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Note : Tout récemment, et à l’initiative de camarades du PCQ, le film documentaire “Who killed the electric car » (qui a tué le projet de voiture électrique ?) était présenté dans une maison de jeunes, en banlieue nord de Montréal. Ce qui suit est une réflexion préparée par un de ces camarades qui étaient sur place.
Par
Jocelyn
Parent
Membre du Comité Central du PCQ
Le film, Who killed the electric car? (Qui a tué le projet de la voiture électrique ?) -- un film à voir si vous ne l’avez pas déjà fait et qui est également accessible à partir de notre site Internet -- nous montre les déboires du véhicule électrique lancé en Californie (États-Unis) à la fin des années 1990 et début 2000. Ces déboires sont d’un scandale sans précédent car la technologie du véhicule électrique, nommé EV (electric vehicule), a été développée et elle était efficace. Les EV étaient comparables aux performances des véhicules de l’époque, ainsi que celles dont nous nous servons toujours aujourd’hui. Leurs performances pouvaient même être supérieures de beaucoup.
Et pourtant, les compagnies états-uniennes, qui concevaient ces véhicules, telles GM et Ford, mais cela inclut également des compagnies japonaises telle que Toyota, ont toutes ardemment milité pour que leurs propres flottes de EV ne soient pas rentables, et soient même, éventuellement, envoyées à la casse, ce qui, soit dit en passant, est normalement tout le contraire de ce à quoi on pourrait s’attendre d’entreprises face à leurs propres produits. Les publicités que ces entreprises mirent en œuvre étaient négatives, plutôt que positives ou encore émotives, ce qui aident beaucoup à vendre un produit commercialisé. Ensuite, lors de la fin du terme de location des EV, alors que les clients et usagers étaient plus que satisfaits de ces véhicules, ces entreprises ont empêché que ceux-ci les achètent, pour ensuite, non pas recycler les matériaux, mais tout bonnement les envoyer dans les cours de métal pour être compactés, broyés et déchiquetés. Un vrai gâchis ! Il n’était d’autre part pas permis de les acheter; on pouvait seulement les louer.
Un film très instructif
Les révélations contenues dans ce film sont très instructives quant à ce que
nous-mêmes, ici même au Québec, pourrions faire en matière de meilleure
protection de l’environnement, en même temps que trouver une solution face à
notre propre dépendance à l’essence.
Pour en arriver là, Ford et GM ne s’en sont pas tenus à ces gestes des plus graves. Ils ont participé par leurs manœuvres de démarcheurs, ou de lobbyistes, à convaincre les élus et politiciens de différents niveaux que le EV n’étaient pas rentables commercialement, prétendant le peu d’intérêt que les consommateurs leur témoignaient, alors que des activistes en faveur des EV avaient des listes de noms à n’en plus finir de gens qui n’attendaient qu’une EV soit disponible. En même temps, ces mêmes entreprises participaient à développer des véhicules utilisant de l’hydrogène plutôt que de l’essence comme moyen de combustion interne. Il faut dire que la stupidité (stupidité et cupidité) n’a parfois pas de limites. Il a été démontré que ces véhicules (on parle ici des véhicules utilisant l’hydrogène), peu fiables par le froid et aux piètres résultats, étaient loin d’être aussi bien développés que les EV, eux qui existaient déjà depuis quelques années. En passant, en substituant l’essence pour de l’hydrogène, on reste quand même des esclaves des pétrolières. L’électricité peut venir de diverses technologies : il y a les batteries électriques, il y a les batteries photovoltaïques, il y a le vent. Pour les bâtiments, les ouvertures sont plus nombreuses : géothermie, marémotricité, etc.
Se dégager des visions de courte vue
Il faut se le dire une fois pour toutes : seule une énergie renouvelable est
l’avenir de l’humanité. Il faut en même temps se dégager de la courte
vision qu’engendre la recherche des profits. Il n’y a pas d’autre
alternative.
Il faut avoir des objectifs élevés, qui se soucient de l’avenir autant que du présent ; les profits liés à des énergies polluantes ne répondent à aucun de ces critères.
Au cours du documentaire, on peut constater les caractéristiques principales des véhicules électriques états-uniens. Les voici :
ü Ils sont silencieux.
ü Il n’y a aucun rejet toxique (il n’y a pas de nécessité pour un pot d’échappement ni de silencieux).
ü Il n’y a aucune énergie polluante pour l’alimenter (pas d’essence, de diesel, encore moins de ce fameux éthanol mais).
ü Il y a également moins de pièces dans le moteur (l’entretien y est facile et peu onéreux car il n’y a aucune pièce graisseuse; bougies, alternateur et liquides lubrifiants, tous non nécessaires).
