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L'invasion du Kurdistan irakien
 par la Turquie n'est que le prolongement d'une vieille politique de génocide contre les Kurdes

 

Par Alexandre Pouliot Roberge,
Membre du Comité Exécutif Central

Le 21 février de cette année,  l'armée turque a militairement agressé les Kurdes sous protectorat irakien.  Cette situation a choqué avec raison l'opinion mondiale.  Le Parti Communiste Français (PCF) a déjà dénoncé cette agression lâche et immonde de la part de l'état bourgeois turc.  Le Parti Communiste du Québec en fait de même.  Pourtant cette agression en territoire étranger n'est que le prolongement de la politique de génocide de l'état turc à l'endroit de la nation kurde.

De dénoncer l'attaque barbare de la Turquie est nécessaire,  c'est l'ABC de l'internationalisme.  Mais il semble que plusieurs personnes dénonçant cette attaque se préoccupent beaucoup plus de la violation du territoire iraquien que du sort des Kurdes eux mêmes.  Ce à quoi la Turquie s'attaque est le PKK, c'est à dire le Parti des Travailleurs du Kurdistan.  C'est le parti qui mène actuellement avec le plus de courage et de détermination la lutte de libération nationale kurde.  Ce parti, qui a appelé aux armes les Kurdes de Turquie en 1984, est la pire épine dans le pied d'Ankara.  Les Kurdes vouent à ce parti un grand respect car c'est le PKK qui a donné une portée internationale à la lutte de libération nationale kurde.

Menant une guerre de guérilla courageuse,  le PKK est fiché comme étant une organisation terroriste par les États-Unis,  l'Union Européenne et le Canada.  Le PKK n'est pourtant pas un organisation terroriste.  C'est une armée de lutte de libération nationale qui combat pour un Kurdistan indépendant et socialiste.  Ce parti est l'arme la plus redoutable de la nation kurde contre le génocide qu'elle subit depuis des décennies.
 

 

 Une politique de génocide


Les Kurdes forme la nation sans État indépendant ayant la plus importante population au monde.  Les Kurdes seraient approximativement entre 25 et 30 millions.  Il est difficile d'avoir des statistiques précises sur leur nombre car le Kurdistan est actuellement découpé géographiquement entre la Turquie,  la Syrie,  l'Irak, et l'Iran.  La politique de génocide que pratiquent ces États fait en sorte qu'ils ne forcent pas la note sur les recensements de la population Kurde.  La majorité de ce territoire appartient à l'État Turc dont l'existence est entre autre basé sur la négation de la nation kurde.   Excepté en Irak, où après l'invasion américaine, les Kurdes ont obtenu une autonomie très relative,  ceux-ci sont partout discriminés et considérés comme des citoyens de seconde classe.  Ils ne réussissent que très rarement à avoir des emploies intéressants.  Leurs médias sont interdits,  les divers États qui occupent leur territoire, refusent d'ouvrir des écoles en langue kurde.  Nous sommes en face à d'une politique d'oppression nationale qui, quant au fond, ne diffère en rien de celle que pratique la Fédération de Russie contre les Tchétchènes.

 

Les Kurdes d'Irak avaient gagné une paix relative après la chute de Saddam Hussein, en Irak.  Ils n'avaient pourtant pas eu la vie facile.  Après la première guerre du Golfe,  Saddam Hussein s'était vengé contre les Kurdes en appliquant une politique multipliant les massacres. 

Les Kurdes sont les mieux placés pour ne pas regretter le tyran de Bagdad.  Avant l'implantation d'une force multinationale de maintien de la paix dans le Kurdistan iraquien en 1992,  Saddam Hussein avait fait régner la terreur quotidienne auprès des populations kurdes.  Les miliciens de Saddam avaient le feu vert du régime pour kidnapper au hasard des jeunes filles kurdes qu'ils abattaient ensuite, après les avoir violé collectivement durant plusieurs jours.

Toute personne identifiée comme étant un nationaliste kurde était abattu sommairement.  Suite aux massacres de 1991,  des camps de réfugiés ont été construits pour les populations kurdes.  Ceux qui étaient contrôlés par l'armée turque ont été pillé par cette dernière.  L'intervention de l'armée américaine fut nécessaire pour arrêtée cette politique de banditisme appliquée par l'armé turque qui était sensé secourir les Kurdes.
 

