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Par André Parizeau,
Porte parole du PCQ

À voir et à entendre la députation libérale applaudir leur ministre des Finances, après qu'elle eut déposé son nouveau budget, supposé nous aider à sortir de la crise, on ne pouvait faire autrement que de se demander : mais sur quelle planète ces gens vivent-ils ?...

La vérité, c'est que leurs préoccupations demeurent toujours à mille lieux de la réalité que, nous, au niveau de la population, vivons.

Selon bien des commentateurs, ce serait le dernier budget de madame Forget ...Pour relancer l'économie québécoise, plutôt mal en point, il n'y a presque rien.  Rien pour les sans emplois non plus.  Quand au fameux plan de Jean Charest pour faire une "révolution en matière de développement durable", oubliez cela.  Dans à peu près tous les domaines, les montants d'argent neuf sont minimes. Et, comme pour mettre la cerise sur le sundae, on nous prévoit pour 2011 une hausse de la TVQ ainsi qu'une hausse généralisée des tarifs pour les services public.  Le jackpot !

Ce dernier aspect du budget est particulièrement révoltant.  Alors que les travailleurs et les travailleuses, de même que les moins bien nantis de manière plus générale, sont justement ceux et celles qui sont les plus frappés par la crise, c'est encore eux qui devront payer.  Pendant ce temps, on continue à laisser la vie belle à ceux et celles qui ont déjà des millions et peuvent toujours profiter de toutes sortes d'exemptions.  En fait, ces derniers peuvent même bénéficier d'un plus grand nombre d'exemptions fiscales.  Cela est sans parler des nouvelles exemptions accordées, cette fois, aux entreprises elles-mêmes.

Selon Amir Khadir, le député de Québec solidaire, le budget contiendrait 21 mesures visant à augmenter les revenus des entreprises, contre seulement 7 pour soutenir le revenu des particuliers.  Chacune de ces 7 mesures n'auront en même temps que des effets très limités sur les particuliers au bas de l'échelle sociale.

À cela, il faut en plus souligner le fait que le salaire minimum, lui, continuera à demeurer bien en de ça ce qu'il devrait être, gracieuseté de Jean Charest (en mai prochain, il montera à 9.00$ l'heure, mais cela restera encore bien en dessous du seuil de pauvreté et aussi bien en dessous de ce qui existe déjà en Ontario; dès la fin du mois de mars, le salaire minimum dans la province voisine montera en effet à 9.50$ l'heure).

Le déficit appréhendé, loin de venir d'une décision consciente d'investir plus et mieux dans cette économie (ce qu'ils auraient pu faire), découle essentiellement des baisses de revenus à venir, au niveau des entrées d'impôts (cela ne prenait pas la tête à Papineau pour prévoir cela avec toutes les pertes d'emplois...).  On gère finalement la crise comme si on savait qu'on s'en allait tout droit vers le précipice et que cela était OK comme cela.

C'est comme si Jean Charest voulait finalement, de manière encore plus déterminée, nous enfoncer "encore plus dans la tempête", pour reprendre une expression d'Amir Khadir.

 

Sur une note plus positive...

Sur une note plus positive -- qui viendra dire ensuite que nous, les communistes, sommes toujours négatifs ? -- il faut noter l'initiative prise par le gouvernement pour mettre en place un fond commun d'investissement entre la société d'État SGF et le Fonds de solidarité de la FTQ.  La bonification des avantages accordés à tous ceux et celles qui cotisent au Fonds d'action de la CSN est aussi une bonne chose.

Il en va également de la décision du gouvernement de ne pas couper dans les budgets de la santé et de l'éducation.  Ceux-ci seront même légèrement augmentés.

Par contre, et concernant toujours les dossiers de l'éducation et de la santé, il faut en même temps déplorer le maintien du statu quo par rapport à des questions comme les PPP.

 

Sauf que ...