ü Puisqu’il n’y a aucun rejet, le véhicule ne participe aucunement au smog que les villes et leurs résidents expérimentent pendant les journées chaudes.
ü Ils sont capables d’un passage de 0 à 100 km/h en 3 secondes.
Voilà un gain ÉNORME pour l’environnement ! Voilà des caractéristiques qui permettent concrètement d’améliorer la qualité de l’air, alors que de nombreux humains développent de plus en plus des maladies respiratoires, comme l’asthme. Aussi, et cela nous le savons tous, le CO2 participe au réchauffement climatique. Alors lorsqu’il n’y a aucune émission d’un tel gaz, l’humanité et l’environnement s’en trouvent mutuellement avantagés.
Si un tel véhicule électrique disposait en plus du moteur-roue, tel que l’avait développé Hydro Québec dans les mêmes années que les EV, et que l’Hydro Québec possède toujours, il n’aurait nullement besoin de se recharger une fois à destination car, lors du freinage, les batteries pourraient automatiquement se recharger.
Au Québec, nous sommes en même temps un des principaux producteurs d’aluminium ; notre production est largement exportée vers l’étranger. Alors, pourquoi ne pas avoir des véhicules électriques qui pourrait en même temps être fait en aluminium ? En plus d’être plus légers, ces véhicules auraient également l’avantage de ne pas rouiller.
Mais que manque-t-il donc à nos élus ?
Oui, et nous le savons, ce qui manque le plus à nos élus pour faire avancer
un dossier comme celui-là, c’est le courage politique.
À l’heure des changements climatiques, que les États développent seuls ou en coopération des véhicules électriques, c’est reconnaître que l’environnement est un enjeu collectif, ce qui est bien plus que les chartes de droits individuels peuvent promouvoir et défendre. Il faut que l’environnement soit reconnu mondialement comme un droit et un bien collectif. Et pourtant, les États-Unis et le Canada n’y participent pas activement ; le premier pays des deux, qui d’ailleurs est le plus fort économiquement, n’a même pas signé l’Accord de Kyoto.
Reste la question de leur fabrication. OK, nous direz-vous. Ces véhicules seraient moins polluants à conduire, mais serait-ils aussi moins polluants à construire ?
Les métaux utilisés ont-ils été extraits dans le respect des localités? Ont-ils été transformés en effectuant le moins possible de rejets (eaux polluées, gaz, produits chimiques, etc.)? Ont-ils été fabriqués et assemblés le plus près possible des clients et usagers auxquels ils sont destinés? De maintes autres questions peuvent être soulevées. Il ne suffit que de vouloir protéger l’environnement, et conséquemment l’avenir de l’humanité. Il faut accepter de s’adapter aux changements ; il ne faut pas avoir peur de changer.
Qui sont les grands coupables ?
Sont
COUPABLES les groupes et fonctionnement sociaux suivants :
ü Les constructeurs automobiles.
ü Les pétrolières.
ü Les gouvernements.
ü Les médias de masse qui ne favorisent pas beaucoup les énergies vertes par rapport aux voitures polluantes.
ü Les batteries à hydrogène.
ü Les lois en faveur des entreprises privées, et non des biens collectif et démocratique.
L’organisation sociale, que crée le capitalisme en tendant à la privatisation et aux monopoles dans tous les secteurs, contribue directement à l’appauvrissement des gens, en plus de les mettre dans la dépendance et l’esclavage, même si ce dernier point est moins visible.
Des questions que nous vous invitons à répondre par vous-mêmes :
Au cours d’un récent visionnement de ce document qui se déroulait dans une
maison de jeunes, en banlieue de Montréal, et de la discussion qui s’en est
suivi, nous nous sommes posés des questions, que nous vous présentons, et
que nous vous invitons a répondre par vous-même ou en groupe :
ü L’entreprise privée doit-elle n’avoir aucun critère social et environnemental, fourni par un État, lorsqu’elle conçoit, fabrique et vend un produit ? Le cas de la récente Mustang 2006 illustre bien ce cas : véhicule conçu expressément pour les gens en moyens et nostalgiques de leur jeunesse.
ü Alors que le Québec a déjà développé le moteur-roue, une technologie qui dort présentement sur les tablettes ministérielles, que lui manque-t-il donc pour développer un véhicule électrique fabriqué ici même, au Québec, par et pour les gens d’ici ? Mentionnons qu’il y a quelques années, à Boisbriand, dans les Laurentides, l’usine de GM a fermé et que cette entreprise a quitté le Québec sans même rembourser les prêts que les différents paliers de gouvernement lui avaient consenti. À St-Jérôme, il y a bien le C.E.V.E.Q, mais c’est loin d’être une entreprise nationale.
