www.pcq.qc.ca - Parti communiste du Québec (PCQ)
Dernière mise à jour :


Une mise en garde : Dans les grands médias, le Hezbollah est souvent présenté comme une organisation terroriste et un mouvement de droite.  Mais est-ce vraiment le cas ?

S’il est vrai que cette organisation fonde une bonne partie de son idéologie sur la religion musulmane et que cette intégration de la politique avec la religion est un phénomène auquel, nous sommes maintenant peu habitué au Québec -- cela cadre mal avec la séparation qui existe maintenant au Québec, entre ces deux mondes --, s’il est vrai également qu’il existe effectivement des différences importantes entre ceux et celles qui se réclament du socialisme et un parti comme le Hezbollah, il est tout aussi évident que la plupart des analyses ayant cours dans les grands médias sur ce mouvement sont très réductrices et ne reflètent pas toute la réalité de la situation politique dans cette région du monde.

À la vue des très larges appuis que possède ce mouvement, non seulement au sein de la communauté musulmane libanaise mais aussi au sein des autres communautés de ce pays, l’étiquette de terroriste apparaît également comme étant de plus en plus farfelue.

Tout aussi farfelue sont les efforts actuels de certains leaders d’opinion, au Canada anglais, visant à assimiler les représentants du mouvement souverainiste au Québec à l’intégrisme musulman, tout simplement parce qu’ils étaient plusieurs à participer à la grande manifestation d’appui au Liban, au début août.

Vouloir cataloguer le mouvement Hezbollah avec une étiquette est peut-être plus complexe que certains voudraient nous faire croire.  Nous ne nous présentons pas, nous-mêmes, comme étant des experts de la situation au Moyen-Orient mais nous savons en même temps à quel point il faut garder un regard critique face à toute la propagande qui peut parfois déferler par rapport au Moyen Orient. À preuve cette entrevue récente avec le leader de ce mouvement, Hasan Nasrallah dont nous avons décidé de publier de larges extraits pour le bénéfice de tous ceux et celles qui visitent notre site et qui apporte un regard encore peu connu sur ce mouvement.

Voici donc ces extraits.  Effectuée par le journal turc, Evrensel, le 12 août dernier, donc après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu, cette entrevue est d’autant plus intéressante que toutes sortes de spéculations ont actuellement cours sur ce qui pourrait maintenant arriver au Liban.

 ***

 Q. : Est-il à craindre que le Liban se retrouve dans le futur devant un danger de guerre civile ?
Hassan Nasrallah
: Le régime sioniste espère créer une confrontation ethnique et religieuse dans la région, en fomentant des tensions intercommunautaires.  Mais le Hezbollah a brisé ce plan. Dans notre pays ainsi que dans tout le Proche-Orient, les peuples opprimés ont défendu le Hezbollah et lui ont apporté leur soutien. Y compris les socialistes et les Chrétiens.

Certes, l'impérialisme a créé des organisations islamistes collaboratrices qui ont non seulement semé la haine parmi les communautés mais qui en plus, ont combattu les forces révolutionnaires.

A présent, les conditions ont changé.  Pour citer un autre exemple: avant de renverser Saddam Hussein, les États Unis d'Amérique l'ont utilisé pour combattre l'Iran, les Kurdes et nous.  Diverses organisations à la solde de l'impérialisme ont servi à ces conflits intercommunautaires.

Nous sommes parfaitement conscients de cette stratégie. Nous l'avons bien réalisée et durant notre histoire, nous avons scrupuleusement évité de tomber dans ce piège (…).

Q.: Puisque nous abordons la question irakienne, nous aimerions vous poser une question à ce propos: nous constatons effectivement qu'une guerre interconfessionnelle est, en quelque sorte, fabriquée dans ce pays occupé. Ces derniers jours, certains généraux américains ont même mis en garde contre une guerre civile imminente en Irak. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Hasan Nasrallah
: Lorsque les impérialistes ne parviennent pas à vaincre un peuple par les armes, ils créent de toute pièce des organisations intérieures prétendument résistantes afin de fomenter des guerres civiles. Cela permet aux impérialistes de se présenter en sauveurs et en vainqueurs.  Mais quoiqu'ils fassent, ils ne parviennent pas à leurs fins.  Ce jeu a été utilisé en Irak contre les Chiites et les Kurdes.  Les impérialistes persistent actuellement avec la même stratégie.  Aujourd'hui, Saddam n'est plus au pouvoir mais il y a des centaines de Saddam potentiels. Nous veillons à ce que notre peuple, nos peuples, restent vigilants face aux menaces de guerres fratricides.

