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Celle
qui est supposée surveiller l'autre, qui était lui-même chargé d'en
surveiller d'autres, tente de rester calme; on n'est jamais assez prudent !
Vous êtes-vous déjà demandé ce que font aujourd'hui les "Lucides", tels les Lucien Bouchard, Joseph Facal et Alain Dubuc ?
Joseph Facal conseille maintenant Pauline Marois; Alain Dubuc travaille encore pour Power Corp, tandis que Lucien Bouchard est toujours prêt à offrir ses services aux "bons" patrons qui auraient quand même des problèmes avec leurs employés. Mais ont-ils encore des projets en commun ? Il n'y a pas si longtemps encore, ils lançaient un appel solennel à tous les Québécois et les Québécoises pour qu'ils se serrent encore plus la ceinture, de manière à devenir plus tard moins pauvres ?... Mais auraient-ils des ambitions encore plus grandes pour l'avenir ?
Notre camarade Étienne Hallé s'est penché sur la question et nous offre aujourd'hui ce que pourrait être la prochaine étape de leur plan : s'en aller dans l'espace, aller là où aucun autre humain n'est encore allé -- pour reprendre une expression consacrée --, s'accaparer sur une échelle jamais vu encore plus de richesses pour tout simplement pouvoir ensuite toutes les dilapider, et tout cela, dans le plus grand respect de l'évangile néolibéral.
Voici donc le 3e épisode de cette vaste odyssée. À partir de maintenant, et à chaque semaine, nous reproduirons un nouvel épisode. N'en manquez pas un seul !
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Par Étienne Hallé
Le compte à rebours est commencé et dans quelques instants, bien arrimé à ses trois fusées de propulsion, le vaisseau spatial PPP McDonald va s’élever dans le ciel pour ensuite s’arracher à l’attraction terrestre et enfin entreprendre son voyage intersidéral.
Le commandant Bouchard fait une dernière vérification de sa prothèse. « Prothèse bien fixée! », dit-il. Il serait plutôt gênant pour le commandant, si sa jambe métallique se libérait, de tenter de l’attraper une fois en apesanteur. Un grand méritant comme lui se doit de garder le contrôle en toute circonstance. « Propulseur La presse prêt!», dit-le lieutenant Dubuc. « Propulseur Journal de Montréal / Journal de Québec prêt!», crie l’aumônier Facal. Puis, à son tour la lieutenant Elgrably confirme : « Propulseur réactionnaire principal Institut économique de Montréal Power corporation prêt au décollage! ».
De son poste, Facal peut apercevoir au loin un groupe de manifestants. « Pathétique », se dit-t-il. « Encore des pauvres utopistes complètement déconnectés de la réalité, sûrement des hérétiques marxistes qui croient encore à des balivernes telles que la solidarité ou d’autres idées toutes aussi ridicules. Le pire dans tout ça, c’est que depuis la fin du Moyen-Âge, on ne peut même plus les envoyer au bûcher... triste époque, mais enfin, il faut être de son temps... ». Dans un moment d’introspection intense, l’aumônier repense à sa jeunesse et se considère privilégié d’avoir toujours suivi les commandements du Saint Évangile du Capital. « C’est probablement lui qui m’a gardé loin de toutes ces idées perverses d’égalité lors de mes années d’études universitaires... ». Il repense à tous ces imbéciles qui ont lu des bouquins tels que Le droit à la paresse, « Pourquoi pas le droit au bonheur pour le citoyen ordinaire... », ronchonne-t-il.
Le lieutenant Dubuc, solidement fixé à son siège, pense à son ancienne vie et ressent de la honte. « Dire que j’ai déjà été de gauche », se dit-il en lui-même. « Comme Facal l’aumônier m’a dit : la tentation du diable est forte, lorsqu’on est jeune. Heureusement, lorsque j’étais à la dérive, le Capital est venu me récupérer. Et avec toutes les fois où je me suis confessé à Lui, et avec tous mes articles où je Lui rends hommage, je dois certainement être pardonné. Peut-être même suis-je un élu! » Rassuré par ses réflexions et un peu ému, la honte laisse place à un sentiment de fierté qui lui fait chaud au coeur.
La commissaire Elgrably repense aux directives qu’Hélène Desmarais, présidente du conseil de l’Institut économique de Montréal Power corporation, lui a données. Avoir Dubuc à l’œil, telle est en partie sa mission. « Car on ne sais jamais avec un ancien gauchiste à bord », lui avait-elle dit. « Peut être même fait-il partie d’un complot socialiste pour faire avorter la mission. La tentation du diable peut être forte, pour les gens trop cultivés. Ah, Nataly : vous et moi savons bien que le mieux pour être à l’abri de toutes ces folles idées demeure encore l’ignorance! ». La commissaire, dans un geste de nervosité tâtonne sous son siège et touche enfin sa revue Forbes et le Sept jours, édition spéciale sur le baptême du fils de Céline Dion, René Charles, qu’elle conserve précieusement : leur simple contact avec sa main suffit à l’apaiser.
(à suivre)
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Consultez les autres épisodes de notre grande saga sur l'Odyssée des Lucides