ü Pourquoi ne pourrions-nous pas obliger les candidats aux élections, tout niveau confondu, à se prononcer sur la fabrication d’une flotte de véhicules électriques ?
ü Combien d’années faudra-t-il encore attendre avant de voir de véritables véhicules électriques pour la majorité des gens se déplaçant par leurs moyens ? (Actuellement, au Québec, il y a la Toyota Prius qui est un véhicule hybride (mi-essence, mi-électricité) et la ville de Québec s’est dotée de quelques mini-autobus électriques servant pour les trajets dans une partie de sa ville patrimoniale. Mais globalement, on demeure encore très loin du compte.)
ü La hausse des prix du pétrole que nous subissons depuis quelques années est-elle davantage due à la spéculation ?
ü Bien que cela peu orienter des utilisateurs de véhicules personnels vers le transport en commun, les frais d’usage de celui-ci ne font que s’élever. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir un service de transport en commun gratuit ? Pour sûr, cela encouragerait bien plus les gens à s’en servir et cela favoriserait du même coup l’amélioration des horaires, ainsi que le nombre de , grâce à la plus grande affluence.
L’échec du véhicule électrique, tant en Californie qu’au Québec, démontre un fait inattaquable, et celui-ci découle de la façon dont l’économie est organisée. La question des monopoles est ainsi soulevée. L’intérêt privé (du riche ou de la personne en moyens) peut souvent être un frein à l’évolution éthique et morale que peuvent et doivent développer les humains et leur collectivité, les États. Les pétrolières ne lâcheront pas leur monopole sur l’or noir, et elles feront tout selon leurs moyens pour freiner les élus et les populations dans les changements pourtant nécessaires.
Nous pouvons donc aussi poser une autre question. Qu’arriverait-il si des écologistes militaient devant GM et Ford, ou une quelconque autre entreprise polluante ? On pourrait reformuler la question autrement : De quel côté se rangeraient les forces de l’ordre, qui ont juré de Servir et de Protéger, alors qu’il y a des gens manifestant pacifiquement pour que la pollution cesse ? Servir qui, au nom de quoi, au nom de quel idéal ? La plupart du temps, en fait la majorité du temps, lorsque des gens manifestent pour obtenir des droits, ou encore lorsqu’ils le font pour que des droits soient tout simplement respecter, ce sont les manifestants qui risquent les amendes et l’incarcération, non pas les pollueurs, les fraudeurs, les abuseurs.
Le Parti communiste du Québec (PCQ) considère que le Québec doit se doter au plus vite de véhicules électriques, fabriqués ici, avec nos propres ressources, et ce dans les deux sens du terme.
Nous considérons aussi que c’est un crime contre l’humanité que de faire des manœuvres empêchant des développements sains pour un meilleur monde, tel le véhicule électrique. L’énergie est l’un de ces biens collectifs qui doit appartenir à toute l’humanité. Une vraie politique de transport en commun devrait en même temps contenir les éléments suivants :
ü Des véhicules électriques;
ü Un service qui serait gratuit;
ü Inciter le covoiturage en attendant l’établissement d’autres mesures, de visée plus à moyen long terme et visant à réduire le plus possible l’usage de véhicules personnels polluants;
ü Le développement d’un réseau fiable et aux passages fréquents d’une flotte de véhicules de transport en commun;
ü Encourager une organisation du travail qui évite les déplacements interrégionaux des travailleurs -- travailler là où les gens vivent;
ü Dans les cas de violations importantes des lois et règlements sur la route, les agents de police devraient pouvoir émettre des contraventions payables immédiatement, à défaut de quoi les véhicules des contrevenants pourraient être saisies.
Si l’énergie est un enjeu prioritaire pour nos gouvernements, comme le professent souvent George Junior Bush et son copain et laquais, Stephen Harper, alors pourquoi se lancent-ils à pleine vitesse dans des formes d’énergies polluantes telles que le pétrole ? L’évidence, elle est limpide : cela sert leurs intérêts, ainsi que ceux des gens qui les aident à se faire élire.
Nos propres intérêts, à nous, commandent qu’on agisse dans une autre direction. À notre point de vue, cela fait partie intégrante du combat pour l’indépendance et le socialisme au Québec.
Notes :
Indication : Nous faisons la promotion de films et documentaires qui portent
à la réflexion, tel que celui-ci, et ce sans demander des frais d’admission
lors de nos représentations.
« Je participe à sauver le monde en conduisant une voiture électrique »,
dit Tom Hanks, dans le film documentaire "Who killed the electric car ?",
alors qu’il parlait de la EV1.
***
Autre
lecture suggérée :
Énergie
libre et technologies,
de Jeane Manning, Louise Courteau Éditrice, 2001.
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