des actifs immobiliers de la Caisse de dépôt, de ses risques, de ses investissements à long terme, ne profiteront pas plutôt à Power Corporation qu'aux déposants québécois.

Le Président (M. Paquet): ...minute qu'il reste, M. Rousseau.

M. Rousseau (Henri-Paul): Une minute ?

Le Président (M. Paquet): Une minute.

M. Rousseau (Henri-Paul): C'est d'ailleurs pour ça que, quand j'ai quitté la caisse, j'ai pris un temps d'arrêt pour faire en sorte qu'il y ait cette distance. Deuxièmement, je peux vous dire qu'après ce qui s'est passé en octobre, novembre, décembre, mon disque dur de la caisse est pas mal ruiné, parce que je n'ai plus d'information...

M. Rousseau (Henri-Paul): ...pour faire en sorte qu'il y a cette distance. Deuxièmement, je peux vous dire qu'après ce qui s'est passé en octobre, novembre, décembre, mon disque dur de la caisse est pas mal ruiné parce que je n'ai plus d'information, surtout que ça a changé tellement dans les trois mois, il s'est passé plus de choses que n'importe quand. Autre chose, les activités de la caisse et de Power, de la Banque Royale, de la société Domtar, de la société Merrill Lynch, de n'importe quelle autre société qui... ce sont tous des noms que je vous ai nommés, qui ont eu pour soit, avant ou après, des présidents ou des dirigeants de la caisse.

Et j'ai de la misère à comprendre votre question parce que c'est comme si, au sortir de la caisse, si quelqu'un vient du privé va à la caisse, je ne sais pas quel avenir vous lui réservez, mais je pense que... je ne comprends pas le sens de votre question. L'information que j'ai, elle est carrément plus...

Le Président (M. Paquet): D'accord. Le bloc est maintenant terminé.

M. Khadir: ...Power Corporation, c'est le rival...

Le Président (M. Paquet): Le bloc est terminé.

M. Khadir: ...principal au Québec de la caisse.

Le Président (M. Paquet): Je reconnais maintenant M. le député de Shefford.

(La parole est ensuite donné à d'autres députés pour qu'ils puissent intervenir à leur tour).

 



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