 Q. : A quel degré entretenez-vous des relations avec le mouvement socialiste ?
Hasan Nasrallah
: (…) L'exemple le plus concret est le soutien apporté par le président du Venezuela, Hugo Chavez. Le rappel de son ambassadeur en mission en Israël est un acte que bien des États musulmans n'ont pas osé poser. En outre, Chavez a fait part de son soutien à notre résistance de manière explicite. Cette déclaration de Chavez nous a formidablement encouragé (…).

Q.: Dans les rues libanaises, les posters du Che, de Chavez, d'Ahmadinejad et du Hezbollah se côtoient. Est-ce le signe de l'émergence d'un pôle nouveau ?
Hasan Nasrallah
: Nous tenons à saluer les peuples d'Amérique latine et leurs dirigeants. Ils ont toujours résisté aux brigands du Nord de manière héroïque. Leur lutte constitue une source d'espoir pour nous.

Ils montrent à tous les peuples opprimés la voie à suivre. Allez donc parcourir nos rues; vous verrez que notre peuple porte Chavez et Ernesto Che Guevera dans son coeur.

À nos amis socialistes qui souhaitent se battre avec nous pour la fraternité et la liberté, nous leur disons que si c'est pour nous dire que, "la religion est l'opium du peuple", ce n'est pas la peine qu'ils viennent. Nous récusons de telles conceptions.  Cependant, au-delà de nos différences, nous tenons pour preuve de notre entente, les photos de Chavez, du Che, de Sadr (*) et de Hameney (*) brandies côte à côte.

Q.: Certaines sources prévoient que l'agression contre le Liban va déborder sur la Syrie. Pensez-vous qu'une guerre régionale puisse avoir lieu?
Hasan Nasrallah
: Les puissances impérialistes déclarent sans détours vouloir assujettir les peuples de la région et remodeler le Moyen Orient en installant des gouvernement serviles.

(…) Les impérialistes occidentaux espèrent faire du Liban et de notre région un deuxième Kosovo, en attisant des tensions entre les communautés. Nous ne marchons pas dans ce jeu.  Dans nos rues, tous les Libanais, qu'ils soient Chrétiens, Sunnites ou Chiites, brandissent les drapeaux du Hezbollah.

Désormais, leur monde "unipolaire" fait partie du passé. Face à eux, il y a nous, l'Iran, la Syrie, le Venezuela, Cuba et la Corée du Nord.  Il y a la résistance en Palestine, en Irak et en Afghanistan!  Tant que l'impérialisme et ses guerres d'occupation existeront, les peuples poursuivront leur résistance (…).

Q. : Certains prétendent que le Hezbollah est téléguidé depuis l'Iran. Que répondez-vous à cette accusation ?
Hasan Nasrallah
: Ce n'est que pur mensonge. Nous sommes une organisation libanaise indépendante. Nous n'acceptons de directives de personne. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous ne coopérons pas. Je le répète, nous sommes partisans. Nous prenons le parti de l'Iran et de la Syrie. Ce sont nos frères. La moindre attaque visant Téhéran ou Damas, nous la ressentirions comme une agression contre nous. Nous sommes prêts à les défendre jusqu'à notre dernier souffle. Nous prônons la résistance globale au terrorisme impérialiste global.

Q. : Souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ?
Hasan Nasrallah
: La paix n'est jamais l'oeuvre d'une seule partie. Il est impossible d'instaurer une paix durable dans un monde dominé par l'impérialisme. La paix ne peut que naître de la lutte pour l'émancipation. Par conséquent, elle ne peut être atteinte tant que des pays comme l'Irak, l'Afghanistan ou la Palestine subiront l'occupation.

(*) Dirigeants religieux en Irak et en Iran.

 


Pour télécharger
et/ou imprimer
ce document

 


Sujets reliés :