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Récemment, se tenait en Colombie un congrès très important du Pôle démocratique (Democratico Alternativo), un parti regroupant une bonne partie de toutes les forces de gauche dans ce pays.  Le PCQ y était, grâce à la présence d’un de ses membres, David Lanneville, lequel y avait invité comme plusieurs dizaines d’autres déléguéEs étrangers.  David Lanneville en a profité, lors d'un des séminaires qui eut lieu durant ce congrès et qui portait justement sur les expériences d'unité de la gauche, pour parler de l'expérience PCQ, de Québec Solidaire, ainsi que du processus d'unité de la gauche qui existe depuis maintenant près d’une dizaine d’années au Québec, et qui permettait enfin, il y a quelques mois seulement, à la gauche québécoise de faire son entrée pour la première fois à l'Assemblée nationale.

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Notre camarade, David Lanneville (à gauche complètement, sur la première rangée), avec d'autres  délégués au congrès du Pôle démocratique en Colombie.

Des déléguéEs des partis communistes du Brésil, d'Argentine, de France, de Chine, de la refonte communiste en Italie, des partis socialistes de France, d'Espagne, de Norvège, de même que de Suède, et de Catalogne, du Front sandiniste au Nicaragua, du mouvement « Libres del Sur » d'Argentine, du Parti des Travailleurs du Brésil, des gouvernements du Venezuela, d'Équateur, des Verts de la Catalogne, du Parti de Gauche de France, ainsi que des membres du Parti démocrate aux États-Unis, formaient une imposante délégation internationale au sein de laquelle le PCQ n’a pas manqué de tisser de nombreux liens.

« La situation du Québec, à ma grande surprise, attire beaucoup l'attention et la montée de la gauche en Amérique du Nord donne beaucoup d'espoir. C’était frappant.  Le représentant socialiste de Catalogne m'a d’ailleurs fait part du fait que son parti surveille beaucoup le Québec, car il le voit comme un exemple d'affirmation nationale pour la Catalogne » souligne notre camarade Lanneville. La récente percée de Québec Solidaire, ainsi que les rapports qu’entretient le PCQ avec QS, suscitait tout autant d’intérêt chez les déléguéEs.

Le Pôle démocratique regroupe toutes les tendances de la gauche, en Colombie, de certains groupes plus libéraux, aux communistes, en passant par les socialistes et même une frange maoïste. Cette unité de la gauche était et demeure toujours nécessaire face à la puissante machine de la droite, représentée, entre autres choses, par le leader d’extrême droite et très populiste Alvaro Uribe. La Colombie vit un conflit social et armé depuis plus de 60 ans et cela se reflète dans la politique interne des partis politiques de la Colombie. Le gouvernement Uribe n'hésite pas à qualifier tout ce qui s'oppose à ses politiques de n’être qu’une façade pour les groupes de guérilla, avec les conséquences que cela peut comporter: menaces, séquestrations, assassinats, mais aussi, salissage systématique des gens.

Le Pôle Démocratique n'échappe pas à ces attaques et doit conséquemment lutter sans cesse pour se distancer de l'image que tentent de lui attribuer le président et les médias, lesquels déforment systématiquement et avec aise la réalité à l'avantage de l'oligarchie au pouvoir. L’impact d’une telle situation fait en même temps en sorte de faire pression sur cette coalition pour qu’elle soit la plus modérée possible, beaucoup plus modérée, dans tous les cas, que la plupart des autres partis de gauche, dans le reste de l'Amérique Latine.  Ce Pôle démocratique demeure en même temps un des seuls espoirs pour se sortir du conflit actuel.

La situation politique actuelle devient de plus en plus intenable.  C’est un conflit qui implique bien plus que seulement des armes et de la drogue (dont la quasi-totalité est contrôlée, soit dit en passant, par les paramilitaires et des milices d'extrême droite qui appuient le gouvernement et qui assassinent, torturent, séquestrent et déplacent des paysans, des leaders syndicaux, politiques, étudiants, autochtones, etc.).  C’est un contexte très tendu, avec comme toile de fonds des problématiques sociales auxquelles le gouvernement n'a que le marché et les armes comme réponse.

Le Pôle Démocratique veut mettre en place un plan pour ramener la paix ainsi que des mesures sociales, un premier pas dans la résolution du conflit. Cependant, la dynamique d'un parti regroupant autant de tendances est tortueuse et il est parfois difficile de rallier tous ces gens autour d'un projet commun, en même temps que d'une stratégie commune afin de prendre le pouvoir.  Le deuxième congrès du Pôle démocratique, auquel notre camarade participa, ne faisait pas exception.

Ce congrès fut rempli d'action puisque deux tendances majeures s'y affrontaient : l’une de ces tendances, plus modérée, souhaitait faire des alliances stratégiques avec certaines forces plus à droite, des libéraux et des conservateurs, de manière, selon eux, à améliorer les chances de remporter les élections.  Ils appuyaient un sénateur appelé Gustavo Petro comme celui qui devait diriger les efforts pour les prochaines rondes électorales.  L’autre tendance refusait cette stratégie.  Cette dernière tendance considérait qu’une telle stratégie ne pourrait en fait que diluer tellement le programme du parti qu'il serait dès lors inutile de même prendre le pouvoir avec un gouvernement puisque celui-ci n'aurait alors plus rien à voir avec le Pôle Démocratique lui-même et le projet qu'il incarne. Cette deuxième tendance, incarnée par le président du parti, et à laquelle la gauche plus radicale, qui existe au sein du Pôle démocratique, adhérait, s'est finalement révélée être la plu majoritaire lors de l'élection au poste de président, mais tout cela a quand même fini par révéler une importante fracture, puisque le vote fut relativement divisé : soit 60% contre 40%.

« Dès que les résultats furent proclamés, le groupe qui appuyait Gustavo Petro est toute de suite sorti de la salle et l'a suivi jusque dans le stationnement. C'était quelque chose à voir : un congrès de quelques 1 500 délégués, et voir en même temps un parti se séparer de la sorte, si rapidement! », affirme David Lanneville. « Pendant que le sénateur Petro invitait pratiquement à la rupture, de l'autre côté, on criait « Unité, unité! » ».

La façon dont s'est déroulée le congrès démontre à quel point il peut parfois être difficile de faire l'unité de la gauche et comment les tendances plus radicales peuvent aussi parfois se heurter aux plus modérées. Québec Solidaire pourra-t-il échapper pour toujours et à chaque fois à ce type de division ? Chose certaine, on peut dire que l'unité de la gauche est plus jamais nécessaire dans un monde unipolaire comme celui qu’on connaît aujourd’hui. « J'ai vu plusieurs incidents dans ce congrès qui n'auraient jamais eu lieu à Québec Solidaire. Je disais aux gens du Pôle Démocratique qu'ils pourraient apprendre de la discipline de congrès de Québec Solidaire car celle-ci a un impact énorme sur l'unité d'un parti ; cela permet en même temps des débats plus sains, dans le respect de notre diversité. »

Préalablement à cette dernière étape dans la course à la chefferie du Pôle démocratique, plus de 400 000 personnes s’étaient, au préalable, exprimées.

 

 



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