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Source : le journal L'Humanité

Proche-Orient . Olmert bétonne, Rice s’en accommode et Abbas sort sans doute encore un peu plus affaibli d’une rencontre tripartite sans avancées sur la création d’un État palestinien.

Toute la symbolique est contenue dans une des photos publiée par l’Agence France presse (AFP). On y voit assis autour d’une table les trois protagonistes. Condoleezza Rice au milieu, Omert à sa gauche et Abbas à sa droite. La table est vide à l’exception d’une boite en son centre. Seul le président palestinien a une feuille de papier devant lui (la Feuille de route ?).

Washington et Tel-Aviv voudraient faire trébucher le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, affaiblir sa position face au Hamas, voire l’humilier, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Le sommet, convoqué hier à grand renfort médiatique à Jérusalem, a accouché d’une souris. Ou plutôt, il n’a fait que répéter les mêmes déclarations sans ouvrir aucune perspective. « Nous avons tous les trois affirmé notre engagement pour une solution à deux États et nous nous sommes entendus sur le fait qu’un État palestinien ne peut voir le jour dans la terreur et la violence », a déclaré Condoleezza Rice, la secrétaire d’État américaine.

Non respect de la feuille de route

« Le président (Abbas) et le premier ministre (Olmert) ont discuté des questions inhérentes à l’accord pour la formation d’un gouvernement palestinien d’union nationale et de la position du Quartette selon laquelle tout gouvernement de l’Autorité palestinienne doit s’engager à ne pas recourir à la violence, reconnaître Israël et accepter les accords passés, les engagements, y compris la feuille de route », a-t-elle ajouté. En clair, il s’agissait d’une discussion à sens unique où les Palestiniens étaient en position d’accusés : si rien ne s’est passé ces dernières années c’est parce qu’ils ont utilisé la violence contre Israël, qu’ils ne respectent pas la Feuille de route et qu’ils envoient à nouveau un mauvais signal en signant un accord « au rabais » avec le Hamas, l’organisation vainqueur des élections !

Rien donc sur la construction du mur dit de séparation par Israël, pourtant déclaré illégal par la Cour internationale de justice (CIJ). Rien sur les extensions ni même sur la création de nouvelles colonies, contrairement aux engagements de la feuille de route (qu’Israël n’a pas entériné comme présentée car il lui a ajouté des annexes et non des moindres puisqu’elles reviennent à exiger que les Palestiniens remplissent d’abord leurs engagements avant que Tel- Aviv ne consente à examiner ce qu’elle peut faire). Rien encore sur la violence quotidienne à l’égard des civils palestiniens (entraves à la liberté de circulation, assassinats ciblés, bouclage des territoires...). Encore moins que rien sur les raids militaires par air, terre et mer contre une population qui meurt à petit feu, déjà asphyxiée par un blocus économique que la communauté internationale, habituellement si frileuse et incapable de la moindre décision lorsqu’il s’agit d’Israël, a mis en place au lendemain des élections législatives palestiniennes, il y a plus d’un an maintenant.

Leadership américain

Pour Rice, c’est tout de même un succès puisqu’elle a prévenu que les dirigeants israélien et palestinien sont convenus de se rencontrer de nouveau « prochainement ». Surtout, elle a affirmé que les deux leaders « ont réitéré le désir d’une participation et d’un leadership américains afin de faciliter les efforts visant à surmonter les obstacles, rallier un soutien régional et avancer vers la paix ». CQFD ! Ehud Olmert ne doit pas non plus être mécontent puisque rien n’a été décidé. C’est exactement ce qu’il voulait comme il l’avait déclaré devant la commission des affaires étrangères de la Knesset. En revanche, ce panier vide ne fait pas le bonheur de Mahmoud Abbas et des Palestiniens pour qui l’État palestinien semble comme un mirage : il disparaît lorsqu’on s’en approche.

 

 



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