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Qui est Robert Gates, le nouveau secrétaire à la Défense, nommé par Georges W. Bush, en remplacement de Donald Rumsfeld ?  Faut-il penser qu'il pourrait y avoir, des suites de cette nomination, un relâchement dans la politique étrangère des États-Unis ?  Quoiqu'il puisse y avoir toutes sortes de spéculations à ce propos, la prudence reste de mise.  Au de là des mots, des discours des uns, et des sous-entendus des autres, le plus important, ce à quoi l'avenir jugera, seront les gestes qui seront posés.  Et à ce sujet, on ne devrait pas se faire trop d'illusions.

Chose certaine, pour ce qui est de l'impact qu'une telle nomination pourrait avoir sur l'avenir des relations entre le Canada et les États-Unis, cela ne devrait pas changer grand chose, sinon que Stephen Harper continuera à avoir l'air encore plus fou, lui qui ne jure que par le discours néo conservateur de l'extrême droite américaine.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, Robert Gates n'est pas une colombe.  Loin s'en faut.  Ancien chef de la CIA, c'est aussi un membre de la garde rapprochée de Georges Bush père.  Avec toutes les gaffes accumulées par Bush fils, l'arrivée de Robert Gates semble d'ailleurs renforcer l'idée comme quoi c'est de plus en plus George Bush père qui reprendrait de plus en plus, à Washington, les rennes du pouvoir en sourdine.  Robert Gates a toujours été jusqu'ici un homme associé aux tenants d'une politique étrangère "musclée" de la part des États-Unis.

Le fait que Robert Gates ait fait partie de la Commission Baker, dont le récent rapport prône un désengagement graduel des États-Unis en Irak, et qu'il ait aussi fait sensation en affirmant publiquement ce que tout le monde savait déjà -- à savoir que les États-Unis sont en train de perdre la guerre en Irak tandis que ce pays est en train de sombrer dans un chaos quasi total -- colle bien avec le pragmatisme également bien connu du personnage.  Mais cela ne change pas grand chose quant à la profondeur de ses idées.

Il est plutôt rare qu'un faucon devienne une colombe ...

Si Robert Gates, et derrière lui George W. Bush, père et fils, semblent maintenant prendre leur distances avec les plus aspects plus "unilatéralistes" de la politique internationale des néo conservateurs, c'est probablement parce qu'ils les jugent  maintenant comme étant "inaptes" et plus vraiment "non productifs" par rapport à la poursuite de leur politique de domination à l'échelle internationale.  Et ce n'est pas parce qu'ils auraient soudainement découvert les vertus de la justice ou du pacifisme.

Robert Gates fut lui-même impliqué, à une certaine époque, dans l’Iran Gate - cette affaire des années quatre-vingt sur des armes vendues à l’Iran pour financer des actions au Nicaragua contre les sandinistes. Il avait alors recommandé, selon un document d’archives, d’intervenir militairement contre Managua.

Ironie de l’histoire, il a par la suite organisé, avec la bénédiction d’un certain Donald Rumsfeld (!!!), le soutien logistique au régime de Saddam Hussein pour déstabiliser Téhéran à l’heure où faisait rage une guerre Iran-Irak très longue et très meurtrière.

En Irak, plaide aujourd’hui le nouveau secrétaire à la Défense, il faudrait moins se préoccuper d’installer la "démocratie" - comme l’a avancé l’administration Bush pour justifier la guerre -  et plus se préoccuper, comme condition d’un éventuel désengagement US, du transfert de la politique sécuritaire sur les épaules d’un... « pouvoir plus fort à Bagdad » ...

Quant à la démission de John Bolton ...

C'est un peu la même chose avec la démission, survenue à peu près au même moment, de l'ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies, John Bolton.  Ce dernier était un diplomate aux allures de "faucon extrême"; il était tellement extrémiste que sa nomination n'avait finalement jamais été entérinée par le Congrès à Washington; c'était trop controversé.

De toute évidence, sa démission se veut un geste de compromis de la part de l'administration Bush face au camp démocrate, au lendemain des élections de mi-mandat qui furent désastreuses pour le camp républicain.  On verra bien par qui il sera remplacé.

Rester vigilant

Personne ne se plaindra évidemment du départ de John Bolton.  En tout cas pas du côté du mouvement pour la paix ainsi que des divers mouvement pour la justice et la solidarité internationale.  La même chose vaut pour l'implication américaine en Irak (ainsi que pour l'implication canadienne en Afghanistan, du reste).  Le plus vite, ces soldats partiront et le mieux se sera pour tout le monde.  Cela ne nous empêchera pas de rester vigilant contre tout éventuel nouveau "coup de cochon" de la part du gouvernement américain.  Comme nous le disions plus haut, il est plutôt rare de voir un faucon se transformer en colombe ...

Dans le fonds, ces tous derniers revirements dans la politique américaine démontrent une fois de plus l'importance, pour nous ici, de se désengager complètement de notre dépendance vis-à-vis du géant américain.  L'exemple donné, à cet égard, par un nombre grandissant de pays d'Amérique Latine, nous montre la voie.



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