L'acharnement Turc et la détermination du PKK

La Turquie menaçait depuis plus d'un an d'entrer au Kurdistan irakien pour en déloger le PKK.  Ce dernier n'a jamais cessé de mener la lutte armée au Kurdistan turc.  Les guérilleros se réfugiaient au Kurdistan iraquien, après leurs attaques contre les soldats turcs.  Cette guérilla insaisissable jurait qu'elle n'arrêterait jamais la lutte tant et aussi longtemps que le Kurdistan n'aurait pas son propre État indépendant.  Mais l'État bourgeois turc ne pouvait se faire à l'idée de respecter le droit des nation à disposer d'elle même, devant la possibilité de perdre une territoire aussi grand.  Il n'en prenait pas plus pour que L'armée turc se décide finalement à tout faire pour écraser le PKK.

Ce n'est pourtant pas aussi facile que cela peu en avoir l'air.  Les rebelles ne sont peut-être bien que 4000, selon certains estimés, mais ils connaissent parfaitement leur territoire.  Se rendre dans le nord de l'Irak est une tâche difficile,  le ravitaillement des troupes est pire encore.  Les hélicoptères ne sont pas une solution utile, compte tenu d'une telle géographie.  Le territoire du Kurdistan ressemble un peu à celui de l'Afghanistan, là où les Moudjahiddins surnommaient jadis les hélicoptères russes comme étant des  "tombeaux volants", du au nombre impressionnant d'appareils qu'ils pouvaient abattre.

Le PKK, telle une armée fantôme, disparaît dans la nature pour aussi tôt réapparaître dès que les Turcs baissent la garde.  La population Kurde est en aucun cas disposé à collaborer avec l'assaillant. Tout au contraire,  l'attaque turque ne fait que pousser encore plus de Kurdes à la lutte armée.

Le PKK a appelé l'ensemble des Kurdes de Turquie et d'Irak à la lutte armé en spécifiant de ne pas s'en prendre aux populations civiles.  Nous sommes en droit de douter que l'armée turque ait donné le même genre de directives à propos des civiles kurdes.

À l'heure actuelle, les deux camps se contredisent sur le nombre de morts et de blessés.  L'armée turques prétend avoir tué jusqu'à 230 guérilleros et n'avoir perdu que 27 hommes.  Du côté du PKK, on déclare pour sa part avoir éliminé jusqu'à 108 soldats turcs, tandis que seulement 5 de leurs camarades auraient perdu la vie.  Il y a peu de chance que l'un ou l'autre bilan soit vraiment représentatif de la réalité.

Le PKK se doit en tant que guérilla de paraître comme étant indestructible;  l'armée turque ne veut pas perdre non plus la face, comme l'a fait Israël au Liban.  Les journaux turcs ont rapporté qu'au moins un commandant du PKK, Kadir Celik, alias "Ape Hüseyin" aurait été tué.  Celui-ci était considéré comme l'homme ayant donné l'ordre aux rebelles d'attaquer en octobre dernier un poste de gendarmerie turc près de la frontière irakienne, tuant 12 soldats turcs.

C'est d'ailleurs cet évènement qui sert actuellement de prétexte pour les incursions militaire que mène actuellement l'armée turque.  Le PKK aurait démenti ces informations, selon l'agence kurde Firat News.  Il ne serait pas surprenant que cette histoire soit de même nature que les soit disant décès multiples qui se seraient produits avec Fidel Castro et Che Guevara,  durant la lutte contre l'ancien dictateur cubain Fulgencio Batista.
 

La seule solution:  un État indépendant kurde

Peu importe ce qu'en pensera l'armée turque,  la question kurde ne pourra se régler que par la création d'un état indépendant kurde.  Malheureusement, beaucoup d'organisation de gauche dans le monde s'opposent en même temps à un tel projet.  C'est toujours le même problème, en ce qui a trait à la manière de régler les questions nationales, partout où une telle question peut encore se poser.  Pour certains, c'est comme si seulement les Palestiniens auraient droit à un État indépendant.  Mais pas les autres.

La nécessité d'un État indépendant palestinien n'est pas à remettre en question.  Les luttes de libération nationale des kurdes,  des Tchétchènes,  des Kosovars,  des Québécois, ainsi que de tous les autres peuples non encore libérés des chaînes de leur domination, sont tout aussi valable que la lutte de libération nationale palestinienne et mérite tout autant qu'on les appuie.

Le génocide kurde ne pourra s'arrêter que si les Kurdes finissent enfin par avoir un État indépendant couvrant les Kurdistans turc,  iraquien,  syrien et  iranien, tout comme le revendique le PKK.  Le droit des nations à disposer d'elles s'applique à tout le monde et les Kurdes ont depuis longtemps prouvé à la terre entière qu'il souhaitaient avoir un État indépendant.  Il est donc de notre devoir de les soutenir dans leur lutte.

Parti communiste du Québec (PCQ) - Mis à jour : le 12 mars 2008.