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Cliquez ici pour voir les Loco Locass et Emmanuel Bilodeau interpréter la chanson des Géants.

 

 

 

Les géants


Paroles  et musique : Les Loco Locass
Lu lors du spectacle de la Fête Nationale, tenu à Montréal le 24 juin 2008, par le comédien Emmanuel Bilodeau et les Loco Locass


Par Emmanuel Bilodeau :
Nous sommes issus d’un sol immense, qui nous a tissés métissés
Rebus de brins de laine tressés très serrés
Sans couture au sein d’une ceinture fléchée
Comme quelque queue clinquante de comète effilochée
Et si l’on suit le fil de notre texte il
Mène à la sortie du labyrinthe de Pan
Qui nous éreinte depuis qu’ils ont mis nos torts dedans

Ils ont conquis nos territoires, pillé notre histoire et volé notre mémoire
Avec leurs thèses de fous, ils nous ont dit :

Par BIZ (du groupe Loco Locass) :
Taisez-vous !
Vous ne valez pas 10 sous
Vous n’êtes pas vous, vous êtes nous
Vous êtes dissous
Notre substrat vous subsume et la comparaison vous consume .
 

 

Par Emmanuel Bilodeau :
Faux ! Nous venons d’avant
Nous sommes antérieurs
Nous sommes des créateurs, pas des créatures, pas des caricatures
Notre maison n’a pas de cloisons
Mais 4 saisons
Acclimatés au climat
Et faisant fi du frimas
Nous avons parcouru par ses artères tout un continent titan
Notre espèce aspire à l’espace et son empreinte est partout
Tapie dans la toponymie
Gravée dans le granit, égrainée sur la grève
Arc-boutée dans les arches de nos dingues digues dignes de la muraille de Chine
Dans les champs essouchés sous la lune
Et les racines d’un hêtre qui ne peut plus plier

C’est une histoire riche qui n’est sur aucune affiche
Et qu’on a laissé en friche
Dans nos caboches, ce n’est que roches et fardoches
Cosmogonie à l’agonie
Dans le tome fantôme du grimoire d’une mémoire moisie
Sur nos épaules on porte pourtant le pack-sac d’un passé épatant
 

Par les membres de LOCO LOCASS et Emmanuel Bilodeau :
Mais allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés géants ?
 

Par Emmanuel Bilodeau :
Sitôt venus au nouveau monde
On a dompté les hivers et fabriqué de la terre
On avait la tête à la fête et le cœur au labeur
Opiniâtres, on a jamais laissé mourir le feu dans l’âtre

Par BIZ (du groupe Loco Locass) :
Car nous avons la tête à Papineau
 

Par Emmanuel Bilodeau :

La longue langue agile de Da Costa
 

Par BATLAM (du groupe Loco Locass) :

Le cœur-corsaire de d’Iberville
Qui envoie en nos veines
 

Par CHAFIIK (du groupe Loco Locass) :

Le pur-sang

TOUS

mêlé-mêlé

 

Par BIZ (du groupe Loco Locass) :

de Riel et des Premières nations
 

 

Par Emmanuel Bilodeau :

Nous avons l’aviron de Radisson,

Par BIZ (du groupe Loco Locass) :

la vigueur de la Vérendrye
 

Par BATLAM (du groupe Loco Locass) :

Les jarrets de Jolliet

Par Emmanuel Bilodeau :

et tous les talents de l’intendant Talon
En somme, nous sommes des surhommes uniques
Générés par le génie génétique de l’Europe et de l’Amérique
Inéluctablement, nous voguons vers le néant

 

Par les membres de LOCO LOCASS et Emmanuel Bilodeau :
Mais allons-nous mourir en nains quand nous sommes nés géants

Il faut qu’enfin notre épopée éclate

C’est sans équivoque, cette histoire est pleine et craque

Loco Locass la provoque de son verbe épique; les eaux sont crevées

Et tombent en trombes et forment une flaque, que dis-je, une flaque

C’est comme un lac à nos pieds

Le col se dilate

Le sol s’écarquille

Pour laisser monter un corps en forme d’ogive

C’est le chaos qui passsssssse, dans le chas d’une aiguille

C’est un cri qu’on pousse, un cœur qui pulse

Celui d’un peuple qu’on accueille ou qui frappe un écueil

Dans l’œil du cyclone, chaque seconde en vaut quatre

Nous rapproche d’un miracle

C’est un spectacle sans entracte

Mais gare à l’arrêt cardiaque

Entre la mort et la vie

L’arrivée d’un homme comme lors d’un référendum

Un peuple oscille entre le rien et tout ce qui brille

Et tout ce qui brille

Je pose des mots garrots gare au flot hémorragique

Ô ma rage gicle

Par toutes les pores de mon cœur spongieux

Sur ce long jeu conjure ma mortelle nature

Et nous disons que la parole est une sage femme

Qui tire des limbes, un monde à naître

Fort de cette maïeutique aux forceps

Le poète nomme enfin celui dont il voit poindre la tête

Québeeeeeeeeeeeec !
Québeeeeeeeeeeeec !
Québeeeeeeeeeeeec !
Québeeeeeeeeeeeec !

 



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