Il faut aussi souligner le fait que ce budget tente aussi d'envoyer un message assez insidieux par rapport à toute la question des services publics.  Voici ce que la CSN avait à dire à ce propos : "Le gouvernement tente de nous convaincre qu’il a beaucoup investi dans les services publics, que ceux-ci seraient arrivés à maturité et qu’ainsi nous devrions arrêter tout développement et nous contenter de les consolider. Nous ne souscrivons pas à cette thèse. Plusieurs mesures nécessaires dans un contexte de vieillissement de la population comme le développement des services à domicile ou des places en centre d’hébergement manquent toujours à l’appel. Des efforts additionnels devront (aussi) être consentis en éducation, spécialement au niveau supérieur, en environnement, en matière de transport en commun et de financement adéquat du Régime d’assurance parentale, pour ne nommer que ceux-là."

Pour ce qui est également du l'environnement, c'est en surplus et encore plus pitoyable. Au de là des mots, il n'y a vraiment rien. Ou presque.  Les promesses de réductions, pour les achats de voitures "plus écologiques", sont tellement restrictives qu'elles ne risquent pas d'avoir d'impact véritable.  On ne met pas un sou de plus en même temps dans le transport en commun (qui devrait pourtant être une priorité) et on continue toujours à garder la porte fermée face à tout le projet de développement d'une véritable voiture électrique "made in Quebec" (en se servant du fameux moteur roue de l'Hydro Québec), ce qui est tout autant scandaleux.  Surtout quand on pense à toutes les pertes d'emplois actuelles, ainsi que le fait qu'un tel projet pourrait concrètement aider à mieux protéger notre environnement, tout en créant un paquet d'emplois.

 

À propos des réactions syndicales

Pour finir, on ne peut qu'être frappé par le caractère relativement modéré avec lequel aussi bien la CSN que la FTQ ont finalement voulu commenter ce budget.  C'est particulièrement le cas avec le communiqué émis par la FTQ.  D'habitude, les centrales syndicales québécoises sont beaucoup plus critiques que cela.  Cette fois-ci, c'est comme si les grandes centrales syndicales voulaient comme faire plus attention, même si, et il faut le préciser, elles ont toujours de nombreuses critiques à faire face à ce budget.

Cela est d'autant plus frappant que tous les partis d'opposition, sans exception, se montrent de leur côté beaucoup plus critiques.  Y aurait-il anguille sous roche ?...

Cela n'est pas sans rappeler la réaction qu'avait eu la CSN après la sortie des premiers chiffres entourant la débandade de la Caisse de dépôt et de placement du Québec.  La CSN avait alors fait relativement bande à part par rapport à ce que toutes les organisations syndicales avaient alors dit.  Se pourrait-il qu'il y aurait derrière tout cela encore un rapport avec la Caisse de dépôt, ainsi que le fait que de nombreux postes au CA de cette institution sont toujours à pourvoir, y compris pour ce qui est du poste normalement réservé à la FTQ ?...  D'autant également que la CSN est actuellement la seule organisation syndicale, pour le moment, qui soit toujours représentée  à ce CA.

Tout cela n'est peut-être au fonds que coïncidence.  Quoiqu'il en soit, et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette nouvelle et relative modération auprès des directions syndicales demeure toute de même bizarre.

Le fait que plusieurs centrales syndicales auraient voulu (tout comme le PQ faut-il le mentionner) que le gouvernement augmente plus rapidement la TVQ, comme moyen pour augmenter encore plus les revenus de l'État, apparaît tout autant discutable.

C'est bien beau d'avoir un crédit d'impôt remboursable pour les plus faibles revenus, de manière à compenser pour la perte de pouvoir d'achat qu'une telle mesure (la hausse de la TVQ) entraînera.  Mais que fait-on alors pour tous ceux et celles qui, sans être vraiment au dessus de leurs moyens, ne pourront bénéficier d'un tel crédit ?  Il serait beaucoup mieux, à nos yeux, de proposer, comme le fait déjà Québec solidaire, d'aller piger dans les poches des plus riches, soient ceux et celles qui en ont déjà beaucoup.

 

 



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