www.pcq.qc.ca - Parti communiste du Québec (PCQ) Dernière mise à jour : |
***
L’appel du président Chavez à reconsidérer le statut des guérillas a soulevé
une vive polémique en Colombie. À vos yeux, quel en est le sens ?
Jaime Caycedo
: Il s’agit d’une proposition tout à fait envisageable. C’est un chemin qui
cherche, de mon point de vue, à normaliser les conditions en vue de trouver
une voie politique, comme solution au conflit interne colombien. Il ne
s’agit pas uniquement de faciliter les accords humanitaires qui peuvent se
réaliser sans ce type de reconnaissance.
Un traité de
paix ne peut naître que d’une discussion où il y a une reconnaissance des
identités différenciées, des objectifs recherchés par les uns et les autres.
On doit pouvoir aussi convenir d’un agenda commun pour développer un
dialogue de négociation.
Jusqu’à il y a sept ans, les gouvernements et l’État colombien
reconnaissaient les forces des guérillas comme des mouvements
politico-militaires. Ils reconnaissaient qu’il y avait un conflit auquel il
fallait trouver une solution via un dialogue. Ce virage, dont l’ex-président
Pastrana porte la responsabilité, a été pris sous les pressions du
militarisme et du paramilitarisme colombiens, alors que se mettait en place
la politique d’application du plan Colombie, une politique de belligérance
militaire et de contre-insurrection de la part des États-Unis.
Ce statut
impliquerait également un changement radical de la part des FARC quant à
leur stratégie de séquestration…
Jaime Caycedo
:
De fait. Pour ce qui nous concerne, nous condamnons fermement la
séquestration. Les mouvements insurgés doivent se soumettre aux conditions
minimales de « régulation » des conflits telles que préconisées par le droit
international afin de respecter la population civile. Sur ce point, le
gouvernement colombien a clairement manifesté qu’il n’existe pas, selon lui,
de neutralité. Le statut dit de « non-combattant » ne serait pas possible.
Pour cette raison, il fustige de manière permanente les défenseurs des
droits de l’homme, et les secteurs de l’opposition, sous prétexte que celui
qui n’appuie pas la posture officielle face à la guerre est forcément
partisan et auxiliaire de la guérilla. C’est aussi une infraction très nette
du droit international humanitaire.
Quelle
attitude devrait, selon vous, adopter la communauté internationale ?
Dès lors
comment revenir à une normalisation à même de pouvoir penser la
paix ?
Jaime Caycedo
: Il faut des changements dans la politique de l’État et du gouvernement,
une attitude différente des hauts commandements des forces militaires du
pays. Les États-Unis doivent également supprimer leur aide militaire à la
Colombie, qui ne prend pas seulement la forme de fonds. Le Pentagone protège
les oléoducs considérés comme stratégiques pour les États-Unis dans
l’administration des ressources énergétiques.
Il faut être
cohérent. Il se dit que Chavez s’immisce dans les affaires colombiennes,
mais le Venezuela n’apporte aucune aide militaire au pays et encore moins à
la guérilla. Nous avons besoin de créer des conditions internes et externes,
dans le cadre de la communauté internationale, pour avancer en direction
d’un changement de posture de l’État colombien. Pour que se produise
également un changement d’attitude des FARC et des autres mouvements
insurgés à même de faciliter leur reconnaissance politique nationale et
internationale.
Sujets reliés :
Cliquez ici pour obtenir
plus de détails sur les dessous ainsi que les possibles impacts de la
récente attaque menée par l'armée colombienne en territoire équatorien pour assassiner un des hauts dirigeants des
FARC-EP
"La justice finira bien par triompher"
-- Le commandant des FARC-EP, Raul Reyes, soit celui qui fut assassiné par
l'armée colombienne le 1er mars
Pour consulter le reste de notre dossier sur la Colombie